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La lame portée sur mon poignet, je me surprends à regarder mon sombre reflet dans le miroir. Une expression que je connais bien y est dessiné. La tristesse. Ma seule amie tout du long, elle ne m'a jamais quitté. Entre coups et insultes, j'ai pu respirer la tristesse, ressentir la tristesse en même temps que les larmes coulant sur mon visage meurtri.

Feindre un sourire était le meilleur moyen de paraître comme tout autres adolescentes. Mais comment pouvais-je dire à ma mère que je n'ai été heureuse qu'un court moment dans ma vie? Non, c'est bien trop dure pour moi. Elle a déjà assez de poids comme ca sur ses épaules pour lui en rajouter davantage. Alors, j'ai tous fais pour paraître normale devant ma famille.

Normale. Le suis-je? Non bien sur. Je me suis toujours fait croire le contraire, espérant que je puisse être comme les autres. Mais on m'a bien fait comprendre que je n'étais qu'un minuscule grain de sable sur la Terre. Toutes les fois où j'ai mordu la poussière, au sens littéraire du terme, je me suis finalement rendu compte que c'était sans doute mon misérable qualificatif.

Entre autres, la vie n'a pas toujours été très tendre avec moi. Premièrement, viennent les problèmes financiers de ma mère qui nous font vivre la dure, ensuite il y a ce cauchemar que je vis chaque jour en allant au lycée qui m'arrache la dernière partie de moi. La première s'en était allée en même temps que mon père.

Père..... Ce mot tellement significatif pour certains, me laisse à moi un goût amer à la bouche. C'est vrai quoi? Un lâche, oui lâche, voilà ce qui représente pour moi. Du haut de mes trois ans à l'époque, je m'en souviens encore clairement. Parti en pleine nuit tel un voleur, sans même laisser une carte ou une lettre qui expliquerait son départ, rien, nada, zéro. Juste les placards vides et le retrait d'une importante somme d'argent dans leur compte en commun à maman et à lui, nous laissant ainsi sur la paille. On était beaux pourtant à quatre mais tout ceci n'était qu'éphémère. Sincèrement, je ne lui pardonnerai jamais pour tout cela. Jamais.........

Nos vies auraient plus être bien différentes s'il avait toujours été là, j'ai été la plus touché. Après ça, je n'ai été que le reflet de mon enfance, c'est à dire, triste, misérable, etc.... Dès le primaire, j'étais mal dans ma peau, je n'avais pas d'ami, j'étais celle dont personne ne voulait pas pendant les travaux de groupe.

Au lycée, j'ai cru voir une lueur d'espoir dans la personne de Terry Edwards lorsque la torture journalière s'accentuait...... J'avais pris confiance en lui, je pense que je l'aimais, mais comme on dit "méfiez vous des apparences ".

J'aurais du m'en douter, je suis trop conne, comment j'ai pu croire qu'un garçon comme lui pouvait s'intéresser à une fille moche, en leger surpoids et boutonneuse comme moi? Je suis loin d'être le parfait cliché de la fille blonde aux yeux bleus, maigre avec un ventre plat, toujours belle et charismatique. Blessée, j'étais, tout ceci n'était qu'une belle mascarade, un pari, pour.........Non! Je dois mettre un trait à tout cela, ca me fait vraiment mal d'y penser.

Faire monter tous ces sentiments à la surface me fend littéralement le coeur. Tout ce poids pèse vraiment sur mes épaules. Mon existence n'a aucun sens à mes yeux, je ne suis qu'une pauvre chose insignifiante dont personne ne connaît le nom. Après ces pensées, je fonds en sanglots, je n'en peux vraiment plus. À quoi ca sert d'être sur cette terre si c'est pour etre le souffre-douleur d'autres personnes.

Une vive douleur se fait ressentir. Sans crier garde, la larme venait de me perforer la peau, c'est vraiment douloureux. Je l'ai fais, bien que j'ai du surmonter la douleur et la souffrance pour y arriver. Je regarde les gouttes de sang coulées une par une dans le lavabo. C'est très jouissif comme sentiment, avoir l'impression que tout va pour le mieux. Mais j'ai peur, vraiment peur.

J'ai toujours voulu le faire depuis trois ans mais un sentiment d'angoisse m'envahissait à chaque fois. Anxieuse de devenir accro à cette pratique, anxieuse de devoir régler mes problèmes par cette voie, j'ai préféré ne pas céder à la pression. Mais maintenant que je l'ai fais, qu'est ce ce qui va se passer? J'ai vraiment très peur et si....

_Hayley? Où es-tu? Me coupe maman dans mes pensées.

Je la sens s'approcher en direction de la salle de bain. Je me précipite donc pour ouvrir le contact afin de laisser échapper le liquide rougeâtre avec de l'eau. Je souris à cette dernière vision. Malgré la douleur, je passe aussi mon bras sous le robinet pour empêcher la montée du sang. Ca l'air de marcher. Alors, je décide de lui répondre.

_J....Je suis là maman, ne t'inquiètes pas. Balbutiais-je.

_Comment ne pas m'inquiéter? Tu pourrais venir s'il te plait, j'ai à te parler.

Sa voix était tremblante, elle avait l'air de souffrir. Je n'arrive pas à croire que c'est moi qui lui mets dans cet état de tristesse. D'abord Spencer autrement dit mon père et maintenant moi, je suis vraiment pitoyable.

Je lui réponds d'un vague "ok" et me précipite dans ma chambre pour y enfiler un pull long qui cacherait le fin trait présent sur mon poignet. Sacha me regarde suspicieuse mais ne pipe mot. Je lui fais un sourire qu'elle me rend puis sort de ma chambre.

Ma mère est assise sur le canapé. Les mains posées sur sa tête, les coudes posés sur ses cuisses, elle semble inquiète. Je doute que ce soit juste moi qui la rende comme ca. La nuit d'avant hier, elle s'est effondrée dans mes bras en pleurs. Elle ne veut toujours pas me dire ce qui se passe, tu parles de confiance....Pff.

Elle ne m'a sûrement pas entendu venir. Je m'approche donc d'elle et m'asseois à ses côtés, elle sursaute légèrement, essuie les larmes présentes sur ses joues. Brisé est mon coeur devant cette vision. Je lui prends dans mes bras mais elle me repousse doucement, sur le coup, je suis dans l'incompréhension.

__ Je pense qu'il serait temps que l'on parle sérieusement. Tu ne crois pas? Commence t-elle.

Je lève les sourcils l'air de rien.

__ Je ne comprends pas où tu veux en venir maman.

__ Je vais te poser une seule question. Qui t'as frappé aujourd'hui et toutes les autres fois? Demanda t-elle en me scrutant du regard.

"Toutes les autres fois"? Elle s'en était aperçue tout ce temps. Elle le savait, elle le voyait mais n'a rien fait.

__ Tu le savais. Murmurais-je.

__ Bien sur, mais je me suis dis que ma chère fille aurait le courage de m'en parler !

__ Te parler de quoi? Tu penses que c'est plaisant et que c'est facile à dire ? HEIN???

Je cours dans la chambre. Je suis bien contente qu'elle n'insiste pas, ca ne ferait qu'aggraver la situation. Je me jette sur mon lit et m'engouffre dans la couverture. Sacha me rejoint, elle se couche à mes côtés mais ne me dis rien.

Une vingtaine de minutes sont déjà passées. Ma mère est sortie, je ne me demande bien ou elle a bien pu aller. Je suis toujours blessée mais les larmes ont cessé de couler, de même que ma scarification au bras.

Mon téléphone se met à vibrer. Je l'attrape et me rends compte que j'ai un nouveau message d'un numéro inconnu. Je me demande qui ça peut être.

Numéro inconnu:

Salut toi.

Bizarre.......

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Voilà le chapitre seize! J'espère que ca vous a plu. Je doute beaucoup de moi alors je ne le trouve pas super.

Le 17 est en route......

Bisous❤

N'oubliez pas la petite étoile s'il vous plait. Ça fait plaisir.

PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant