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Emily:


Je me réveille tôt ce matin, malgré la courte nuit que j'ai passée. J'ai dormi environ 3 ou 4 heures, ce qui est loin d'être suffisant pour le corps humain pour être en forme. 

Je décide de me lever, peut-être que certains d'entre eux sont levés à cette heure-ci. Je descends doucement les escaliers avant d'arriver dans le salon. Le bruit de la machine à café se fait alors entendre, je ne suis pas la seule à être debout.

Je marche petit pas par petit pas en direction de la cuisine. Mon regard croise alors celui de Jacob. Il me sourit doucement avant de me tendre sa tasse de café dans laquelle il n'a pas encore bu. Je chuchote un léger "merci" en m'asseyant sur l'une des chaises hautes.

"Jacob : Tu te lèves bien tôt, il n'est que 9h. Comment ça se fait?

Emily : J'ai pas réussi à dormir plus.

Jacob : Tu as une mine horrible petite soeur. Tu devrais te reposer sur le canapé.

Emily : J'y arriverais pas. Et toi? Pourquoi tu es déjà debout?

Jacob : J'ai été courir ce matin vers 7h30. J'avais besoin de me défouler un peu.

Emily : Tu as trouvé l'énergie de courir?

Jacob : Il faut croire."

J'avale une gorgée du café préparé par mon frère en fronçant légèrement les sourcils. Il n'a mis que très peu de lait dans le café, ce qui laisse le goût amer mais fort de la caféine prendre le dessus.

"Jacob : J'ai essayé de lui parler hier soir, il ne veut rien entendre.

Emily : Je suis désolée Jacob.

Jacob : Quoi? Mais qu'est-ce que tu racontes enfin?

Emily : Si je n'avais pas emménagé ici, rien de tout ça ne serait arrivé. J'ai ruiné votre colocation et votre amitié au passage.

Jacob : Tu dis n'importe quoi Em', c'est pas de ta faute.

Emily : Tu en est sûr? Tu sais tu peux me le dire.

Jacob : Arrête de te donner du tord, ça ne sert à rien. Puisque je te dis que c'est pas de ta faute, tu devrais me croire.

Emily : Ouais, tu as raison.

Jacob : Bien sûr que j'ai raison, je suis Super Grand Frère. Allez viens là."

Mon frère fait le tour de l'îlot avant de me prendre dans ses bras. J'en profite pour laisser ma tête retomber contre son épaule. Heureusement qu'il est toujours là et qu'il ne m'a pas fait une scène par rapport à Jayden, je crois que je n'aurai pas supporté me prendre la tête avec mon frère. Il est comme ma moitié, c'est celui qui a toujours été présent pour moi, peut importe e que ça impliquait.

"Jacob : Tu sais quoi, j'ai ramené des légumes du marché. Tu vas m'aider à les cuisiner pour ce midi, d'accord?

Emily : D'accord."

Je me lève de mon tabouret en hauteur et suis mon fraternel derrière l'îlot de la cuisine. J'attrape un grand couteau de la cuisine et commence à couper les tomates qu'il vient de laver.

Jayden s'en va ce soir. Je n'arrête pas d'y penser et cette boule dans mon ventre ne cesse de grandir au fil des minutes. Je n'ai pas envie de le voir partir mais je sais que le retenir ne servira à rien. J'ai mal, beaucoup trop mal à l'intérieur. J'ai l'impression que plus la journée va passer et plus mon coeur va se décomposer. 

Sûrement trop pensive, je ne fais pas assez attention à ce que je fais et je fais glisser le couteau sur le dos de ma main qui tient la tomate. Je cries aussi bien de douleur que de surprise. Je panique en voyant le sang commencer à couler petit à petit.

"Jacob : Putain Emily!"

Mon frère lâche son verre d'eau qui s'éclate au sol en mille morceau avant de prendre ma main dans la sienne. Evan et Conrad arrivent en courant de l'étage, les yeux encore à moitié ouverts. Jacob enroule une serviette autour de la plaie, sûrement pour empêcher le sang de trop couler.

"Evan : Je vais chercher la trousse de secours!"

Conrad accourt avant de positionner une chaise derrière moi sur laquelle je ne mets pas beaucoup de temps à m'asseoir. J'ai envie de pleurer mais aucune larme ne vient, comme si j'étais vide de toute émotion. J'aimerai lâcher toute cette pression par les pleurs mais je n'y arrive pas. Je reste là, le regard vide, fixant un point imaginaire.

"Evan : Tends ta main."

J'exécute ce que me dit Evan sans broncher. Il applique un peu de désinfectant sur le coton avant de tapoter légèrement sur la plaie à vif. Je grince des dents en rejetant la tête en arrière pour essayer de mieux faire passer la douleur. Il applique ensuite un premier bandage uniquement sur la plaie, puis un deuxième autour de main main gauche entière.

"Evan : Voilà, c'est terminé. 

Jacob : Fait attention la prochaine fois, tu m'as fait peur.

Emily : Désolé, je vous ai réveillés.

Evan : C'est rien princesse.

Conrad : Va te reposer devant la télé, je prends le relais à la cuisine."

Je lui souris gentiment avant de me lever pour me diriger vers le salon. J'avance tête baissée, c'est sûrement pour ça que je ne vois pas Jayden arriver et que je me cogne contre son torse. Ma main se retrouve appuyée contre lui, ce qui me fait lâcher un gémissement plaintif. Je n'ose même pas lever les yeux vers lui. Il me rattrape par le bras alors que je tentais d'aller vers le canapé. Sa main autour de mon poignet provoque un millier de frisson sur mon corps.

"Jacob : Tu as entendu?

Jayden : Le cri? Ouais. C'était toi?

Conrad : C'était elle.

Jayden : Qu'est-ce qu'il s'est passé?

Evan : Elle s'est coupée avec un couteau de cuisine."

Il attrape ma main pour l'inspecter rapidement. J'ai toujours les yeux rivés aux sol, la gorge nouée. C'est comme si j'étais face au diable et que je ne devais pas le regarder, au risque d'aller en enfer. Il finit par me lâcher en voyant un manque de réaction de ma part. Je me dirige dans le salon avant de m'affaler sur le canapé pour oublier ce moment gênant.

Je pense alors à Agnès. Ou est-ce qu'elle est en ce moment? Qu'est-ce qu'elle fait? Pourquoi m'a-telle dit "Je veux couper les ponts avec vous, c'est mieux pour tout le monde"? Est-ce que toutes les personnes lâches se sentent obligés de dire cette phrase. En fait, elle a la même réaction que Jayden. Quand ils ne peuvent pas affronter leurs problèmes, ils les fuient. C'est tellement plus facile. Au lieu de prendre le chemin qui mène au bonheur, ils décident d'emprunter des petits chemins, seuls de leur côté. Ils veulent y arriver seuls, soit.

Evan vient s'asseoir à côté de moi, un sourire faussement dessiné sur le visage. Je sais qu'il se force et je devrais lui dire d'arrêter de faire semblant. Il s'affale contre le dossier en me faisant signe d'approcher, ce que je fais bien évidemment. Je cale ma tête contre son torse en fermant les yeux. J'entends le bruit du couteau de cuisine contre la planche à découper en bois. Le son de l'eau qui tombe dans l'évier. Le faible rire des gens dans la série qui passe à la télévision. Et c'est sans m'en rendre compte que je tombe dans les bras de Morphée.

Drive me crazy of youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant