2 - Le paradis

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Plic.

Plic.

L'eau coulait de façon régulière. Elle tombait par petites gouttes sur le sol. Un sol en marbre. Où était donc le sable ?

Le vent soufflait un peu, une légère brise, fraiche. Normalement, c'était une chose introuvable dans le désert. Comme un grain d'or mélangé entre les grains de sable, à retrouver à tout prix.

« Leo... Réveille-toi, mon tendre... »

Plic.

Plic.

Deux perles bleues apparurent, dévoilées par deux paupières blanches.

Leo ouvrit les yeux, peinant à comprendre pourquoi il entendait cette eau tomber. Son regard turquoise était flou, brumeux. Il n'arrivait pas à savoir à qui appartenait cette voix. Cette voix suave, douce, et en même temps virile et forte. C'était une voix d'homme. Un homme lui parlait.

« Ne bouges pas, tu es encore faible. Bien trop faible, je trouve. Bois, c'est du suc de fruit, ça te redonnera des forces. »

Une grande main passa derrière sa tête et la soulevait un peu. Un petit bol se pressa contre ses lèvres sèches et le blond eu le réflex de les ouvrir, laissant passer un liquide épais mais pourtant délicieux, sucré.

Les yeux du jeune homme se levèrent un peu. Il ne voyait que la silhouette de la personne qui semblait lui parler. Un grand homme. Il n'arrivait pas à voir son visage, le soleil au dessus d'eux l'aveuglait de trop.

Ses yeux se refermèrent. Il avait la tête lourde, les paupières lourdes. En réalité, tout son corps était lourd. Il se sentait, d'une façon étrange, en parfaite sécurité. De l'ombre se fit au dessus de lui, il le sentait mais n'ouvrit par pour autant les yeux, trop fatigué.

Plic.

Plic.

Cette fois ses yeux s'ouvrirent en grand et d'un seul coup. Leo se redressa et regarda autour de lui d'un air ahuri. Il était sur un lit, un lit moelleux, une chose dont il n'arrivait même plus à se souvenir depuis longtemps. Avait-il au moins déjà dormi dans un vrai lit pour s'en souvenir ?

Il regarda longuement le matelas puis un bruit lui fit tourner la tête : une femme. Une femme se tenait devant lui et lâcha même son plateau en le voyant éveillé, ne s'y attendant apparemment pas. Après avoir tout ramassé en vitesse, elle se rapprocha et posa le plateau rempli de fruits à côté de lui.

« Je suis désolée, mon seigneur, est-ce moi qui vous ai réveillé ?

— Mon... seigneur... ? Qui êtes-vous ? »

Sa voix pourtant douce et joyeuse était frêle, fragile, un peu cassée aussi. Il semblait chuchoter chacune de ses paroles alors que ce n'était pas le cas.

« Je suis Seshat. Vous avez beaucoup dormi, vous étiez si faible. Je suis bien heureuse de vous voir en pleine forme, notre dieu sera heureux lui aussi de vous voir ainsi ! Il a attendu longuement votre venue, vous savez ?

— Je... Je ne comprends pas...

— Nous vous avons trouvé dans le désert il y a bientôt trois jours. Vous étiez tombé dans les pommes. Le maître s'est beaucoup inquiété de votre état et est resté presque tout du long à votre chevet.

— Le maître ?

— Le dieu Orion, mon seigneur.

— Je ne comprends toujours pas, je suis vraiment désolé... »

Un rire léger s'échappa des lèvres de la jeune femme, apparemment nommée Seshat.

« C'est normal, ne vous en faites pas. Il va falloir vous habiller, ensuite nous irons voir le maître. A moins que vous voulez y aller nu ? »

Elle arqua un sourcil avec un sourire en coin alors que le blond rougissait et devenait bien vite cramoisi en voyant que le morceau qu'il portait d'habitude à la taille avait disparu et que seule une fine couverture recouvrait ses parties intimes. Il se cacha bien vite de ses mains en remontant le drap alors que Seshat riait encore et allait prendre un pagne.

Elle le fit se lever et se mit derrière lui pour lui mettre, mais malheureusement les mains du petit la gênaient.

« Enlevez-moi ça, s'il vous plait.

— M-Mais...

— Ce serait mieux que d'être nu. »

Leo obéit en considérant la chose et elle l'habilla avec rapidité, la jeune femme avait l'air de faire ça tout les jours.

« Vous êtes bien pudique, mon seigneur. Je croyais pourtant que les esclaves étaient exposés nus pendant les ventes...

— Seulement les esclaves de plaisir... Et, le chef ne voulait jamais qu'on voie mon corps plus que nécessaire... Il disait que j'étais un appel à la luxure, nu.

— Le maître pense la même chose, vous êtes, en effet, très beau. »

Elle lui sourit tendrement et prit un fruit sur le plateau qu'elle avait emmené avec elle et alla le mettre sous l'eau d'un petit bassin qui débordait. C'était de là que venait le bruit de l'eau tombant à terre.

Seshat revient vite vers lui et lui tendit le fruit.

« Mangez, vous avez besoin de force. Je vais vous expliquer un peu de choses. »

Le brune -car, oui, elle avait de magnifiques cheveux noirs ramenés en une tresse peu serrée- se dirigea vers la porte d'où elle était venue et lui fit signe de le suivre.

« Je m'occuperais de vous, quand le maître ne le pourra pas. Je serais en quelques sorte votre femme de chambre. Bien sur, je ne suis pas la seule femme ici. Il n'y a pas que le maître et moi. Si vous avez besoin d'une quelconque aide, demandez à la première personne que vous verrez.

— Où allons-nous ?

— Voir le maître.

— Oh... »

Leo acquiesça et la suivit. Ils passèrent dans toutes sortes d'endroits. Une fois, c'était comme s'ils étaient dans une énorme oasis avec des arbres partout, beaucoup d'eau, le paradis pour tout voyageur du désert.

Une autre fois, c'était de grands couloirs, tous en marbre et richement décorés, Leo avait l'impression d'être dans le palais du pharaon. Il ne savait pas vraiment ce que c'était en réalité, un pharaon. Il avait juste entendu auprès des autres esclaves que son palais était un lieu magique où on ne manquait de rien.

Une autre fois, il y avait du sable et un grand mur d'une substance que le blond ne connaissait pas. Il était transparent, pourtant quand on tendait la main, on touchait quelque chose de dur. Leo était rentré dedans d'ailleurs.

Après s'être frotté le nez, le blond avait regardé devant lui. Il avait tout d'un coup l'impression de voler, devant lui s'étendait les dunes de sable mais cette fois, il n'était pas dedans à perdre la tête, non, il était au dessus.

« Te voilà, Leo. J'ai beaucoup attendu ton réveil, je suis heureux de te voir en forme, mon amour. »

Le jeune esclave se retourna et tomba nez à nez avec un homme.

Un homme très beau et richement habillé.

-ananas🍍
Réécrit le 3/07/2019.

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