le rire au coin de tes yeux
et la larme au creux de ta bouche
creusent des sillons périlleux
sur ton visage quand tu te coucheet les draps, mon chat, les draps
sont comme l'océan qui nous sépare
bien trop de plis qui me privent de tes bras
et maintenant c'est trop tardje suis capitaine d'un grand navire
et toi l'ondoyante sirène
au coin du lit d'un coup je chavire
et me fais dévorer par les murènesles draps sont imbibés de nous
on se noie chacune dedans
mon coude effleure ton genou
mon cœur heurte tes dentstes ongles explorent ma terre
mais tu n'es pas faite pour elle
tu n'es pas faite pour cet air
qui sur ta peau font sécher le selmes lèvres découvrent tes mers
tes larmes se dissolvent autour de toi
sur le continent je souffre de ces rivières
qui creusent ma terre et puis la noientet quand tu es là ma couronne tombe
tous s'affolent au gouvernail
et comme menacé par une bombe
l'équipage oublie ses glorieuses batailles ;qui piège l'autre, mon chaton ?
l'une pleure les mortes ballottées sur l'eau
et l'autre s'endort, bercée, sur le pont
rêvant des bras d'autres matelotscamarades, attachez moi donc au mât
privez moi de ses chants augustes
et si mes côtes s'en trouvent brisées par l'émoi
priez pour avoir choisi une corde robuste.