amicus, amice...

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s'il y a bien une chose que j'ai retenu
dans ces cours de latin dont j'étais mordue,
c'est la déclinaison du mot ami :

amicus, amice, amicum...
cogito ergo sum,
et autres sucreries pour l'esprit ;

amici, amico, amico...
dans ces enfers grammaticaux
une porte s'est ouverte,

et le consulat n'a qu'à bien se tenir
car nous avons ri d'un empire
en admirant ses poètes.

j'ai tant décliné ce petit nom
et tant changé de compagnons
qu'il en perd tout son sens :

je les divertis à l'image du troubadour,
je rassasie tous leurs manques d'amour
et je ne remarque pas même leur absence.

je visite les humains comme un fantôme
bien loin de l'œil du cyclone
et je m'en vais tout aussi vite ;

j'enchaîne les amitiés éphémères
car mon personnage lunaire
aux planètes n'est qu'un satellite.

ce mode de vie me convient bien assez,
mais je sais qu'il peut blesser
les âmes en quête de longues date ;

la multitude de visages que j'ai caressé
a creusé un profond fossé
entre mon amour et mes émotions plates.

en capitaine de ma propre nef
j'explore le monde de voyages brefs
car je veux tout savoir ;

dans l'archipel des amitiés caduques
éparpillé de mains et de nuques
j'ai vécu mille et une histoires.

à mes compagnons de passage

ad nauseamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant