Les liens du sang [Thorki]

Chapitre 14

Chapitre 14.

Loki avait retrouvé ses menottes, perdu l'utilisation de ses pouvoirs à nouveau et il avait dû supplier Thor pour que son frère ne lui remette pas aussi la muselière. Maintenant, il faisait la gueule, mais Thor ne voulait rien entendre de ses excuses mielleuses.

— Te brimer est la seule façon que j'ai trouvé de te garder en vie et de te protéger de toi-même, mon frère, lui avait répété le Dieu du Tonnerre à quelques reprises. Il y a certaines personnes auxquelles la liberté ne convient pas...

Le blond s'était montré plutôt fermé et froid pendant toute la journée. Loki avait souvent souhaité que son frère ferme sa grand gueule, mais maintenant... il trouvait l'attitude de son frangin inhabituelle et pesante. Il n'était pas coutume de voir Thor aussi introvertie et glacial. Il était plutôt normal de voir l'inverse, entre les deux frères.

Loki s'était retrouvé assis sur le bord de la fenêtre, un livre entre les mains, soulevant parfois discrètement le regard pour zieuter ce que fabriquait son aîné. Hier, il l'avait vraiment énervé... Quand il y repensait, il se rendait effectivement compte que, même s'il avait tenté le tout pour le tout, ça avait été stupide et irréfléchie de sa part. Il avait vu une opportunité, il l'avait saisie. Mais il aurait dû réfléchir davantage aux risques encourus avant toute chose.

Le Jotun n'osait pas élever la voix pour dire quelque chose. À défaut, il restait le nez bloqué dans son roman.

C'est finalement Thor qui brisa le silence. Une servante venait de frapper à la porte pour les prévenir que le dîner était servi.

— Loki, appela le Dieu Nordique de sa voix grave, il faut aller manger.

Sans faire d'histoire, il déposa le livre de côté et se leva pour suivre son aîné à l'extérieur de la chambre. Arpentant les couloirs du palais en silence, il fit de son mieux pour camoufler les menottes aux regards indiscrets : il en avait honte.

Pendant un instant, il avait espéré manger seul avec Thor, mais arrivés dans la grande salle à manger, il lui apparut bien vite qu'il devrait partager son repas avec Odin et Frigga. Les deux frères prirent place côte à côte, face à leurs parents autour de la longue table.

Frigga leur offrit un sourire bienveillant :

— Alors, comment les choses se passent-elles, les garçons ?

Loki eut un rictus et il fit la moue.

— Si mon frère n'avait pas toujours des idées d'évasion derrière la tête, les choses seraient plus faciles, répondit le plus âgé.

Le Jotun eut un rire amer qu'il fut incapable de retenir.

— Si je tente la fuite, il y a peut-être bien une raison... laissa-t-il planer.

Il n'avait toujours pas digéré le viol dont il avait fait l'objet ni l'obligation de devoir reporter les menottes et d'être ainsi privé de ses pouvoirs.

Odin frappa son poing sur la table.

— Je savais qu'il tenterait de s'enfuir ! Quelles absurdités te passent encore par la tête, mon fils ?! Tiens-tu donc à me faire revenir sur ma décision ?

Loki se contenta de détourner la tête. Au même moment, des servants apportèrent le repas. Le plus jeune fit de son mieux pour manger avec classe sans se salir malgré les menottes qui lui compliquaient la tâche. Il avait horreur des mauvaises manières.

— Ne vous inquiétez pas, père, mentionna Thor, je sais comment gérer mon frère. Il ne représente aucun danger. Vous n'aurez pas à revenir sur votre décision.

Loki se mordit la langue très fort pour ne rien répliquer.

— Je l'espère, répliqua-t-il sur un ton bourru.

— Il a besoin d'encadrement, c'est tout, dit Frigga de sa voix douce pour apaiser les tensions.

— Et de solides chaînes, surtout ! émit le roi Asgardien.

Dans sa voix et dans ses propos transparaissait toute la déception qu'il avait pour son fils cadet adoptif et ses agissements :

—  Tout le monde s'est toujours bien occupé de toi et t'a choyé, enfant. Et quand j'accepte de t'épargner malgré tous tes crimes, tu oses encore le diable ! Quand apprendras-tu ? Quelle partie de ton éducation ai-je ratée, Loki ?

— Sans doute la partie « Thor est mon préféré », ne put s'empêcher de répondre le Jotun.

— Nous n'avons jamais eu de préféré..., murmura Frigga. Tu as monté cette histoire tout seul, dans ta tête. Tu es mon fils, Loki, il n'en sera jamais autrement. Ne suis-je pas ta mère ?

Le cadet se tût et baissa la tête. S'il y avait bien une personne qu'il estimait sur cette Terre, c'était bien Frigga.

— Thor est le plus âgé, il est normal que le trône lui revienne suivant la hiérarchie, rajouta Odin, ça n'a jamais été une question de préférence. Tes origines n'ont jamais rien eu à voir là-dedans.

Le Dieu du Tonnerre posa une main sur sa cuisse. Son contact sembla le brûler jusque sous les vêtements.

— Tu vois ? Tu t'es imaginé chacun de ces scénarios, mon frère, je ne t'ai jamais considéré comme m'étant inférieur, nos parents non plus. J'ai toujours vu en toi le petit-frère que j'avais toujours souhaité. Tu es mon égal et je n'ai cesse de te le répéter.

Loki sentit son estomac se serrer. Il n'avait même plus faim. C'était trop d'émotions d'un seul coup.

— Comment..., murmura-t-il.

Il ne comprenait pas comment son frère pouvait toujours l'estimer après tout ce qu'il avait fait... toutes les bagarres qu'ils avaient eues, toute ses trahisons.

— Comment quoi ?

— Après tout... tout ce qui a été fait...

— Parce que je peux encore voir la lumière en toi et que je refuse d'accepter le fait que j'ai perdu mon frère. Je sais qu'il reste du bon en toi, Loki, je l'ai souvent vu.

Même lui n'en était pas certain. Thor croyait plus en lui qu'il ne le faisait.