Épisode 22 - La limite à ne pas franchir

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Samedi 7 juillet. 10 heures trente.

J'ai passé la nuit sur le sol, le dos plaqué contre la porte. Je n'ai pratiquement pas fermé l'œil. Impossible de dormir dans ces conditions. Cette petite catin de Jelie m'a bien eu ! J'aurais dû m'en douter qu'elle me trahirait un jour. Et moi, comme un imbécile, j'ai cru que ça n'arriverait jamais. J'ai cru qu'il y avait quelque chose de vrai entre nous. Je sais que j'ai tout gâché en la giflant si violemment. Mais elle me connaît, elle sait tout de moi. Pourquoi ça devrait l'étonner que je perde le contrôle de temps en temps ? Elle sait qui je suis et pourquoi on est là ! Je pensais qu'on était fusionnel, mais à la moindre occasion elle m'a trahi. Et à présent, elle va le payer très cher !

Je n'ai pas encore trouvé le moyen de sortir de la chambre. Cela fait des heures que je ne vois plus ce qu'il se passe dans la maison. J'ai perdu le contrôle et c'est vraiment angoissant. La seule façon de m'extirper de là, c'est qu'on m'ouvre la porte par l'extérieur. Mais comment faire ? Tout le monde me croit mort.

Je souffle, désespéré. Petit à petit la somnolence m'oblige à fermer les yeux. Pendant que je lutte pour me pas sombrer dans les bras de Morphée, des souvenirs me percutent et m'agitent.

Je me vois dans une salle d'attente médicale. J'attends impatiemment que le docteur m'appelle pour me donner les résultats des analyses. J'angoisse. Je sais que c'est grave. Je sais que ma vie ne sera plus jamais pareille.

Mais, le sommeil est trop lourd, il m'emporte et ma conscience s'en va.

Un étage plus bas. Anaïs se réveille en sursaut. La porte de sa chambre est grande ouverte. Le long couteau de cuisine est toujours logé entre ses mains. L'horloge électronique placée sur sa commode indique qu'on est samedi matin. Le message qu'elle a reçu la veille l'a traumatisée. « Tuer pour ne pas être tuée » a été trop difficile à supporter. Pourtant, elle doit se protéger de toute attaque potentielle. Elle n'a pas d'autre choix que d'être courageuse. Elle se lève enfin du lit et s'approche lentement du couloir. Il est désert. Tremblotante, elle marche doucement, pas après pas, à la recherche de quelqu'un qui pourrait lui dire ce qui s'est passé. Puis, elle voit les traces de sang sur le sol qui la mène inexorablement vers une armoire en verre. Celle-ci ne semble pas être à sa place. On voit bien qu'elle a été déplacée récemment. Des marques de sang sur le sol ont été mal essuyées. Intriguée, elle la pousse légèrement. C'est alors qu'elle découvre un couloir sombre qui mène à l'étage supérieur. Une porte en bois ne demande qu'à être ouverte. Elle ne sait pas pourquoi, mais elle est poussée à découvrir de quoi il s'agit. Alors, elle rassemble son courage et monte délicatement les marches. Elle arrive enfin devant la porte, le cœur battant. Elle doit juste tourner la poignée pour découvrir ce qui se cache derrière. Elle respire un grand coup tout en tenant son couteau bien fermement. Et elle pousse la porte.

Je sens alors une force me faire basculer sur le carrelage froid. Ce mouvement suffit à me réveiller. Quelqu'un vient d'ouvrir la porte ! C'est Anaïs !

- Alan !? s'exclame-t-elle horrifiée. Je te croyais mort !

Il me faut quelques secondes pour reprendre mes esprits.

- Anaïs ! je réponds la voix enrouée. Tu es venue me sauver.

Elle semble méfiante, comme si elle n'avait plus confiance en moi. Elle brandit son couteau comme un bouclier protecteur, mais je sais qu'elle n'arrivera pas à s'en servir contre moi.

- C'est toi qui es derrière tout ça ! rétorque-t-elle révoltée. Henri Darmont, c'est ton père ! Tu le savais depuis le début que j'étais enceinte de lui. Et tu nous as amenés ici pour tous nous faire payer !

Jusqu'à la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant