composition et décomposition

93 19 10
                                    

la mort, sait-on jamais
est le plus noble des animaux :
elle est extinctrice de tout progrès,
et faucheuse de tout tableau.

le Styx en son lit d'or et de cendres
recueille les âmes en ses eaux ;
une main s'y tend pour les reprendre,
et s'y dissous sans un mot.

une lettre parcheminée se glisse
sous le portail de ma maison,
envoyée par Hadès jadis
de son auguste royaume de putréfaction :

memento mori

l'oeil brillant il cachait dans sa barbe
l'antidote à tout poison,
tous les caveaux macabres,
les maccabées en floraison,

les thrènes sublimes,
le dénouement du chagrin,
la dernière larme de l'universelle victime
et l'union de tous les anciens.

l'absolu roi m'a dit en son temps
que la vie n'est qu'un sursis,
qu'éphémères sont tous les printemps,
mais qu'éternelle sera la nuit.

alors de son souffle tendre,
il fait flétrir les plus belles fleurs
celles dont il ne peut que s'éprendre ;
il les déracine avec douceur,

et les pleure jusqu'à l'aurore ;
les chevilles emmêlées de ronces,
il les tâche de son ichor ;
dans l'humus ses pieds s'enfoncent.

lui qui a salué jadis les gladiateurs,
lui qui vit les peuples défaillir,
impuissant est son cœur ;
impitoyables sont les souvenirs.

souviens toi que tu vas mourir

ad nauseamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant