❝QUATRE ; RIEN QU'UN AUREVOIR❞

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Une nuit, je fus réveillée par le type d'à côté, Momptychou si ma mémoire est bonne

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Une nuit, je fus réveillée par le type d'à côté, Momptychou si ma mémoire est bonne.

- Hé, les mecs ! Réveillez-vous, c'est l'heure !

John s'est levé péniblement de son lit en grognant, se débattant rageusement dans ses draps.

- Bon sang, l'heure de quoi ? Râle-t-il.

- C'est Wilson.

John va contempler les couloirs de l'Isolement depuis sa cellule. Je viens le rejoindre en me posant mille questions, maid je n'en pose aucune. Murphy, Monty et son acolyte ont des mines de déterrés. S'il y a bien un moment pour la fermer, c'est celui-là. Des gardes viennent chercher un grand gaillard Noir dans la cellule d'en face. Le prisonnier garde le dos droit et la tête haute. Il ne vacille pas, ne perd pas ses moyens. C'est lorsqu'une larme roule sur sa joue que je comprend. Ce garçon a dix-huit ans ce soir. Ce garçon va mourrir.

Je ne connais pas ce Wilson. Je ne l'ai jamais vu, n'ai jamais entendu parler de lui. Alors j'ai posé une main sur l'épaule de John, et j'ai repensé à ses paroles. Ta voix n'est pas si désagréable à entendre. Peut-être puis-je faire un dernier cadeau à ce condamné.

- Ce n'est qu'un aurevoir mes frères, ce n'est qu'un aurevoir... Oui nous nous reverrons mes frères, ce n'est qu'un aurevoir.

Je répète ces paroles en boucle et en boucle. Au bout d'un moment, Murphy me suit, puis Monty, puis le camarade de chambre de Wilson, puis bientôt tout l'étage. Je suis surprise lorsque les pensionnaires de l'étage supérieurs entament l'air avec moi. Le jeune homme me jete un dernier regard plein de remerciement puis disparaît dans l'encadrement du sas d'exécution. Lorsque sa silhouette est hors de notre vue, tout l'Isolement est plongé dans le silence. Mon ami retourne se coucher d'un pas lent et déprimé, le regard perdu dans le vide.

- Wilson était ici depuis sa naissance. Un deuxième enfant, explique John.

Je ne dis rien, il n'y a rien à dire. Ce type a été exécuté pour avoir commis le seul crime de venir au monde. Qu'y a-t-il de plus injuste ? Je sens les larmes monter. Murphy me faut signe d'approcher. Je ne comprend pas ce qu'il attend, au début. Puis je viens me glisser sur sa couchette, en cuillière. À présent, je sanglotte doucement.

- C'est pas que je pleure p-pour lui, m-mais... c'est que j'ai peur que ce soit t-toi ou moi la p-prochaine f-fois... murmure-je alors que mes larmes mouillaient l'oreiller.

- Je sais.

John me caresse les cheveux. Moins maladroitement, cette fois-ci. Bon, je parie qu'il s'est prit les doigts dedans plus d'une fois mais ça ne fait rien. Le lendemain, je me réveille sur sa couchette, les joues encore humides de la nuit dernière.

___ 

Nous mangeons notre petit déjeuner en silence. Je ne serai certainement pas la première à parler.

- Bien dormi ? M'interroge-t-il comme si de rien était.

Non, je n'avouerais pas que j'ai mieux dormi cette nuit que toutes les autres nuits de toute ma misérable vie. Non Koda, non. Je hoche la tête et m'attaque à ma tranche de pain.

Lorsque nous avons fini de manger, Beverly passe reprendre nos plateaux. Il ose encore s'aventurer dans ma cellule, celui-là ?

- C'était bien mignon, votre truc. On dort plus comme ça depuis belle lurette avec ma femme ! Ricane le garde.

- Ta gueule Bevy, ou j'te fais manger ton badge de garde.

La baleine de pipe plus mot et se dépêche de partir. Au moins, mes menaces font effet, c'est déjà un début d'autorité sur cette chose. Au moins, Bevy nous a rendu le service d'aborder le sujet.

- Ça voulait rien dire, affirme-je précipitemment, on était déprimé et on avait besoin de, euh...

- D'une présence, achève-t-il, t'a sans doute raison. Ça voulait rien dire.

La journée s'écoule lentement et plud le temps passe, plus la petite voix dans ma tête me répète que ça voulait peut-être dire quelques choses en fin de compte. Même si moi je pense que Murphy m'a demandé de me rapprocher parce que je suis la seule personne qu'il aie pu approcher en dehors des gardes depuis des mois ? Alors que la voix me répète qu'il aurait très bien pu ne rien me demander du tout, que ce n'est pas le genre de personne dépendante au contact humain. Saleté de conscience.

Après l'exctinction des feux, je me suis assise sur mon lit, le dos collé au mur. Ma tête bascule vers l'arrière, mais je ne m'endors pas. Je réfléchi. Je me souviens d'une chose que mon père répétait souvent.

" Les anciens croyaient à un endroit qu'ils appelaient paradis. Heaven, en bon anglais. On en parlait tout le temps, même les chansons. J'sais plus dans laquelle c'était, mais la femme disait "heaven is a place on earth with you". Dommage qu'on soit pas sur Terre, tu crois pas, Koda ? Nous on est condamné à ne jamais connaître le paradis. Si tu f'sais pas autant de conneries à l'école, t'aurait le potentiel pour y aller, sur Terre. Alors arrête ton comportement de princesse et concentre toi sur ce putain de devoir de math."

Mon père serait pas étonné de me voir enfermée. Il me traitait toujours de bonne à rien, mais ça je m'en fichais. Maintenant, je n'ai plus aucune chance de la voir un jour, la Terre. Si le paradis est quelques parts sur cette planète, pourquoi nos ancêtres ont-ils causés sa perte ?

- Trois sous pour tes pensées. J'entend dans le noir, la voix provenant de la couchette de Murphy.

- Qu'est-ce que ça veux dire ?

- J'sais pas, ma prof me disait ça tour le temps quand j'écoutais pas en classe.

John vient me rejoindre et s'installe à mes côtés.

- Alors, à quoi tu penses ? Insiste-t-il.

- Mon salopard de père me répétait toujours que le paradis était quelque part sur Terre, avec quelqu'un qu'on aime. J'me demande pourquoi on a détruit le paradis.

- Chacun son paradis. Pour le moment, moi j'suis bien ici.

J'aborde à présent un grand sourire. Heureusement qu'il ne peut pas le voir, John m'aurait charié là-dessus. J'hésite un moment, puis j'ajoute :

- Je pensais aussi que j'avais très bien dormi, hier soir.

Je pose ma tête sur son épaule et ferme les yeux. La Koda d'avant m'aurait sûrement hurlé "mais tu te crois où, chez les bisounours ! tu vas crever ici !" et la moi de maintenant lui aurait rétorqué "ta gueule, je profite d'une agréable compagnie avant que je crève comme tu l'as dis !"


 La Koda d'avant m'aurait sûrement hurlé "mais tu te crois où, chez les bisounours ! tu vas crever ici !" et la moi de maintenant lui aurait rétorqué "ta gueule, je profite d'une agréable compagnie avant que je crève comme tu l'as dis !"

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Encore une fois j'poste plus tôt que prévu skrtskrtskrt j'suis en feu là

(1) HEAVEN | j. murphy (✓)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant