XXXIX.

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Je pouvais entendre le chant des oiseaux et la chaleur du soleil caresser ma peau. Cette agréable sensation me donna envie de ne jamais ouvrir les yeux. Si c’était le paradis, j’étais honoré de m'y trouver enfin.

Mais face à ces chants, j’entendais des pleurs s'y mêlaient. Et aussi une voix m’appeler encore et encore.
Tout de suite, je compris. Je reconnus la personne.

Il s’agissait detoi

Un soubresaut me réveilla dans un mouvement brusque. Mes yeux s’ouvrirent machinalement et je vis Muglerina qui pleurait contre mon torse, son corps au dessus du mien. Ses mains s’étaient refermées sur ma tunique qu'il avait froissé.

La lumière du jour m'éblouit, je mis une main devant mon visage pour m'en cacher et ainsi, préserver mes yeux. Elle me faisait penser à l’âme éclatante de Muglerina. Beaucoup trop pur pour moi, un être des ténèbres.

—Muglerina ?

J’étais encore enseveli par le sommeil. Ma voix témoignait de ma fatigue.
J’étais bien trop confus pour parler plus que cela. Ma tête me faisait mal et j’étais un peu ailleurs, mon esprit était vaporeux, mais la présence de Muglerina me mit un peu de chaleur au cœur.

—Mon roi !?

Il me sauta presque dessus quand il vit mon regard se porter sur lui. Je manquais cruellement d’énergie mais les baisers de Muglerina dans mon cou me firent sourire doucement.

—J'ai eu tellement peur ! Si vous saviez comme…

Je l'embrassais fougueusement en plaquant ma main derrière sa tête pour tenir ses cheveux argents.

Il se laissa faire et je pus redécouvrir la sensation de ses lèvres contre les miennes. Il m'offrait ce baiser et je savais que je devais regagner sa confiance. Malheureusement, je ne pouvais pas changer ma nature pour autant. Et si Muglerina souhaitait vraiment que je reste à ses côtés, alors il devrait accepter mes particularités. Je restais bien un être de pure souche, et cela ne pouvait pas changer.

Si j’avais mes défauts, il avait les siens. Mais mes sentiments pour lui étaient ce qu'il y avait de plus sincère. Je m’exprimais peu, voir pas du tout sur ce que je ressentais. Mais en cet instant, je me contentais de sa magnifique bouche, avant de séparer nos lèvres.

J’avais besoin de son soutien, qu'il comprenne que cela n’avait rien de sublime d’être un sang pur. Les êtres comme moi étaient incompris et le droit d'aimer leur était impossible.
Mais je chassais ces mauvaises pensées en tentant une approche peu glorieuse.

—Tu croyais qu’une simple ronce allait me tuer ?
—Pourtant, vous…

Je mis un doigt sur ses lèvres pour le faire taire. Mes erreurs n'allaient pas s’effaçaient, non. Mais je venais d’être puni pour ce que je lui avais fait.
Puis, il tenta de parler avant d’être coupé dans son élan, ouvrant ses yeux en grand.

Père !

Une voix enfantine berça mes oreilles, brisant mon instant avec Muglerina. Un petit garçon à la sombre chevelure se jeta sur moi. Il avait de magnifiques yeux rouges, comme les miens. Son visage était fin et délicat, il portait les mêmes traits que celui de Muglerina.

— A-Aerin ?

Je n'avais pas réfléchi pour l’appeler ainsi. Ce prénom était une évidence.
Le garçon semblait avoir cinq ans, pas plus. Je réalisai alors que mon corps avait pris des années à se soigner. J'avais la capacité à m'auto régénérer, mais la blessure avait été importante et profonde, Muglerina n'avait pas fait dans la dentelle, je dus le reconnaître. J’étais resté inconscient pendant plusieurs années, laissant mon compagnon seul avec un enfant dont il ne voulait même pas.

Et cela n’avait pas changé. Il regarda notre fils tristement sans lui adresser la parole.

—Tu as pris soin de maman pendant mon absence ? Tentais-je d’apaiser les choses entre eux.

C’était de ma faute. Entièrement de ma faute. Mais je ne voulais pas que leur relation soit aussi glaciale à cause de mes choix.

—Oncle Arsan a prit soin de moi pendant que tu dormais ! Répondit-il en riant.

Aerin était un innocent petit prince qui ne mesurait pas la portée de ses propos. Muglerina avait confié mon fils à mon propre frère parce qu’il ne le reconnaissait pas comme son propre enfant. J'avais détruit ma famille le soir où je lui avais brisé ses jambes. À cause de moi, Aerin avait été privé d'une mère, et Muglerina de son fils.

Non, je l’avais détruit tout simplement parce que le destin ne voulait pas que les sang purs connaissent le bonheur et la joie d'avoir une… famille. Tout était de ma faute parce que j’étais un sang pur. 

— Je suis désolé, mon roi.

Je ne répondis rien. Je comprenais parfaitement le sens de ces mots. Il culpabilisait parce qu'il n’offrait pas un cadre idyllique à son fils. Mais je ne pouvais pas forcer ce garçon a prendre soin de cet enfant s'il ne s'en sentait pas capable. Je caressai les cheveux d’Aerin et découvris qu'ils étaient similaires à ceux de Muglerina. Bien que plus courts, ils avaient cette souplesse et brillance. Cet enfant était magnifique et je ressentais une certaine fierté de le savoir à mes cotés.

Si le destin que lui réservait la lignée des alphas était sombre, je l’aimais déjà. Et Aerin semblait heureux de pouvoir enfin rencontrer son père.
Pour la première fois, quelqu’un était heureux de me rencontrer… j’ignorais pourquoi mais en le serrant dans les bras, je versais des larmes sur son épaule. Il était à califourchon sur moi pendant que Muglerina resta débout, impuissant à nous regarder l'un contre l’autre.

Muglerina ne portait pas la moindre affection à cet enfant par ma faute. Il me voyait à travers les yeux d'Aerin et sa nature. Mon fils ne semblait pas non plus proche de sa mère. À aucun moment, il s'était tourné vers mon compagnon pour lui parler. Ils se regardaient par moment, mais jamais bien longtemps. Aerin n’avait pas été désiré par Muglerina et moi. Pourtant, je me devais d’apporter à cet enfant un avenir certain pour qu'il devienne un roi exemplaire quand je ne pourrais plus régner. Sa nature ferait de lui un homme violent, en tant que sang pur, j’étais incapable de lui enseigner la sagesse. Mais il aurait cette vaillance et cette loyauté. Et par-dessus tout, j’allais lui apprendre la fidélité. Il n’était pas un sang pur, je pouvais équilibré son être entre lumière et ténèbres.

Alors je donnerai ma vie pour le protéger lui et sa mère. Je ne blâmais pas Muglerina qui avait toutes les bonnes raisons du monde de ne pas porter ce rôle et de me détester. Alors c’était à moi d’endosser cette responsabilité.

Et cela commençait par son prénom.
J’avais longuement réfléchi à comment l’appeler cinq ans en arrière, et pendant mon sommeil. À plusieurs reprises, son visage m’était apparu comme une petite étoile à travers les ténèbres. Je m’y étais raccroché et j'avais décidé de tout simplement lui donner le nom de notre Dieu. Si je ne pouvais rien faire pour sa nature, il ne devait juste pas répéter les mêmes erreurs que moi car aujourd’hui et à jamais, je m'en mordais les doigts. 

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Chapitre publié 2018, corrigé en janvier 2020

L'ALPHA ROYAL ET L'OMÉGA INNOCENT Vol.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant