❝DOUZE ; LE BROUILLARD❞

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Bizarrement, les gémissements de Jasper ne me gênent même plus

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Bizarrement, les gémissements de Jasper ne me gênent même plus. Après la découverte des natifs, Bellamy a décrété que chacun d'entre nous fourniront des efforts afin de monter un mur autour du campement et trouver des armes. Lorsque je m'avance vers le stock de matériaux, Bellamy me stoppe encore une fois.

- Je ne me souviens pas t'avoir assigné au mur, remarque le chef.

- Je ne me souviens pas t'avoir autorisé à me toucher.

Je me dégage de sa prise et Blake me lâche le poignet à contrecœur.

- Rejoins Monty. On a besoin de walkie-talkie, un moyen de communication nous est indispensable.

Je roule des yeux et me résigne à rejoindre Monty.

- Au fait, Bellamy, ajoute-je, ça m'étonne que Murphy et toi n'ayez ne m'ayez pas encore demandé d'enlever mon bracelet.

Je donne un petit coup sec sur l'émetteur qui relie nos signes vitaux à la station médicale de l'Arche et regagne la navette, de mauvaise humeur.

- Qu'est-ce qu'il y a ? S'inquiète Monty alors que je cogne le mur métallique.

- Bellamy. Marmonne-je en grinçant des dents.

- Ah oui, d'accord.

Jasper gémit une énième fois. Je me précipite vers lui et plaque ma main sur sa bouche pour le faire taire. Si John l'entend de nouveau, il pourrait bien le tuer. J'orre ma main de son visage et lui carresse les cheveux. Ce mec ne m'a jamais rien fait de mal, et je doute qu'un soit capable de faire mal à une mouche. Il n'avait que traversé la rivière, selon Monty. La rivière serait-elle une frontière ? Je jette un coup d'œil à l'asiatique : toujours occupé à sa radio. Vivement que je me casse d'ici, avant qu'il ne me demande de l'aide. Cela m'ennuie terriblement de rester enfermé toute la journée pour réparer quelque chose, il y a tellement mieux à faire dehors ! Je sors de la navette et pris une arme dans le dépôt, une petite cabane de bois.

- Qu'est-ce que tu fais ?

Je fais volte-face brusquement, surprise. C'est Octavia, aïe.

- Je vais chasser.

Au moins, je joue carte sur table. Natifs ou pas, je n'ai même pas eu l'occasion d'aller plus loin que le campement. Octavia me fixe droit dans les yeux, puis m'approuve d'un signe de tête.

- Ton copain et mon frère sont occupés à balancer des trucs dans des arbres. Je serais toi, j'me bougerais si j'voudrais partir sans me faire chopper. Me conseille-t-elle en m'offrant un sourire complice.

Je saisis une arme à feu et vérifie qu'elle est chargée. Je rend son sourire à la jeune Blake et la remercie avant de m'éclipser. Je les aurais bien prévenus : ici je ferais ce que je veux. Je m'apprête à quitter l'enceinte du campement lorsqu'on m'attrappe par le poignet. Mais qu'est-ce qu'ils ont avec mon putain de poignet ?

- Tu vas où, là ? Questionne Atom, dans son rôle de chien-chien de Bellamy.

- Enfin ramener de quoi bouffer, je lui rétorque, tu vas me dénoncer peut-être ?

Il réfléchi un instant, puis dégaine sa propre arme.

- Je t'accompagne, mais faut faire vite. Accepte-t-il à contrecœur.

___

Chaque crissement des feuilles sous nos pas me font frissonner. Chaque petit bruit me fait penser à deux choses : les natifs vont nous entendre, ou la cause de ce bruit est un natif. Je serre mon arme à en avoir les jointures blanches. La pression est si forte que j'en ai mal au crâne. L'adrénaline courant dans mes veines me démange. Bon dieu ce que c'est bon d'être dehors.

- Pourquoi est-ce que tu m'aides ? Je lui demande soudain. T'es un des chiens de garde de Bellamy, non ? Et il me semble qu'il t'apprécie plus trop depuis...

- C'est bon, je sais merci, me coupe-t-il, mais j'en ai marre de rester à rien faire. T'a plus de couilles que moi d'être partie chasser sans rien dire.

- Toi aussi tu t'es cassé sans prévenir personne.

- Parce que je t'ai vu et que j'ai eu peur de me faire défoncer par Bellamy et Murphy parce que je t'aurais laissé partir.

Je ne répond rien, Atom a tout dit. En revanche, Bellamy ne serait furieux que parce qu'il perdrait une mécano, il n'en a rien a faire de moi, et je le lui rend bien. Octavia est sympa, mais son frère peut aller se faire...

- T'entend ça ?

Un cor de chasse viens interrompre mes pensées. Pendant un instant, mon cœur s'arrête. Un épais brouillard orangé se dirige droit sur nous.

- Cours, bordel ! Je crie à Atom, prise de panique.

C'est ainsi que nous nous lançons dans une course effrénée contre la mort. Je sprint comme je le faisais dans mes rêves les plus fous, sauf que contrairement à mes songes, je cours pour sauver ma peau. Derrière moi, Atom se prend les pieds dans des racines. Putain non, pas maintenant ! Je m'arrête pour l'aider, lorsque son regard suppliant croise le mien, terrifié.

- Continue sans moi, COURS !

Atom est déjà mort. Les natifs ont peur de cette brume. Ce n'est pas pour rien. Les animaux courent dans la direction opposée, fuyant la faucheuse. Si je ne m'enfuie pas, je suis comme Atom. Je n'existe déjà plus. Alors je pince les lèvres et détale comme une lâche. Je me réfugie dans une petite grotte, espérant que le brouillard n'y entre pas. Dans le cas contraire, je vais mourir.

___

Je plaque mon dos contre la paroi de mon refuge et m'y laisse glisser. Mes yeux s'embument de larmes qui dévalent sur mes joues, aussi brûlantes que ma défaite. Oui, ma défaite. Atom est mort, et c'est de la faute. Ses cris de douleur ont retentis jusqu'à ma grotte. Je n'ai pas passé outre ses ordres de l'abandonner, je ne l'ai pas aidé : je me suis enfuie, comme mon père l'a fait des années auparavant. Ma respiration se faut saccadée et douloureuse, mon cœur se remettant difficilement de ma course. Assise dans le coin de la grotte, je serre mon arme contre mon cœur, prête à m'en servir. Contre qui ? Contre quoi ? Aucune putain d'idée.

Je suis seule, alors je me lâche. Je chiale, gémis, émet ce genre de son indescriptible qu'on fait lorsqu'on pleure, je hurle ma douleur. Douleur d'être condamnée, douleur d'être seule lorsque cela va se passer. Bordel, John. Est-ce qu'il va bien ? S'il survit et qu'il s'aperçoit de mon abscence, qu'est-ce qu'Octavia va bien pouvoir lui dire ? Qu'elle m'a aidé à m'éclipser ?

Il a promis de ne jamais partir sans moi. Et moi je suis partie sans lui.

 Et moi je suis partie sans lui

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(1) HEAVEN | j. murphy (✓)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant