À travers ses yeux

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Tout en avançant, en écoutant le vacarme de l'extérieur, Nicolas ruminait. Sa tante encore allongée derrière lui, morte, par sa main. C'était douloureux, douloureux de se dire que sa famille toute entière était détruite. Tout cela avait commencé avec sa grand-mère et se terminerait par lui.

Nicolas entra dans la salle de règne, plus aucun soldat ne la gardait, ils avaient tous fuis. Theobald était assis sur son trône, gardant près de lui Amaury et Ivène. L'atmosphère était pesant, à peine eut-il avancé d'un pas qu'Aldaïde s'écrasa sur le toit, le traversant d'une partie. Amaury hurla de terreur, Ivène et lui se levèrent pour aller se réfugier dans un coin de la pièce. Les deux bébés s'attaquaient au dragon. Ils reprirent de la hauteur dans des rugissements bestial. Nicolas tenta d'ignorer la crainte qui le rongeait de l'intérieur. Il ne s'imaginait pas perdre son dragon.


Il s'avança d'un pas déterminé vers Theobald qui s'était enfin levé, lui aussi effrayé par les dragons. Il dégaina son épée qu'il pointa vers Nicolas. Ce dernier fit de même, sans le lâcher du regard. Il espérait que de sa place, le roi puisse sentir la chaleur qui émanait de lui.

— Regarde-moi, grogna Nicolas.

Théobald le toisa, un regard électrique et fourbe.

— C'est ici que ta vie s'arrête.

Les rugissements des dragons résonnaient partout autour d'eux, mais ils paraissaient lointain en même temps. Nicolas fit mine de tendre l'oreille, tout en levant les yeux vers le plafond. Il plissa les paupières, sous le regard interrogateur du roi. Enfin, il croisa son regard.

— Entends-tu ? souffla Nicolas.

Theobald écouta, un lourd silence le fit frissonner. Pourquoi n'y avait-il plus aucun bruit ?

— La guerre est terminée, poursuivit Nicolas.

Le visage de Theobald se décomposa, il hurla et se jeta sur Nicolas. Ce dernier para les coups qu'il tentait d'abattre sur lui. Leurs lames s'entrechoquaient avec violence, dans un fracas métallique assourdissant qui faisait grincer des dents les deux prisonniers du roi. Nicolas n'était pas doué en matière de combat, lorsque Theobald parvint à lui entailler le bras, Nicolas serra les dents. Le roi en profita pour lui donner un coup de pied dans le ventre. Il vacilla en arrière et lâcha son épée, sa jambe était encore douloureuse, il était vulnérable et affaibli, pourtant, il ne pouvait pas abandonner si près du but.

— Bats-toi comme un homme ! grogna-t-il. Lâche cette épée et montre moi qui tu es vraiment !

Theobald jeta son épée sur le sol, les mâchoires crispées.

— Je suis celui qui t'apportera la mort.

Il se rua sur Nicolas, saisissant sa taille mais manqua de le faire tomber. Au lieu de cela, Nicolas frappa les côtes du roi, il s'acharna littéralement dessus dans l'espoir de le faire lâcher. Le souffle coupé, Théobald se redressa et d'un coup rapide, abattit son poing contre le nez de Nicolas. Sa tête valsa en arrière, il recula d'un pas tandis que les Dragons vinrent s'écraser dans la pièce, entre les deux ennemis. Nicolas en tomba à la renverse, tout comme Theobald. Un bébé s'agrippait à Aldaïde, mordant sa chair avec véracité. Aldaïde poussait des plaintes, extrêmement affaiblie pendant qu'elle se faisait dévorer.

Nicolas se releva tant bien que mal et rattrapa son épée qu'il braqua vers l'animal enragé qui décharnait son dragon.

— Ça suffit ! cria-t-il.

Son nez saignait abondamment, l'air ne passait plus par ses narines. Le bébé dragon releva sa gueule, ses dents tâchées du sang d'Aldaïde.

— Dégage de là ! ordonna-t-il.

Le Maître des Dragons : La Vallée OubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant