Episode 17 - Le piège

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Pendant que mes invités explorent les différentes pièces, je monte discrètement au deuxième étage. Il n'y a que moi qui aie accès à celui-ci. J'y pénètre par une porte dérobée, cachée derrière une armoire vitrée. Un escalier me mène dans une pièce secrète. Un ami me devait un plaisir. Il a installé des caméras de surveillance indétectables dans toutes les pièces de la maison. Je vais pouvoir observer leurs moindres faits et gestes. Ce « repère » m'aidera dans ma mission de vengeance. Grâce à ces écrans, je suis un comme un Dieu qui a des yeux partout. Le jeu va enfin pouvoir commencer !

Ma pièce secrète ne contient pas que des écrans d'ordinateur. J'ai tout ce qu'il faut pour regarder le spectacle dans le confort absolu. Un coin salon est à ma disposition avec un bar et même une cuisinière pour me préparer des petits plats. Par exemple, j'adore faire cuire mes œufs pendant que je regarde souffrir mes victimes dans la maison. Il y a aussi du popcorn dans l'armoire et des chips au paprika. Ce sont mes petits péchés mignons. Je suis un vrai gourmand ! Et puis, je ne serai pas seul à observer les scènes dans la maison. Jelie sera en partie avec moi. Elle est là pour diriger les choses de façon à ce que tout se passe exactement comme prévu. C'est tellement pratique d'avoir un allié dans la maison ! Et c'est encore plus jouissif de savoir que les autres l'ignorent.

Le moment de la première scène a maintenant sonné. C'est le temps de faire ma grande entrée et de choquer toute l'assemblée ! Je me dirige alors vers l'armoire près du bar et j'en sors quelques poches de sang. Je fais couler abondamment le liquide sur mes vêtements. Puis, je cache deux poches sous ma chemise. Je ferai ainsi en sorte de faire couler le sang quand je serai en bas. Il reste une dernière chose à faire avant mon entrée théâtrale : me couper au niveau de la carotide. Je sais que c'est risqué, mais Jelie m'a appris comment faire pour ne pas inciser trop profondément. De cette façon, la vue du sang suffira à faire fuir les petites natures et Jelie fera le reste pour prendre le contrôle de la situation. Tout se passera tellement vite, qu'ils la laisseront faire. Et ensuite, je disparaîtrai ! C'est vraiment à ce moment-là que le jeu va pouvoir commencer. Mes pauvres victimes vont être prises de peur quand elles vont se rendre compte que son seulement leur idole est morte, mais en plus son corps a disparu !

Leur première réaction va être de vouloir fuir. Mais quand ils se rendront compte que les portes de la clôture ne s'ouvrent pas, ils vont vraiment paniquer. Ils ne sauront plus quoi faire et ils se retrouveront dans le salon. Certains vont pleurer, d'autres vont être angoissés, mais tous vont devoir entrer dans le jeu que je vais leur imposer.

- On est coincé ! s'écrie Anaïs tremblante. Tout est verrouillé ! C'était un piège ! On va se faire tuer !

- On se calme... répond Isa le cœur battant. Toutes les sorties sont verrouillées, mais on va trouver un moyen de sortir d'ici.

- Ah oui ? Et comment ? s'énerve Ben. Anaïs a raison, on est piégé et notre idole s'est fait avoir en premier !

- Mais pourquoi ? s'enquit Christine. Je ne comprends pas le sens de tout ça !

Jelie est assise seule sur le divan à faire semblant de pleurer. Elle adore jouer la comédie. D'ailleurs, elle était la première au cours de théâtre. On lui a même proposé de passer des castings pour des publicités. Elle est douée. Elle arriverait à faire croire n'importe quoi à n'importe qui. C'est aussi pour ça que je suis attaché à elle. Jelie peut être aussi machiavélique que moi. Et pour l'instant, grâce à elle, tout le monde me croit mort.

- Écoutez, je sais que tout ceci est terrifiant, mais nous devons nous protéger, déclare Nora avec sang-froid.

- Comment ? En pointant un revolver sur le tueur ? rétorque Jelie avec malice.

- Il n'y a peut-être pas de revolver, mais n'importe quoi peut nous servir d'arme. Il suffit de faire aller notre imagination.

- Je pense que tu en as déjà fait assez pour aujourd'hui, tu ne crois pas ? rétorque Christine. Tu ne devrais même pas avoir l'audace d'être avec nous et nous parler !

- On se calme, rétorque Isa. On est tous dans la même galère. On va s'en sortir ensemble. Et ensuite, quand on sera dehors, chacun de nous devra répondre de ses faits et gestes.

Sur le divan, non loin de Jelie, Arkaig lance des regards vers le groupe, mais il ne les voit plus. Soudainement, il devient pâle et commence à avoir des sueurs d'angoisse.

- Je ne me sens pas bien... dit-il en observant les marques de sang sur le sol.

Brusquement, les volets du salon se referment de manière automatique. L'accès à l'extérieur est désormais condamné. Sous les yeux ébahis du groupe, la lumière s'échappe de la grande pièce les jetant inexorablement dans le noir le plus complet.

- Je suis claustrophobe !!! s'écrie Anaïs.

- Je déteste le noir ! renchéri Christine.

- Oh mon Dieu ! Qu'est-ce qui va nous arriver ? rétorque Isa.

La lumière artificielle éclaire à nouveau la pièce pour le plus grand soulagement des filles. Puis, soudain, l'écran de grand téléviseur s'allume. Une clé de Sol en forme de feu apparaît accompagnée d'une musique digne d'un film d'horreur. Ensuite, un texte s'affiche. Il demande à tous les invités de rejoindre leur chambre à coucher. Les sept se regardent avec ahurissement sans savoir s'ils doivent obéir ou non.

- On doit faire ce qu'il dit, déclare Jelie. On n'a pas le choix.

- Il va nous tuer dans notre chambre ! réplique Arkaig de plus en plus pâle.

- Il faut savoir à qui on a affaire et pourquoi on est là ! continue Isa.

- Faisons ce qu'il dit. Et on se donne rendez-vous ici dans trente minutes. On avisera ensuite, conseille Ben.

- D'accord ! Faisons ainsi répond Christine.

Nora observe les six monter dans leur chambre respective. Personne ne se soucie de savoir si elle les suit. Elle sait qu'elle n'est pas dans leur cœur et elle peut le concevoir vu ce qu'elle leur a fait subir avec l'arme. Mais si elle a fait tout ça, c'était pour déstabiliser Alan dans son plan. Pourtant, à présent, elle ne sait plus quoi penser. Alan est-il vraiment mort ou tout cela fait partie du jeu ? Comment a-t-il pu faire croire à sa mort à Jelie ? Il faut qu'elle découvre ce qu'il se passe ! Après tout, c'est exactement pour ça qu'elle est dans cette maison.

Alors, quelques minutes après ces compères, elle se dirige vers les escaliers et monte à l'étage. Au lieu de prendre le couloir de droite qui la conduit directement vers sa chambre, elle décide de prendre celui de gauche, celui où se trouve l'armoire vitrée qui l'avait tant intriguée un peu plus tôt. Elle suit à nouveau les traces de sang qui y mènent. Mais cette fois, elle remarque que l'armoire est déplacée. Elle peut enfin entrevoir une ouverture vers un escalier secret. C'est donc par-là que le tueur est passé. Elle ne peut pas rester là à ne rien faire. Alors, elle respire un grand coup et décide de voir où ce passage la mènera. Elle sait que c'est risqué, mais c'est peut-être la seule façon de découvrir enfin la vérité. Elle ouvre lentement le passage et se faufile discrètement à l'intérieur. Un long couloir sombre parsemé d'escaliers tortueux la mène jusqu'à une porte en bois. Elle voit à peine où elle met les pieds, mais de la lumière jaillit de la serrure de cette porte. Elle entend des voix. C'est bien celle d'Alan... il est en pleine discussion. Doucement, elle approche son œil pour observer la scène à travers le trou de la serrure. C'est avec stupéfaction et horreur qu'elle voit Jelie embrasser Alan et se complimenter de leur dernier spectacle. Ils sont de mèche ! Choquée, Nora pose sa main devant la bouche pour s'empêcher de hurler. Comment va-t-elle pouvoir sortir de cet enfer ?

Elle n'a pourtant pas le temps de se poser la question. La porte s'ouvre brusquement. Jelie observe Nora avec un sourire en coin.

- Alan ? dit-elle avec assurance. Je crois qu'on a un problème !

Jusqu'à la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant