mon cœur s'affole pour ces sculptures
autant que ma tête pour ces peintures
et tout mon sang se fige :
égarée dans une forêt de statues,
je déambule entre des nus
qui me donnent le vertige.
mais j'aime l'appel du vide :
comment une silhouette si fluide
peut-elle rester de marbre ?
comment rester indifférente
quand des êtres immortels mais si vivants
m'encerclent comme des arbres ?
j'imagine déjà une blanche armée
où david serait au sommet
parcourant les terres d'un pas lourd,
car l'artiste leur a donné sa propre vie
tant la sculpture est une magie
qui éveille un sujet aveugle et sourd.
le musée bondé d'êtres de pierre
n'est pas pour moi un cimetière
mais plutôt une foule chatoyante :
que tu préfère converser avec les figures
ou bien avec le parent de la sculpture
je t'assure une éternelle bonne entente,
car le corps sera toujours meilleur orateur
que la voix d'un bruyant interlocuteur,
alors écoute ce que la pierre veut dire :
les courbures te content une histoire
enfouie dans les abysses de ta mémoire,
et l'art ne peut pas mentir.
média : julien de médicis par michel-ange
