Yselda

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  Yselda était assise contre un mur qui s'effritait, les jambes contre sa poitrine et le menton sur ses genoux. Ses bras entouraient ses jambes, son regard restait dans le vague et de petites larmes discrètes coulaient sur ses joues. Hugon s'était endormi et Archibald n'arrêtait pas de faire trembler la porte de sa cage. Le bruit métallique de celle-ci résonnait depuis dix bonnes minutes maintenant. Il poussait des jurons, hurlait qu'il se vengerait et suppliait qu'on le sorte de là. Ses propres étaient tous paradoxales.

Il donna un coup de pied dans la porte et appuya ses deux mains contre un mur, la tête baissée.

— J'en peux plus d'être enfermé comme un animal à chaque fois ! J'en ai ma claque ! Nathaniel est notre ami et il nous traite comme de parfaits inconnus !

Yselda ne broncha pas, elle le regardait juste tourner en rond, s'emmêler les cheveux et gronder encore et encore. L'endroit était poussiéreux, éclairé par la simple lueur de quelques bougies et de petites fenêtres haut dans les murs, leur laissant deviner quelle heure il était.

— Nathaniel agit comme un roi, rétorqua Yselda. Comme un roi corrompu.

Archibald se tourna vers elle, ses yeux étaient grands ouverts dans l'obscurité, son visage couvert de crasse.

— Oui, exactement comme son père !

Yselda leva les yeux au ciel. Elle se souvenait parfaitement de Djafar, elle l'avait détesté et l'avait vu tuer Nicolas. Du moins, elle avait cru le voir le tuer. Djafar s'était raté ou alors, Nicolas était un miraculé. Cette scène restait néanmoins gravé dans sa tête.

— Le vrai ennemi dans cette histoire, c'est Theobald. Il a une emprise sur Nathaniel, il a la même emprise sur ces trous de cul de pirates. Il est mauvais, il a su le cacher jusqu'à la mort de Djafar. Il est très intelligent. J'ai juste l'impression qu'il en sait trop, comme si quelqu'un d'autre tirait les ficelles.

— Qui ce pourrait être...

— Une personne qui déteste Nicolas et les dragons.

Archibald se calma finalement et se laissa glisser contre le mur de sa cellule tout en soupirant. Il colla sa tête contre celui-ci et regardait le plafond sans un mot. Yselda ne regrettait pas d'avoir tenté de le tuer, elle lui en voulait tellement, néanmoins elle avait d'autres chats à fouetter à ce jour. 

Les portes s'ouvrirent brusquement, du haut des escaliers la lumière du jour illumina l'endroit lugubre dans lequel ils se trouvaient. Hugon se réveilla lentement et se releva, des soldats descendirent, accompagnés de Nathaniel. Yselda et Archibald se levèrent en même temps. Nathaniel observa d'abord Hugon, puis Archibald et termina par Yselda qui se trouvait au milieu.

Il se souvint des paroles de Theobald et imagina le temps de quelques secondes le calvaire qu'elle avait dû endurer. Cette idée lui tordit l'estomac. Aucune femme ne méritait un tel châtiment. Mieux valait mourir.

— Pitié... souffla-t-elle avant qu'il ne parle. Tu nous connais, ne nous laisse pas pourrir ici. Ne nous banni pas. Nous sommes tes amis avant d'être tes ennemis.

Nathaniel releva le menton et la considéra dans un silence insoutenable.

— J'y ai songé, commença-t-il. Votre trahison à tous les deux m'a blessé car j'avais foi en vous. Comment puis-je instaurer le respect si par derrière, on déroge les règles évidentes que j'ai mis en place ?

— En aucun cas notre choix était pour te nuire, déclara Archibald.

— Certes, mais vous l'avez fait, vous avez trahi ma confiance.

Le Maître des Dragons : La Vallée OubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant