Elle rentra quelque temps plus tard chez elle.
Depuis qu'ils avaient emménagés dans ce nouvel appartement, Clémence ne c'était jamais sentit aussi seule. Même quand Peter partait à l'aérodrome, elle ne ressentait pas cette solitude car elle savait le revoir dans la soirée, dormir auprès de lui. Même la soirée d'hier n'avait pas parut si terrible. A présent un poids pesait sur ses frêles épaules. Il y avait deux meurtres similaire et aucun alibis pour Peter, la voix de Clémence n'étant pas suffisante. On avait même manqué de l'enfermer elle aussi pour "plus de sécurité". Elle referma la porte à clef derrière elle et si adossa en observant le salon. Elle jeta un regard à la fenêtre de Peter en soupirant. Elle revit les regards que le vieux couple Grant de l'étage d'en dessous lui avait jeté quand elle était rentrée. L'homme avait murmuré, dans sa barbe hirsute, qu'elle ferait mieux d'aller retrouver son frère ou quelconque homme qui maintiendrait son statut de femme respectable. Clémence leva les yeux au ciel en repensant à cela. Elle n'avait que faire de passer pour une "femme respectable" ou non. Elle retira sa veste à fourrure brune et l'accrocha au porte manteau qui lui tendait ses bras enroulés.
Le reste de l'après-midi se passa bien trop longuement à son gout. Elle avait négligemment lâchée ses cheveux châtain dans son dos. Elle ne faisait que des allers et venues entre le bureau et le salon. L'enquête était au point mort. Elle se prit à rester prostrée contre le mur du salon, à observer la porte, comme si elle s'apprêtait à voir Peter y surgir. Finalement elle tira le fauteuil de cuir de son mari sous la fenêtre de l'appartement et observa les passants.
"Tient, le couple Lebourg va au restaurant, pendant ce temps la gouvernante revends les colliers. Magnifique robe prune au passage". Elle but un peu de tisane. "Alors, le jeune marin est attiré par... ah. Le fils des banquiers Smith. Pourquoi pas. C'est bête, le père va le marier à la pauvre Éléonor". Tassant le coussin de plume dans son dos elle entendit le vrombissement d'un moteur. Se penchant doucement en avant elle vit une limousine rouge et noir s'arrêter devant la boulangerie. Voilà qui semblait, enfin, intéressant pour elle. "Peugeot type 105. Peu de trace de boue malgré le temps pluvieux donc habitat proche. Richesse du chauffeur. Richesse du passager. Le Duc Philippe." L'homme sortit justement. Il avait une quarantaine d'année. Son visage était beau mais coupant. De sa tempe gauche à sa joue, passant par son regard fermé, s'étendait la douloureuse cicatrice d'un incendie. Il ne portait pas son costumes militaire mais un élégant trois pièce noir, complété d'un manteau de la nouvelle mode anglaise et de gants blancs. Le regard de Clémence resta, quelques instants insouciants, à observer ces gants. Ils paraissaient si fins comme si à la moindre poignée de main ils allaient se déchirer et se rependre en lambeau fumant. Elle arrêta sa contemplation en voyant une jeune femme sortir prestement de la boulangerie. "Aaah ! Voilà la raison de votre venue, Duc." La jeune femme était Erin Eney, Clémence se rappela qu'elle avait vue les commandes pour leur mariage chez Jeanne Bénard. Erin portait un chignon grecque simplifié mais visiblement cela n'était pas habituelle car elle ne cessait de vérifier les épingles qui le maintenait. Erin n'était pas particulièrement belle. Elle ne correspondait pas aux codes de la mode. Son nez était retroussé, ses joues comportaient de nombreuses tâches de rousseurs, elle avait des cheveux auburn et "des tics nerveux récurrents au niveau de la main droite". Le Duc posa sa main sur celle tremblante de la jeune femme, elle rougit doucement. Clémence vit qu'il adorait l'effet qu'il fessait sur Erin et l'invita à monter dans sa voiture. Elle refusa, confuse, désignant la boulangerie. Il lui chuchota quelque chose et ils eurent un délicieux sourire complice. Ils se saluèrent et il remonta dans sa voiture, elle, retourna à son travaille. Clémence sourit à son tour puis détourna son regard. "Allons plutôt trouver un livre, Madame Oswald."
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Clémence Oswald
Mystery / ThrillerSherlock Holmes est mort depuis des dizaines d'années, pourtant, dans la France de 1910, Clémence Oswald possède les mêmes aptitudes à la déduction. Alors quand son mari est accusé de meurtre Clémence ne peut refouler ses dons pour tenter le désincu...