Chapitre 5

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Chapitre 5.

Thor poussa son frère les pieds devants. À mi-chemin, les genoux de Loki flanchèrent et Thor peina à le retenir.

— Qu'est-ce que tu as ? Tu essaies encore de te jouer de moi ?

Le Jotun serra les dents.

— J'aurais adoré, crois-moi.

Ça le faisait royalement chier, mais ses jambes ne voulaient plus le porter. Foutu lien ! Foutue consommation !

— Je dois être idiot de te croire. Tu me l'as déjà fait remarquer bien des fois, mon frère. À force de crier aux loups, on finit par ne plus être secouru !

— Mais je ne suis pas en train de me moquer, alors aide-moi : je ne vais pas rester effondré au beau milieu du couloir à ramper jusqu'à la chambre : même si tu aimerais bien !

Chaque mot lui avait coûté et lui avait brûlé la gorge en sortant. Demander de l'aide à son aîné était tout ce qu'il existait de plus dégradant à ses yeux.

Thor était trop gentil de temps à autres, mais il agissait parfois aussi en véritable connard et, pour le coup, il n'allait pas laisser Loki s'en sortir aussi facilement.

— Qu'est-ce que je gagnerais en échange ?

Loki roula les yeux.

— Tu fais chier !

— Je te retourne le compliment, mon frère.

Il grimaça.

— Très bien, qu'est-ce qui ferait plaisir au prince des princes, à l'ô grand Thor ? demanda-t-il en papillonnant des cils, sarcastique.

— Premièrement, tu dois arrêter de t'opposer systématiquement à toutes mes propositions.

Le Jotun sentit sa gorge s'assécher aussi brutalement que s'il avait avalé une poignée de sable. « Premièrement » ? C'était quoi cette mauvaise blague ? Son frère avait plusieurs conditions ?!

— Deuxièmement, tu dois te montrer plus obéissant.

Si seulement il avait eu ses pouvoirs : il aurait pu disparaître.

— Et troisièmement, tu dois faire preuve de plus de respect envers moi-même, nos parents, les membres de la cour et tous les Asgardiens.

Au moins, il pouvait toujours se montrer irrespectueux avec les humains... Mince compensation.

— Tu es déloyale, grommela-t-il.

Thor lui offrit un sourire éblouissant.

— J'ai appris du meilleur.

Le cadet eut envie de se fracasser la tête contre le sol. Il prit le temps de déglutit, puis il tourna la tête vers son frère.

— Très bien, je serais un très gentil, adorable et serviable esclave, promit-il avec le sourire le plus hypocrite au monde.

Thor savait qu'il se moquait et qu'il n'y avait pas plus faux que lui, mais son frère décida de ne pas pousser sa chance plus loin. Il passa ses bras sous les épaules de Loki, puis le redressa.

— Tes jambes sont-elles trop faibles pour marcher en t'appuyant sur moi ? s'enquit le blond.

— Non, ça devrait aller.

Loki était têtu. Ils recommencèrent à avancer, mais chaque pas était une torture pour le Jotun. Ses jambes tremblaient et ses chevilles menaçaient de se casser : il devait se mordre la lèvre inférieure pour s'empêcher de gémir de douleur. Habituellement, piler sur sa fierté pour atteindre un but était quelque chose qu'il supportait plutôt bien, mais là... face à son frère, c'était différent.

Après quelques mètres, Thor s'arrêta brutalement et Loki manqua de retourner au sol.

— Qu'est-ce que... –

— Ça ne va pas du tout. Tu fais le fier, mais tu as de la difficulté à aligner deux pas : à ce rythme, nous n'arriverons jamais à la chambre !

— Et qu'es-tu en train de proposer exactement ?

Il était méfiant. Et avec raison.

Soudainement, Loki sentit ses pieds quitter le sol. Sans prendre le temps de lui répondre, Thor l'avait soulevé de terre et balancé sur son épaule comme un vulgaire sac à patates.

— Thor ! s'exclama-t-il avec énervement.

Poings fermés, il frappa le dos du Dieu du Tonnerre sans que la montagne ne muscles n'oscille d'un millimètre.

— Reste tranquille, mon frère, tu ne voudrais pas que je t'échappe par inadvertance, ce serait malencontreux.

Frustré, Loki se força à garder son calme. Il serait déplorable que Thor l'échappe « sans l'avoir fait exprès » et qu'il se retrouve de nouveau à ramper par terre. Mais il continua de bouder. Si le blond pensait qu'il allait se résigner et se mettre à apprécier d'être promené comme un impotent : il se mettait le doigt dans l'œil !

Les liens du sang [Thorki]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant