Épisode 24 - Le refuge

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Samedi 7 juillet. 19 heures trente.

Nora se réveille en sursaut, le cœur battant. Elle regarde tout autour d'elle, complètement déboussolée. C'est alors qu'elle se rend compte qu'elle est sur un lit confortablement installée. Ses vêtements rougis par le sang ont été enlevés et elle revête à présent une chemise de nuit blanche immaculée. Les tentures à la fenêtre cachent la lumière d'un soleil éclatant. La petite chambre dont les murs sont en languette de bois lui indique qu'elle n'est pas retournée dans la maison. Elle a réussi à s'en sortir ! Quelqu'un est venu à son secours ! Elle se relève doucement. Mais elle peut sentir les courbatures lui infliger une douleur presque insupportable. S'enfuir pendant la nuit et marcher sans s'arrêter au milieu de champs à perte de vue a été éreintant. Néanmoins, elle est sauvée ! C'est ce qu'elle n'arrête pas de se répéter.

Poser le pied par terre relève du défi. Ses jambes vacillent encore, mais l'optimisme et l'espoir lui redonnent du courage. Elle s'approche lentement de la porte et l'ouvre doucement. Le petit couloir qu'elle emprunte l'emmène vers une petite cuisine style « cottage ». Une dame âgée d'au moins soixante-cinq ans est en train de préparer le dîner.

- Bonjour ! dit-elle timidement.

- Ahhhh ! Enfin ! s'écrie la dame. Je me demandais quand vous alliez vous réveiller.

- J'ai dormi longtemps ?

- On vous a trouvé ce matin très tôt et vous avez dormi toute la journée.

- Oh ! J'ai besoin d'un téléphone. C'est assez urgent.

- On se calme, chaque chose en son temps. Vous allez d'abord vous assoir à table et manger quelque chose. On vous a trouvée dans un sale état ! J'ai dû vous déshabiller et vous débarbouiller un peu.

- J'ai vu... répond Nora mal à l'aise. Je vous en remercie. Mais je vous assure, je dois appeler la police. J'ai besoin d'un téléphone !

- La police ? s'enquit son hôte. Vous savez, il n'y a pas de maison à des kilomètres à la ronde. La police ne se déplace pas jusqu'ici si ce n'est pas pour une bonne raison.

- Je dois rentrer chez moi. Et il y a des gens en danger dans une autre maison pas loin. Il faut les aider.

- Calmez-vous. Vous avez besoin de vous nourrir. On verra tout ça après.

La faiblesse de son corps a donné raison à la dame et Nora se force à s'assoir. Et puis, son estomac crie famine depuis qu'elle s'est réveillée. Une belle assiette de pâtes à la sauce tomate lui est présentée avec un grand sourire.

- Mangez ! dit la dame. Vous vous sentirez mieux après.

- Merci, répond-t-elle sans se faire prier.

- Ensuite vous me raconterez ce qui vous est arrivé.

- Vous vivez seule ici ? demande Nora entre deux bouchées pleines.

- Non, ce serait impossible, on est bien trop isolés. Je vis avec mon mari. Il est dehors, il coupe du bois. C'est d'ailleurs lui qui vous a trouvé dans les champs. Vous avez eu de la chance, vous savez. Vous auriez pu mourir s'il n'avait pas été là.

- Je m'en rends compte. Je le remercierai tout à l'heure quand je le verrai.

- Il n'y a pas d'urgence, vous savez.

- Est-ce qu'il y a un moyen de locomotion que je pourrai employer pour retourner chez moi ?

La dame fait comme une grimace que Nora ne peut interpréter. Puis, elle s'assied en face d'elle en la regardant manger.

Jusqu'à la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant