Les liens du sang [Thorki]

Chapitre 10

Chapitre 10.

Thor, de son côté, avait pris le temps de se calmer et de réfléchir. Quelques heures après avoir été reconduire Loki dans les cachots, il y redescendit pour aller lui rendre visite, poussant devant lui un charriot à roulettes.

Quand il arriva, son frère était étendu sur le matelas, fixant le vide et le blanc du plafond. Dans sa main, il avait un petit bout de métal, ressemblant à un boulon qu'il aurait pu prendre de la chaise, qui le divertissait. En l'entendant, il tourna à peine la tête.

— Je t'ai amené des livres pour passer la nuit ou t'aider à t'endormir, l'avertit Thor en prenant les ouvrages posés dans le chariot.

Il y avait une petite trappe sur le bord de la cellule qui permettait d'acheminer au prisonnier la nourriture ou tout autre chose, c'est par là qu'il fit passer les bouquins un à un. Loki les regarda à peine. Il jouait l'indifférent, continuant de jouer distraitement avec la pièce métallique entre ses doigts.

— J'ai pris ceux que tu avais choisi à la bibliothèque. J'espère que ça t'occupera.

Loki s'emmurait dans son silence. Thor demeura quelques minutes devant la cellule, observant son frère sans trouver les mots justes.

— Loki..., se contenta-t-il de murmurer.

Pas de réponse. Le Dieu scandinave se mordit la lèvre.

— Je t'aime, mon frère.

Le cadet tourna un tout petit peu la tête, mais il ne regarda pas Thor dans les yeux parce qu'il ne voulait pas que son frangin voit l'expression de son visage. Sa lèvre tremblait.

L'Asgardien soupira.

— Tu vas m'ignorer encore longtemps ?

Cette dernière phrase eut au moins la faculté de faire réagir Loki. Cette fois, le Jotun regarda son frère.

— Tu vas me garder enfermé encore longtemps ? répondit-il du tact au tact.

Autant était-il heurté par la réponse de l'homme, autant Thor était soulagé : il avait l'impression de retrouver son frère, le vrai Loki, sarcastique et mordant.

— Es-tu près à rester à mes côtés sans me fausser compagnie ?

— Et assumer mon statut d'esclave ? grimaça Loki sans joie.

— Cela fait longtemps que tu n'es plus un homme libre, mon frère.

Depuis sa première trahison, Loki avait eu le statu d'un criminel traqué à qui on n'accorderait jamais une liberté totale. La puissance du sorcier était trop dangereuse.

— Ce n'est pas pour autant que j'accepterai d'être ton esclave et de te suivre partout comme un petit toutou de poche !

— Je ne te demande rien de tel.

Le Jotun était suspicieux. Il sentait la douille venir à des kilomètres...

— Alors quoi ?

— Ouvre les yeux, Loki. J'ai accepté de me lier à toi, j'ai sacrifié un potentiel mariage – avec Jane ou une autre – et j'ai fait une croix sur ma vie amoureuse avec quiconque qui ne serait pas toi ! Je veux seulement vivre paisiblement avec mon frère comme compagnon, à mes côtés. Un jour, je monterai sur le trône à la place de notre père et je te veux avec moi à ce moment-là.

Une lueur d'hésitation traversa les prunelles du prisonnier.

— Pourquoi devrais-je te croire ?

— Parce que tu es celui à mentir.

Thor marquait un point. Loki fut incapable de s'empêcher de sourire à cette vérité énoncée par son frère. Il jeta le bout de métal au loin dans sa cellule.

Le Dieu du Tonnerre sourit en retour. Il ne pouvait pas s'empêcher de penser que son frangin avait l'air bien plus jeune quand il souriait, son visage prenait alors une expression quelque peu naïve et innocente, des mots qui n'avaient pourtant rien à voir avec la personnalité du sorcier aujourd'hui, mais qui aurait pu convenir à celui qu'il avait été enfant, déjà malicieux à l'époque.

— Tu me connais trop bien.

Personne ne pouvait dompter Loki. Or, si on arrivait à bien le connaître, il était toujours possible de l'amadouer. Cela prendrait du temps, mais Thor était certain de parvenir à rétablir la relation de confiance entre son frère et lui qu'ils avaient déjà eue, plus jeunes, avant que Loki ne se perde.

— J'ai l'impression que c'est la seule manière de t'atteindre. Je te connais, mon frère, depuis qu'on est gamins. Je sais que tu n'es pas un monstre et si tu acceptes de marcher à mes côtés, je montrerai aux Asgardiens que tu n'es pas celui dont ils ont appris à se méfier. Tu es un homme bon, mon frère. Je le sais. Je l'ai toujours su.

Au fond de lui, Loki cherchait l'acceptation de ses pairs, un moyen de recommencer à neuf et de trouver sa place dans un monde qui ne semblait pas lui convenir. Quand il avait appris qu'il était un Jotun, quand il avait appris à propos de son adoption, il avait compris pourquoi il ne s'était jamais vraiment senti chez-lui chez les Asgardiens. Tout était devenu plus clair. Pourtant, aujourd'hui, Thor lui offrait une place à ses côtés, sans faux-semblants, il promettait de l'accepter tel qu'il était. Loki était tenté de céder ses défenses et d'accepter de rêver à un futur qui ne serait pas sombre. Le Dieu du Tonnerre comprenait ses besoins mieux que personne ne l'avait jamais fait.

Loki soupira, décidant d'abandonner le combat.

— Fais-moi sortir d'ici..., se contenta-t-il de dire à voix basse.