Épisode 30 - La fin

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Lundi 9 juillet. 16 heures trente.

J'ouvre les yeux, un peu sonné. Je ne sais pas exactement où je me trouve. Je sens la froideur du carrelage sur mon dos. Je suis revenu dans la maison ! Couché sur le sol, je regarde autour de moi pour comprendre ce qui vient de se produire. Je baigne dans une mare de sang. Jelie et Isa gisent à côté de moi. Et ce revolver est encore pointé droit sur ma tempe. C'est la fin, je le sens. J'ai été trop loin. Beaucoup trop loin.

- Je t'ai retrouvé et je n'hésiterai pas à tirer s'il le faut ! s'écrie Christine en transe.

- Qu'est-ce que tu veux, Christine ? je demande horrifié.

- Je veux que tu me rendes mes enfants ! Je veux mes enfants ! hurle-t-elle à pleins poumons.

- C'est trop tard, Christine.

- Alors, c'est trop tard pour toi aussi ! rétorque-t-elle décidée.

Elle charge l'arme et me regarde avec des yeux froids et enragés. Je peux voir à travers son regard celui de ma mère quand elle a compris qu'elle allait mourir à cause de moi. Maintenant, les rôles sont inversés, mais tout est pareil. Je sais que mon heure a sonné comme elle le savait à son tour. Quelque part, je crois que je n'ai plus peur de mourir. Ce sera sûrement une libération. Et puis, ce week-end a été fructueux. Même si rien ne s'est passé comme prévu, j'ai eu ma vengeance, même au-delà de mes espérances. Alors je peux fermer les yeux et enfin prétendre au repos.

Christine charge l'arme avec détermination. Elle n'arrive plus à pleurer. Elle a perdu ses enfants par ma faute. Elle n'a plus rien désormais. Mais elle a payé le prix fort de son abandon. Aujourd'hui, tout comme moi, elle n'a plus que la vengeance comme réconfort. Sans hésiter, elle s'apprête à appuyer sur la détente. Elle veut me tuer, mais quelqu'un d'autre veut que je vive encore un peu de temps. C'est sans crier gare que mon sauveur tire à son tour une balle en pleine tête de Christine. Son corps, soudainement inerte, tombe à la renverse sur le mien. J'ouvre les yeux, et je vois enfin le visage de mon sauveur. Et je n'en crois pas mes yeux !

Je vois ma demi-sœur. Je vois Lena.

- Lena ? je déclare en me relevant malgré la faiblesse de mes jambes. Comment es-tu arrivée jusqu'ici ?

- Bonjour mon cher frère ! répond-elle avec amusement. J'imagine que tu ne t'attendais pas à me voir. Et pourtant je suis là pour te hanter.

- Me hanter ?

- Oui, pour que tu sentes la culpabilité peser lourdement dans ton cœur.

- De quoi me rends-tu coupable ?

- De m'avoir laissée enfermée dans cet hôpital. De m'avoir entrainée dans ta maison pour que je tue tous ses occupants. Tu n'as aucun sens moral. Tout ce qui t'intéresse, c'est ta petite personne. C'est ton talent.

- Et alors, qu'est-ce que tu attends de moi ?

- Mourir serait bien trop doux. Tu vas souffrir. Tu vas pleurer. Tu vas crier. Tu vas recevoir au centuple ce que tu as fait subir à tous ces gens.

- Tu n'en seras jamais capable. Tu n'es qu'une folle à lier qui passe son temps à danser et à décoiffer ses cheveux.

Lena ne répond pas. Elle a une arme automatique en main. Elle pointe l'arme sur mon visage avec une telle dextérité que je me demande où elle a appris cela. Puis, doucement, elle l'approche de mes lèvres. Elle fait pénétrer le bout de l'arme dans ma bouche tout en ayant un sourire sournois.

Jusqu'à la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant