23 - Regarde-moi

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« Jour 19

La première partie de la fresque est celle que tout le monde regarde avec admiration. On y voit l'amant du maître, le maître, le bébé. Il y a des gens autour, qui ont l'air émerveillés. Tout le monde est de profil, c'est l'art égyptien, j'en ai vu que deux ou trois chez madame Jade avant mon arrivée ici. Bah vous savez quoi ? Ce n'est pas réaliste du tout. Et ce n'est pas très très très beau ! »

« Senshat ? Comment tu fais le maquillage ? J'y arrive pas...

— Par Râ ! Vous vous êtes bien raté !

— Tutoie-moi, bon sang.

— Et bien dans ce cas là : tu n'es pas bien doué, grand maladroit ! Tu as les yeux noirs !

— Oui bon tutoie-moi mais aie un tout petit peu de respect pour ma maladresse ? »

Senshat laissa échapper un rire tendre et prit un linge propre pour le passer sur les yeux du beau blond.

« Tu deviens bien coquet depuis peu.

— Tu m'as montré comment faire, j'y ai pris goût ?

— Tu essayes de plaire, surtout.

— Peut être...

— C'est merveilleux, tu le sais ça ?

— Je n'ai jamais dit vouloir plaire à Orion. »

Senshat retira le linge maintenant teinté de noir et laissa tomber une petite tape sur le front du blond.

« Ne te moque pas de moi.

— Oui, bon.

— Alors, tu prends le crayon, tu le trempes très légèrement dans de l'eau puis tu passes sur la paupière inférieure très très doucement, d'accord ?

— Oui...

— Il faut prendre le bord tout doucement. Vas-y. »

Le jeune homme obéit et se plaça face au miroir en faisant lentement passer le crayon sur sa paupière inférieure, la main un peu tremblante. Senshat le fixa puis, quand il eut finit, elle lui fit un grand sourire.

« Ça te donne un air rebelle délicieux.

— Est-ce que tu penses qu'il m'en veut ?

— Le maître ?

— Oui...

— Pourquoi donc ?

— Et bien... Il est plus distant, il sourit moins j'ai l'impression, ne me surnomme plus beaucoup... J'ai l'impression qu'il change...

— Pour être sincère avec toi, le maître n'a jamais réellement été comme il te le montrait les premiers jours. Je pense qu'il essayait de se construire une façade, la façade d'un homme parfait, juste pour toi.

— Oh...

— Il est moins... Comment dirais-je ? Niais ? Oui, il est moins comme ça en réalité. Ça te dérange ?

— Non, ce n'est pas dérangeant, c'est simplement... Étonnant, ce n'est plus le même homme, je n'ai plus l'impression qu'il soit aussi amoureux qu'avant...

— En revanche, là, je ne t'autorise pas à dire qu'il ne t'aime pas. Le maître est tellement épris, si tu savais ! Je pense plutôt qu'il s'impatiente, sans te le dire. Tu lui as demandé de commencer le travail il y a plusieurs semaines maintenant, je me demande même si ça fait pas plus d'un mois ou deux que tu lui as dit ça. Et vous n'avez rien fait depuis lors. Même pas de petits attouchements, juste pour le plaisir.

ғleυr dυ deѕerтOù les histoires vivent. Découvrez maintenant