WILLOW

Chapitre XXV

JE ME REDRESSAI EN SURSAUT, le cœur battant à tout rompre. Il y avait quelqu'un derrière la porte.

Il fallait être fou pour braver l'orage qui se préparait et venir se présenter à la porte d'Elizabeth. De qui s'agissait-il, alors ? De l'un des nombreux amis de la maîtresse de maison, un gentleman propre sur lui ou une épouse du beau monde ? Ou pire : d'un Frère, à la recherche des sorcières qui se cachaient ici ?

Je jetai un regard autour de moi, à la recherche de la moustache parfaite de Wilson. Le majordome n'était nulle part en vue. Il n'y avait que moi au rez-de-chaussée.

Un autre coup, plus fort que les autres, retentit, et je bondis sur mes pieds. Je m'empressai d'enfiler mes lunettes et m'approchai en catimini de la porte, bien décidée à découvrir à qui j'avais à faire. Je me dressai sur la pointe des pieds pour jeter un coup d'œil à travers le judas.

Un homme faisait face à la porte. Il était vêtu d'un costume trois-pièces et tenait son chapeau contre son torse. C'était un homme séduisant, je devais le reconnaître. Il avait des pommettes impressionnantes qui mettaient en valeur sa mâchoire carrée et ses lèvres charnues. Ses yeux, d'un bleu glacier, fixaient le judas, comme s'il savait qui se trouvait derrière.

Je reculai, reprenant mon souffle. Je ne l'avais jamais vu auparavant et, pourtant, je m'étais fait un devoir d'observer attentivement chaque invité d'Elizabeth, de définir lequel présenterait un potentiel danger pour mon secret, et lequel était inoffensif. Ils étaient tous passionnés de cette science qu'ils appelaient affectueusement « la science alternative ».

La magie.

Mais cet homme de l'autre côté du judas n'avait jamais mis les pieds dans cette maison ces deux dernières semaines.

Que voulait-il ? Elizabeth l'attendait-il ? Non, bien sûr que non ; j'aurais été averti, si cela avait été le cas. Alors que devais-je faire ?

Ma main effleura la poignée de la porte. J'allais juste ouvrir la porte, lui demander ce qu'il voulait, puis appeler Wilson. Avec mes lunettes, mon pantalon noir et ma chemise blanche, je ressemblais à n'importe quel domestique.

Cela ferait l'affaire.

Je tournai la poignée et ouvris la porte, juste assez pour examiner l'inconnu. Il était plus grand que je me l'étais imaginé.

– Bonsoir, dis-je. Que puis-je faire pour vous ?

Il s'inclina légèrement et déclara d'une voix chaude et teinté d'un accent que je ne connaissais pas :

– Bonsoir, mademoiselle. Je suis venu voir Lady Elizabeth Trenton. Nous devons discuter d'un sujet important.

– J'ai bien peur de ne pas avoir été mise au courant de votre arrivée, monsieur, m'excusai-je. Je ne pense pas que Lady Trenton ne vous attende.

– Laisse, Ruby.

Je fis volte-face. Elizabeth se tenait dans mon dos, élégamment vêtue.

– Foster est un ami proche, poursuivit-elle. Il a fait longue route pour me rendre visite, ne le laissons pas sous la pluie.

J'ouvris sans un mot la porte et l'inconnu – Foster – pénétra dans le hall d'entrée. Il se débarrassa de son manteau trempé et je l'accrochai à une patère.

– C'est toujours un plaisir de vous revoir, fit-il en saisissant la main d'Elizabeth.

Il la porta à ses lèvres, ce qui tira un sourire de la part d'Elizabeth.