❝TREIZE ; TOURMENTS❞

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Le sommeil est mon ennemi

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Le sommeil est mon ennemi. Si je m'endors, plusieurs hypothèses s'offrent à moi. La première : le brouillard entre, et je meurs dans d'atroce souffrance. La deuxième : le brouillard est parti et non seulement je ne le remarquerais pas, mais les natifs me trouveraient bien vite et me tueraient. J'ai mal à la tête, mal au cœur, mal aux jambes, mal partout. Mes paupières sont aussi lourdes que du plomb. Cela doit faire une journée que nous sommes partis. Ce qui signifie qu'hier, même heure, Atom est définitivement parti. Je n'étais pas particulièrement proche de ce type, mais maintenant j'ai sa mort sur la conscience. C'est pas nouveau, puisque ma connasse de mère est morte à cause de moi. Eh oh, mais qu'est-ce qui m'arrive ?

- I can't sleep, I hope I stay awake..

Je souffle ces paroles comme une enfant chante une comptine pour se rassurer. Je vais bien finir par rassembler mes esprits. À l'aide d'un caillou, je grave mon nom sur mon arme (qui s'avère être un M16, selon l'inscription sur la gachette).

 'Cause I've been running running running all day..

Inspire, expire. Inspire, expire. Mon arme se soulève au rythme de ma respiration. La panique serre encore mon cœur et mes poumons.

- Long nights, no peace, I feel like everybody's eyes on me...

Je répète ces vers encore et encore, jusqu'à ce que je reprenne le contrôle. Et voilà une chose de faites. Procédons par étapes logiques : garder son calme, c'est fait. Maintenant, comment vérifier le climat extérieur sans se faire avaler par le brouillard ? J'ignore ce que cette brume à bien pu faire à Atom, mais une chose est certaine c'est qu'il en est mort. De toute façon, si je ne vais pas jeter un coup d'œil, je vais crever ici de soif ou de faim au bout de plusieurs jours.

Je me lève donc en grimaçant, toute courbaturée de la nuit dernière. J'avance doucement, prend mon temps. Aussi bizarre que cela puisse paraître, je n'ai pas envie de mourir. À mon grand soulagement, la brume a disparu. Un rire nerveux m'échappe, puis je me plaque la main contre ma bouche. Les natifs doivent déjà être de sortie, autant ne pas leur rendre la tâche plus simple en leur désignant mon emplacement.

Je prend soin d'ôter le cran de sécurité afin d'être prête à tout. J'avance rapidement et à grands pas. Seulement, cela ne sera pas suffisant si des natifs me tombent dessus. Alors je me remet à courir, malgré la vive douleur qui me parcourt tout le corps.

- Ok Koda. Si tu veux survivre, faudrait peut-être prendre ton mal en patience. Murmure-je pour moi-même.

Je parcours déjà une bonne distance (peut-être trois-cent mètres ?) avant de tomber sur un corps. C'est celui d'Atom. Je ne peux qu'être soulagée que ce ne soit pas quelqu'un d'autre. Ma conscience n'aurait pas supporté une mort de plus. Je m'apprête à reprendre ma route lorsque je constate un trou béant dans sa poitrine. Des natifs sont passés par ici.

Je pointe mon arme dans le vide et inspecte les environs. Aucun signe de vie. Seulement, les natifs se manifestent lorsqu'on s'y attend le moin et maîtrisent l'art du camouflage. Comment se battre contre un ennemi invisible ?

J'aurais voulu emmener le corps d'Atom. Lui rendre hommage comme il se doit, puisqu'il est mort par ma faute. Mais je peine déjà à soutenir mon M16, comment pourrais-je transporter ce type jusqu'au campement qui doit bien être à trois heures de marche ? Je me résigne à abandonner Atom une seconde fois. À en croire le dicton, "une fois pas deux". Celui qui a dit ça peut aller se faire foutre.

Je poursuis mon chemin. J'ai chaud, j'ai peur, je cours. Mon tshirt a beau être trop grand, il me colle à la peau à cause de la sueur. Beurk. Quelle idiote je suis d'avoir laissé ma veste au campement !

C'est lorsque je commence à tituber que ma panique s'intensifie, si cela est possible. Je vais devoir m'arrêter, je n'en peut plus. Mais tu vas mourir si tu t'arrêtes. Je n'ai pas le choix, je vais m'écrouler d'épuisement. Murphy continuerais d'avancer, lui. Alors je m'appuie quelques minutes contre un arbre. J'ai faim, j'ai soif. J'ai l'impression que des regards pèsent sur mes épaules. Puis je me remet en route, espérant me diriger vers le campement et non vers la base des natifs.

___

Le soleil commence à peine à se coucher lorsque j'aperçois le mur du campement enfin achevé. Je n'ai même plus la force de hurler de joie (j'ai retrouvé ce putain de campement) et pique le sprint de ma vie jusqu'à l'intérieur de l'enceinte. Deux garçons sont de gardes, et me laissent passer

- Koda est rentrée ! S'écrie Monroe, alertant le reste du groupe.

Arrivée à bon port, je me laisse tomber sur le sol terreux et sec. J'ai le visage barbouillé de terre, le pantalon déchiré par les ronces à certains endroits et les bras écorchés. Je respire profondément, soulagée d'être en sécurité. La foule se rameute autour de moi, Monroe et Finn me soutenant par les aisselles. Je pourrais dormir pendant des jours et des jours.

- KODA !

John bouscule quiconque se trouve sur son chemin et me prend dans ses bras. Je sanglotte doucement, encore sous le choc de ces dernières vingt-quatre heures. John est vivant. John va bien. Je vais bien. Murphy me prend le visage entre ses mains et m'embrasse.

- Ne me fais plus jamais un coup pareil, tu m'entends ? Plus jamais !

Je succombe à la fatigue dans ses bras (encore une fois).

Je succombe à la fatigue dans ses bras (encore une fois)

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(1) HEAVEN | j. murphy (✓)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant