❝TROIS ; RAVEN❞

5.2K 347 140
                                    

Un mois s'est écoulé, et pourtant rien n'a changé

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Un mois s'est écoulé, et pourtant rien n'a changé. Enfin si, une chose n'est plus pareille : Murphy.

Nous mangeons notre repas par terre, notre plateau sur les genoux. Nous nous sommes installés face à face. Discutant de nos anciennes vies.

- T'es de quelle station ? Je le questionne.

J'avale une bouchée de cette purée de pomme de terre dégueulasse. Bon sang ce que ça a mauvais goût !

- Station Alpha.

Sur le coup de la surprise, je m'étouffe avec ma cuillière de purée et toussote.

- Alpha ? Wow, j'ai un prince comme coloc' ! Me moque-je.

- Pas tant que ça, en fait. Ma famille faisait partie des moins privilégiés d'Alpha. Et toi, t'es d'où ?

- Méca.

Un sentiment d'infériorité me gagne malgré moi. Après tout, nous ne sommes plus que deux criminels condamnés à mort : nos origines ne comptent plus. Une question me taraude pourtant, qu'est-ce qu'un citoyen d'Alpha peut avoir commis pour se retrouver à l'Isolement ?

- Dit donc le bad boy, qu'est-ce qui t'a valut ce séjour dans ce palace ? Raille-je nonchalamment en ouvrant les bras pour montrer notre cellule.

- J'ai piqué des trucs, répondit-il en jouant des sourcils. Et toi, vient pas me dire que t'es une fille modèle !

- C'est une très longue histoire mais en gros pour vol et refus d'obtempérer.

- J'te ferais remarquer qu'on a tout notre temps pour raconter les longues histoires, Koda. C'est quoi la tienne ?

Je lui conte donc mes péripéthies. Ma mère, son suicide non planifié, mes deux journées de cavale. Je n'avais pas dormi pendant deux jours, je devais rester éveillée et être prête à courir. Courir, m'évader. C'est une chose qu'on peut rarement se permettre, sur l'Arche. Trop peu d'espace, couloirs bondés. Mon emploi à la maintenance me valut plusieurs fois d'accéder à des zones fermées pour travaux, donc déserts. Je me dépêchais de terminer ma tâche pour perdre le reste de mon temps à courir, me dépenser. Je rêve d'aller sur Terre pour pouvoir ressentir ce sentiment de liberté que je ne ressentirais plus jamais. Mais je divague, je me perds dans ce que je dis et laisse échapper mes réflexions sur la course à John.

- Mais j'suis désolée, je m'égare.

- T'inquiète, j'suis là depuis un bail. J'ai pas pu discuter comme ça avec quelqu'un depuis des mois. Et j'ai plus aucun rêve, moi. Tout ce qui me reste c'est écouter ceux des autres.

Je me sentis si mal pour lui à cet instant. C'est horrible de ne pas avoir de rêve, de but à accomplir. Pour des condamnés comme nous, ça ne servirait qu'a nous faire encore plus de mal me diriez-vous, et vous avez pas tort.

(1) HEAVEN | j. murphy (✓)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant