Le Maître des Dragons : La Vallée Oubliée

Les Chasseurs de Dragons

   L'homme qui tenait Yselda la jeta brusquement sur le sol. De la poussière vola lors de sa chute et ses bras ripèrent par terre. Il referma la grille derrière elle dans un lord fracas métallique. Yselda resta allongée sur le sol poussiéreux, recroquevillée sur elle-même, couverte de bleus. Sa belle armure sur mesure lui avait été enlevée, tout comme ses armes. Ses cheveux étaient ébouriffés, les hommes avaient affirmé qu'elle était laide avec sa longue tresse. Elle se retrouvait vêtue d'une robe trop grande pour elle dont la couleur blanche avait viré au marron sous toute la crasse.

   Elle sanglota, seule dans son coin quand elle sentit quelqu'un lui toucher le bras. Yselda se redressa brusquement et repoussa l'individu. Les cheveux devant le visage et les yeux noyés dans ses larmes, elle fusilla du regard la personne devant elle. Une jeune femme, habillée de la même façon, sa lèvre inférieure était fendue en deux et une marque gonflée maquillait sa joue droite.

— Ça va aller... murmura-t-elle.

   Yselda ramena ses jambes contre sa poitrine et les entoura de ses bras écorchés. Elle jeta un regard autour d'elle et remarqua que deux autres femmes se trouvaient là, l'une d'elles dormait et l'autre la regardait, de loin. Celle devant elle était blonde, ses cheveux dorés étaient ternes et abîmés. Elle resta agenouillée devant Yselda et lui esquissa un faible sourire qui se voulait réconfortant.

   Yselda renifla et sécha ses larmes d'un revers de la main.

— Où suis-je ? demanda-t-elle d'une faible voix.

— J'aimerais te dire que je le sais... répondit la blonde. Mais j'étais sur un bateau avant d'atterrir ici et les filles ont exactement la même histoire.

— Pourquoi vous ont-ils enfermées ?

— Les pirates nous avait trouvé bien avant... nous étions avec eux, sur les bateaux pour leur tenir compagnie. Notre travail était similaire à celui des filles de joie mais... nous n'étions pas payées et nous avions d'autres tâches à accomplir comme faire la cuisine, nettoyer la soute...

   La jeune femme marqua une pause tout en soupirant.

— Quand le bateau s'est échoué ici, nous avons tenté de fuir mais ils nous ont retrouvé. Ils ont alors découvert ce lieu et nous ont enfermé. Tout ici était abandonné, je crois même qu'avant les pirates il n'y avait personne. Cela fait bien des années qu'ils tentent de trouver le trésor qui repose sur l'île, selon eux.

— Les pirates et les trésors, grommela Yselda.

En parlant de cela, des bruits de pas retentirent. En détaillant l'endroit, Yselda comprit que les cachots se trouvaient sous terre mais que les petites fenêtres en haut des murs permettaient d'avoir vu sur l'extérieur et également leur donner de l'oxygène.

Un homme se posta devant les barreaux, Yselda décida de tourner la tête à l'opposé, pour ne pas lui faire face. Ces hommes la répugnaient et elle ne voulait plus voir un seul visage leur appartenant. L'individu rigola, peut-être était-ce même trop théâtral. Elle reconnut ce grain de voix, cette façon de se moquer...

Quand elle lui jeta un regard, le pirate pris soin de faire glisser la lame de l'épée d'Edouard contre les barreaux, un large sourire sur le visage. Comment avait-il pu se retrouver ici ? Quand il termina son action, il rangea l'épée dans son fourreau puis ouvrit la grille. Yselda le suivit des yeux, il resta planté devant elle tandis que la blonde s'était écartée. Il la regarda de haut, un sourire satisfait sur le visage. Il lui saisit le bras brusquement et la releva pour alors la plaquer contre le mur, sous les yeux des autres prisonnières. Il renifla son cou, puis ses cheveux avant de plonger son regard sournois dans le sien. Il empestait l'alcool et la sueur.