Épisode 16 - Au revoir

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J'entre dans le living, la main sur ma carotide. Mes vêtements sont complètement tachés de sang et dégoulinent littéralement sur le sol, laissant des traces à chaque pas que je tente d'entreprendre. Mon regard en dit long sur ma détresse. Je trébuche et tombe comme une loque sur le sol alors que mon sang se répand rapidement tout autour de moi. Je suis presque en agonie.

Mais je rassemble mes forces et je déclare la phrase qui devra les terroriser.

- Il... y a.... quelqu'un... dans la maison !

Ensuite, je penche la tête sur le côté et je ferme les yeux. Les sept sont statiques, en émois, complètement choqués par le spectacle que je viens de leur offrir. Seule Jelie réagit directement. Elle se lève et se jette sur moi.

- Je suis infirmière ! s'écrie-t-elle. Allez dans la cuisine chercher des torchons. Il faut stopper l'hémorragie sinon il va mourir sur place !

C'est Arkaig qui obéit rapidement. Il court chercher ce dont elle a besoin.

- Trouvez l'armoire à pharmacie et ramenez-moi tout qui pourrait faire l'affaire ! ordonne-t-elle aux autres.

- J'y vais ! déclare Nora sans demander la permission.

Jelie appuie fortement sur mon cou pendant que les autres observent la scène, impuissants.

- Il va mourir ? demande Anaïs encore en pleurs.

- Oui, il peut mourir ! répond Jelie la voix cassée. Si je ne fais rien, il va se vider de son sang et il n'y aura plus rien que je puisse faire !

- Qui est dans la maison ? demande Isa soudainement pâlissante.

- Le cauchemar ne s'arrêtera jamais ! continue Christine les jambes tremblantes.

Arkaig revient avec les torchons et les donne à Jelie en évitant de s'attarder trop longtemps sur la mare de sang qui se répand autour de moi. Quelques secondes plus tard, Nora arrive avec une boîte à pharmacie qu'elle a trouvée dans la salle de bain. Jelie cherche du fil et une aiguille et se penche sur mon corps pour pratiquer une chirurgie de fortune. Le sang, la pâleur sur mon visage, Jelie qui grogne et qui jure toutes les cinq secondes, est un spectacle trop difficile à regarder pour mes fans. Ils quittent tous le salon pour aller prendre l'air dehors. Sauf Nora. Quand elle est montée à l'étage pour chercher la boîte, elle a remarqué quelque chose d'étrange et elle doit y retourner pour savoir de quoi il s'agit.

Tout près de la piscine, Isa se met à pleurer. Arkaig s'approche d'elle avec compassion. Christine reste près de Ben et Anaïs.

- A votre avis, qui a fait ça à Alan ? demande Isa les yeux rouges.

- Dès que Jelie aura sauvé Alan, on cherche un téléphone et on appelle les secours, répond Arkaig.

- Oui, mais entretemps on peut tous y passer ! s'écrie Christine subitement paniquée.

- Il faut rester calme ! déclare Ben.

- Calme ? s'offusque Christine. Alors que tout ce qu'on vit jusqu'à maintenant, l'horreur, le sang, la peur, c'est en partie de ta faute ?

- C'est de la faute de Nora ! C'est elle qui nous a menacés avec une arme ! rétorque Ben.

- Où est-elle d'ailleurs ?

Au premier étage, Nora suit les marques de sang. Il y en a partout dans le couloir où se trouvent les chambres des invités. Mais étrangement, elles s'arrêtent soudainement devant une armoire.

« Comme s'il était parvenu à traverser le mur » pense-t-elle. « Mais, oui ! C'est un passage secret »

Soudain, du bruit la fait sursauter. Avec précipitation, elle s'écarte de l'armoire et se cache derrière le rabattement du mur qui se trouve à côté d'elle. Elle entend des pas s'approcher. Il faut absolument qu'elle quitte les lieux ! C'est sûrement le tueur qui est à ses trousses. Si elle ne veut pas finir comme Alan, elle doit déguerpir et vite ! Elle prend donc ses jambes à son cou et se dépêche de trouver une issue. Dans la hâte, en traversant le couloir elle passe devant un vase posé sur un entablement. Son coude le bouscule et il tombe à terre en se fracassant en mille morceaux. Le bruit est infernal ! Elle est repérée. C'est trop tard ! Elle entend les pas se rapprocher. À présent, elle n'a plus d'autres choix que de se retourner.

Sans rien savoir de ce qu'il se passe au premier étage, les cinq continuent de parler autour de la piscine.

- Je ne sais pas où elle est et je m'en fous ! réplique Isa. Tout ce que je veux, c'est qu'on sorte d'ici et qu'on rentre à la maison. Je veux retrouver mon mari et mes enfants.

- Moi aussi ! répond Christine. Ils me manquent. Je n'aurais jamais dû accepter cette invitation.

Arkaig lance un regard consterné à Isa. C'est toujours dans ces moments-là qu'il se sent la cinquième roue du carrosse. Après tout, elle a un mari et des enfants. Lui, il n'est qu'un passetemps. Il déteste cette sensation. Isa le remarque et le prend à parti, laissant Christine, Ben et Anaïs se complaindre sur leur sors.

- Tu sais que je t'aime, dit-elle à voix basse. Mais c'est normal que mes enfants me manquent, surtout dans ces circonstances.

- Oui, je le sais très bien, répondit-il la tête baissée. Mais ça fait juste mal de l'entendre.

- J'ai été maladroite, je te demande pardon.

- Tu vas quitter un jour ton mari pour moi ? demande-t-il du tac au tac.

Isa reste bouche bée devant le regard de chien battu d'Arkaig. Elle respire un grand coup. Comment pourrait-elle un jour lui avouer la vérité ?

Dans le couloir du premier étage, Nora doit se retourner et affronter le tueur par qui elle croit être suivie. Pourtant, quand elle aperçoit le visage de Jelie, elle souffle de soulagement.

- Jelie ! dit-elle soulagée. Tu m'as fait une de ces peurs !! Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

Elle panique. Ses bras tremblent et des perles de sueurs coulent sur son joli visage. Elle a du sang partout sur les mains et le visage. Elle semble désespérée.

- Je dois retourner à la salle de bain, il me faut des compresses. Il me faut des compresses ! répète-t-elle inlassablement.

- Je t'ai donné tout ce que j'avais !

- Il me faut des compresses ! Il me faut des compresses.

- Calme-toi ! crie Nora en tenant ses deux bras. Dis-moi ce qui se passe !

- C'est Alan. C'est Alan ! crie-t-elle presque hystérique. Il.... est mort.

Sans crier gare, elle tombe dans les bras de Nora et se met à pleurer toutes les larmes de son corps.

- Tu as fait ce que tu as pu, dit-elle en essayant de la rassurer. Viens, on va descendre et voir ce qu'on va faire.

Les deux descendent alors lentement les escaliers en attendant d'affronter la pire situation qu'ils auraient pu connaître dans la maison. Pourtant, quand elles arrivent enfin au salon, Nora se met à crier. Les cinq qui étaient dehors débarquent alors à leur tour. Sur le sol, une mare de sang, des compresses, des torchons et toutes sortes d'ustensiles de chirurgie. Mais Alan a disparu !

- Alan !? crie Anaïs ! Où est Alan ??

- Il était mort ! s'effondre alors Jelie. Il était allongé sur le sol, il était mort !

- Oh mon Dieu ! s'écrie Christine pâlissante.

- Il y a bien quelqu'un dans la maison ! déclare Arkaig. Il va tous nous tuer !

Le groupe des 7 sent alors tout à coup la tension monter d'un cran. Un vent froid vient glacer l'atmosphère. Ils se regardent tous abasourdis, impuissants face à cet évènement des plus inquiétants. Un drame après l'autre, ils se retrouvent coincés dans une maison hantée par un tueur sans pitié. Alan n'est plus là pour les sauver. Ils ne peuvent plus désormais compter que sur eux-mêmes !

Mais pour combien de temps ?

Jusqu'à la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant