Alors qu'Yselda et ses amis croupissaient dans les cachots du navire, le jeune Amaury était forcé de passer la serpillière sur le pont, sous le regard sombre du capitaine, son cigare au coin des lèvres. Il observait l'enfant s'affairer tant bien que mal, bousculé parfois par les matelots qui ne faisaient pas attention à un petit bonhomme pareil. Le capitaine retira son cigare de sa bouche et siffla ce qui attira l'attention du garçonnet. Le marin lui fit signe de s'approcher, ce qu'Amaury fit, sa serpillière à la main, d'un pas lent et inquiet. Ses petits yeux noisettes brillaient au clair de lune, des petites billes bien expressives.
— Quel âge tu as gamin ? demanda le capitaine en remettant son cigare dans sa bouche.
— J'ai huit ans.
— Tu fais plus vieux, tu le sais ça ?
Amaury se contenta de hausser les épaules.
— Où est-ce qu'il est ton père ?
— Je n'ai pas de père.
Amaury s'appuyait sur le manche de la serpillière, le bateau tanguait, l'empêchant de rester debout. Heureusement pour lui, il n'avait pas le mal de mer mais plus le temps passait, plus les nausées commençaient à se faire sentir. Le capitaine du navire pouffa de rire, assis sur sa vieille chaise en bois.
— Tout homme a un père. C'est qui ta mère, une putain ?
Ivène ne lui avait jamais parlé de son père et Amaury ne s'en était jamais posé la question. Il avait grandi dans un bordel, mais pour lui, cela avait toujours été sa maison et les femmes s'occupaient parfaitement de lui, elles le chérissaient comme s'il était l'enfant de toutes.
— Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il.
Le capitaine haussa les sourcils, il jeta un regard à quelques uns de ses camarades, ceux-ci riaient et se moquaient de l'enfant.
— Une fois à terre, je pourrais te montrer si tu veux.
— Mais ma mère ?
— T'en fais pas pour elle, on s'occupera d'elle.
***
Plus loin, dans les cachots, Ivène s'était endormie en boule dans la poussière alors qu'Yselda suivait Archibald des yeux. Ce dernier faisait les cents pas devant elle depuis une heure déjà, tout en marmonnant des choses incompréhensibles, les mains sur les hanches.
— Tu veux bien arrêter ça ? grommela Yselda.
Archibald s'arrêta et se tourna vers elle.
— Je cherche le moyen de quitter ce taudis.
— Oui, mais on ne peut pas pour le moment.
— C'est vrai que rester assis à attendre nous aidera à récupérer l'enfant d'Ivène !
— Tu vas la défendre maintenant ? C'est parce-que tu as été lui rendre visite que tu dis ça ? Tu te sens soudainement plus proche d'elle ?
Archibald haussa les sourcils et la dévisagea. Il laissa pendre ses bras le long de son corps et se rapprocha d'elle alors Yselda se releva pour lui faire face. Elle n'aimait pas se sentir inférieure, si quelqu'un semblait la défier ou la menacer, elle se devait de se montrer forte.
Elle haïssait Ivène, non pas par jalousie mais à cause de tout ce qu'elle avait engendré autour d'elle en jouant avec les hommes. Elle peinait aujourd'hui à la contenir.— L'intrépide Yselda serait-elle jalouse ? Cette femme qui ne montre aucun sentiment.
— Je dis seulement ce que je pense, Nicolas a presque laissé sa vie par sa faute.
VOUS LISEZ
Le Maître des Dragons : La Vallée Oubliée
FantasiaLe monde a souffert, des villages entiers ont été détruit sous le règne du roi Djafar. Dorénavant mort, Nathaniel a pris le pouvoir et compte bien le garder tout en veillant à la sécurité du Royaume d'Ador. Depuis les drames liés aux dragons quelque...