Point de vue d'Hayley
Assise sur le côté passager, une main sur la joue droite qui n'a pas de subi de choc, je regarde mon triste reflet à travers le rétroviseur droit. Je peine à me scruter longtemps en voyant mon visage dans un état lamentable: mon nez dont la couleur tend au violent ne cesse de laisser échapper ce liquide rougeâtre dont l'odeur me donne envie de vomir bien que ce soit le mien. Du sang.
Malgré les efforts que je fournis pour tenter d'arrêter les saignements en maintenant le chiffon sur mon nez, la tête poussée en arrière, rien y fais. Comme je l'avais vu un jour dans une émission télévisée sur la santé. Quant à ma joue, elle sera certainement marquée d'un beau bleu qui viendra se mêler avec la multitude d'autres qui règnent çà et la sur mon corps.
Aujourd'hui, j'ai essayé de lutter, de me convaincre que je n'étais pas qu'une sordide chose, que l'on utilise pour assouvir sa soif de voir quelqu'un suffoquer, souffrir. Mais les événements qui ponctuent ma vie quotidiennement, me poussent à abandonner, à perdre espoir. Oui perdre espoir que la situation s'arrange un jour, est tout ce qui me reste à faire maintenant. Si verser des larmes, recevoir des coups dans le ventre encore et encore est mon destin, alors je ne vois pas l'intérêt de voir le lendemain.
Suis-je en train de songer à mettre fin à mes jours?........Peut être bien. Mais la question qui trotte depuis un bon bout de temps déjà dans ma tête est: Serais-je capable de faire ceci? Je ne saurai répondre pour le moment. Je n'arrête pas de me dire que si je disparaissais maintenant qui veillera sur la maison lorsque maman serait absente? Qui s'occupera de Sacha?
Sacha... Elle serait que trop bien seule sans moi, sa phrase de "Soeurs par hasard, amies par choix" n'aurait plus lieu d'être. Nos petits moments à deux, nous dehanchant sur Best Song Ever de One Direction lui manquerait trop. Surtout, elle ne comprendrait pas mon choix, celui d'arrêter brutalement ma vie pour aller vers un avenir meilleur. Mon choix de ne plus souffrir, de ne plus voir les visages émerveillés de Beau, Marlon, Terry, Gabriel et surtout de Brenda émerveillés à la vue des cris de détresse que je pousse lorsqu'ils me martyrisent. Non, elle ne comprendrait certainement pas.
En même temps, qui pourrait me comprendre si ce n'est moi et ce qui subissent les mêmes tortures? Comprendre mes inquiétudes à l'idée qu'ils recommencent. A l'idée qu'ils ne s'en prennent à moi une énième fois. Je ne me souviens même pas de la dernière fois où je n'ai eu qu'une journée, une simple journée de répit .
Je me concentre à nouveau sur le trajet. Me lançant des petits regards tout en gardant un oeil sur la route, Adam semble inquiet. Quand d'autres s'amusent à me prendre pour un pantin et se jouer de moi, lui par contre tente d'être mon ami et de m'épauler. Je me demande bien comme quelqu'un comme lui peut être aussi bon avec quelqu'un comme moi.
Ses conseils du matin à la cantine, m'avait clairement rebooster, c'est d'ailleurs ce qui m'a permis de donner une gifle à Brenda dans les vestiaires. Autrefois, je me contentais de baisser les yeux telle une esclave lorsqu'ils me crachaient dessus, au sens propre comme au sens figuré.
__ Tu es vraiment sûre que tu ne veux pas que je te conduise à l'hôpital? Il est tout proche tu sais? Demanda le chatain, l'air inquiet.
Je peinais à répondre, les mots sont dans ma tête, aussi au bout de ma langue mais aucun son ne sort de ma bouche, je suis littéralement à bout de force. Je me decide alors à secouer négativement la tête de gauche à droite en guise de "non" et feindre un sourire. Il ne semble pas satisfait de ma réponse mais ne proteste tout de même pas. J'observe le GPS qui indique que nous ne sommes plus qu'à quinze minutes de chez moi.
En y pensant, j'ai toujours eu envie d'avoir une voiture, mais malheureusement nous n'avons pas les moyens. Je me rappelle qu'un jour pendant les vacances dernières, j'étais tellement triste de ne pas avoir de voiture pour mes seize ans que ma mère pour me consoler m'avait déniché une vieille bicyclette toute rouillée dans une brocante.
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Perdue
Teen FictionLe harcèlement fait partie intégrante de sa vie, il est ancré dans sa peau comme des chaînes en fer. À seize ans, Hayley connaît déjà la peur, la haine, l'humiliation, tout ce qu'une fille de son âge n'est pas sensée connaître. Au bord du précipice...