Chapitre VII

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LE RETOUR DANS MA CELLULE fut brutal. Il y faisait trop sombre, trop étouffant, et j'avais l'impression que le plafond était trop bas.

Cette journée hors du manoir avait à la fois été une libération et une condamnation. Désormais, le saule par la fenêtre n'était pas uniquement un rêve, un produit de mon imagination, mais un souvenir réel, presque tangible ; je sentais encore l'écorce sous la pulpe de mes doigts, les branches dans mes cheveux et l'air contre ma peau. Mais Rose avait été claire : mon temps était compté.

Je savais désormais ce qui m'attendait. Beatrice voulait devenir un dieu, et j'allais devoir l'aider. Je ne voulais pas l'aider. J'étais bien la seule d'ailleurs. Les favorites, alignées comme des trophées dans le fumoir, ne cessaient de me hanter. Visiblement, j'étais plus puissante qu'elles, Rose avait bien insisté sur ce point. Était-ce pour cela que Beatrice m'avait épargnée, qu'elle m'avait protégée ? La boîte n'avait jamais été une prison, mais un rempart contre l'Autre Monde.

Quelle était l'expérience finale de Beatrice ? Comment souhaitait-elle soumettre l'Autre Monde à sa volonté pour qu'il m'accorde son pouvoir ? J'étais capable de manipuler l'Autre Monde mais uniquement grâce à la boîte et Rose avait précisé qu'elle n'était qu'un obstacle. Je n'osais imaginer ce que Beatrice était prête à faire pour accomplir son œuvre. Mon esprit s'en chargea pour moi, conjurant des images horrifiques de sacrifices et de rituels sombres et tordus. Je me doutais qu'il n'existait pas de plus doux moyens pour y parvenir.

Et j'allais mourir dans tous les cas.

Si Beatrice échouait dans son expérience, je ne survivrai pas à son erreur.

En revanche, si Beatrice réussissait... Je mourrai à petit feu.

Ou je vivrai en m'enfuyant.

La perspective était alléchante. Ce que Rose avait dit... Si elle avait eu raison, c'était ma seule chance de survie. Il me faudrait réussir l'épreuve de Beatrice et trouver un moyen de monter dans le bateau du vieux Charlie.

Je n'avais pas le choix. Pour la première fois en six ans, j'avais eu l'impression de vivre. J'avais vu le soleil, l'océan et le saule. J'avais enlacé Rose et avait ressenti quelque chose.

Je ne voulais pas perdre ça. Pas maintenant. Je ne pouvais pas laisser Beatrice gagner.

Le bateau de Charlie était ma seule échappatoire. Il venait tous les jeudis.

On était le 21 septembre 1886. Un mardi.

Dans deux jours, je serai libre.

En attendant, il me fallait vivre.

      C'est un Animé qui vint me chercher

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C'est un Animé qui vint me chercher. Le soleil était haut dans le ciel et je n'avais pas dormi de la nuit. Je me levai cependant et le suivis docilement, frissonnant lorsque ma main effleura l'argile froide qui composait son corps.

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