Les ruines d'Hargon

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Les doigts entrelacés, la main collée à celle de l'autre, Yselda et Nicolas étaient allongés l'un à côté de l'autre, totalement nus, le bas de leur corps couvert par les draps. La main de Nicolas était brûlante, une chaleur à laquelle Yselda s'habituait et appréciait même. Elle lâcha sa main, se redressa et se retrouva à califourchon sur lui. Nicolas la regarda droit dans les yeux, bien que la vue de son corps nu n'était pas déplaisant. Elle avait de multiples hématomes dont quelques cicatrices de guerre mais ce n'était rien comparé au torse de Nicolas. Toute la partie droite avait été brûlée, à présent sa peau restait marquée, sans oublier la cicatrice qui venait se mêler à celles de son cou, cette cicatrice circulaire, démontrant qu'on avait tenté de lui trancher la gorge. Parmi les brûlures de son ventre, on y voyait sa blessure par balle, celle causée par Nathaniel des années plus tôt. Nicolas était brûlé à plus de soixante pour cents du corps, les mains, le cou, le dos, le torse, quelques endroits sur les jambes... il s'en était accommodé mais n'avait jamais réellement accepté que son visage soit aussi touché.

Yselda glissa ses doigts sur ses cicatrices et il se laissa faire. Il savait qu'elle ne le jugeait pas, il savait que ces marques ne la rebutaient pas. Il ne pouvait nier se sentir aimer quand il était avec elle. Cette sensation n'était pas la même qu'avec Ivène, c'étaient deux femmes bien différentes ce qui apportait deux sensations opposées.

— Comment me trouves-tu ? Demanda-t-elle en bougeant légèrement son bassin contre lui.

Nicolas releva ses yeux vers elle et s'accrocha à ses hanches aussitôt. Ses deux doigts brisés ne lui faisaient presque plus mal, l'attelle qu'Archibald avait conçu pour lui avait fonctionné, malgré leur couleur légèrement violacée, la douleur s'estompait au fil des jours.

— Laide, dit-il.

Elle sourit. La première fois qu'il lui avait parlé, c'était ce qu'il avait dit. Elle se pencha vers lui, sans cesser ses mouvements de bassin et elle l'embrassa. À mesure qu'elle bougeait, leur respiration s'accélérait, leur cœur s'enflammait. Yselda appréciait cette chaleur hors norme que dégageait Nicolas, c'en était bien plus rassurant que douloureux.

Il glissa sa main dans sa nuque qu'il serra et détacha ses lèvres des siennes.

— Tu es sublime, lui murmura-t-il à l'oreille.

Les poils des bras de la jeune femme se hérissèrent et elle commença à gémir de nouveau. Cela faisait la troisième fois qu'ils recommençaient à se lier d'amour et de passion, comme s'ils voulaient éterniser cet instant qui semblait hors du temps.





De son côté, Nathaniel sur le balcon de la grande salle, dégustait son dernier verre de vin. Sa tête lui tournait tant il avait ingurgité d'alcool et Ador demeurait paisible sous les lumières argentées de la lune, bien que le jour ne saurait tarder à se lever.

Malheureusement pour lui, quelqu'un vint nuire à sa tranquillité. Nathaniel se retourna lorsqu'on l'apostropha.

— Majesté, là en bas... souffla le jeune homme encore essoufflé, les œufs s'ouvrent...

Nathaniel ouvrit de grands yeux ronds. Il rentra dans la pièce en bousculant son interlocuteur, posa son verre de vin et tituba jusqu'à la pièce où ils avaient gardé les œufs. Il faisait sombre ici, peu de fenêtres décoraient l'endroit, ce qui empêchait les lumières de l'extérieur de se refléter à l'intérieur. Il poussa la porte et découvrit un Theobald fasciné face à l'éclosion du troisième œuf. Les deux autres étaient ouverts et les deux créatures à l'intérieur peinaient à émerger, probablement effrayé sans leur repère qui devait être leur mère. Le troisième œuf continuait de se fissurer, de craquer et de trembler.

Le Maître des Dragons : La Vallée OubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant