20 - Réserve et grimoirs

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« Jour 1.

Ça y est ! Je sais écrire ! Tu sais, toi, c'est Mademoiselle Jade qui t'a donné à moi avant de m'amener ici. Elle m'a dit que je pouvais y mettre mes secrets... Je ne sais pas vraiment pourquoi elle m'a dit de faire ça mais j'aime bien l'idée, c'est marrant.

A partir de maintenant, cher journal, je serais la détective Neema ! »

La chaleur était plus lourde que d'habitude, aujourd'hui. La bibliothèque restait tout de même fraiche. Il y faisait bon, il y rentrait une lumière douce d'été, l'immense salle était propre et au couleur typique de l'Orient et de ses désert.

Orion ne s'était pas vêtu de son veston ou d'un haut aujourd'hui, un simple pagne entourait sa taille et cachait ses jambes de la morsure du soleil, son torse, lui, totalement exposé. Malheureusement, le dieu du temps ne pouvait guère altérer la météo et faire rafraichir l'ambiance, ils avaient donc les mêmes températures qu'au-dehors, Râ ne l'épargnant pas, lui et ses fidèles.

L'homme à la peau mate referma lentement la porte de la bibliothèque derrière lui et partit en quête d'un livre. Il traversa les allées jusqu'à arriver à un endroit plus sombre de la bibliothèque, aucune fenêtre ne laissant entrer la lumière. On y voyait assez quand on connaissait le lieu mais il restait compliqué de lire les reliures.

Orion passa la grande allée appelée « magie » puis arrive au fond où une pièce attendait simplement de la visite. La porte était discrète, peinte de la même couleur que le mur, et dans cette semi-pénombre, il était dur de la voir sans la connaitre. Il poussa la porte puis rentra dans la pièce en prenant soin de fermer.

Il y avait déjà un peu plus de lumière. Bien que le plafond était beaucoup plus bas que celui de la grande bibliothèque, il restait haut, et c'est à son sommet qu'une simple petite fenêtre laissait entrer la lumière du jour et l'air frais, pour ne pas que la pièce sente trop le renfermé. Orion s'avança jusqu'à la seule étagère qui meublait cette petite pièce et regarda les livres.

On pouvait appeler cet endroit sa réserve personnelle. Personne ne pouvait y entrer, si ce n'est lui et même les domestiques en charge du ménage n'avaient le droit d'entrer. Orion se contentait de passer un coup de chiffon humide de temps à autre pour faire partir la poussière puisqu'il était le seul à pouvoir le faire.

Il regarda les vieux livres et les parchemins enroulés sur eux-mêmes avant de prendre un livre plutôt gros aux reliures et la couverture plus qu'abimés. Il n'y avait qu'un symbole sur la couverture, une tête de chacal. Ce livre avait appartenu, des siècles et des siècles auparavant, à Anubis, dieu des morts et de l'au-delà. Senbi lui avait volé.

Il n'y avait que deux exemplaires et le dieu des morts avait le second en sa possession sans savoir qu'aujourd'hui, c'était l'un des jumeaux qui l'avait.

Orion le feuilleta, passant d'un page à l'autre, il n'aimait pas ce livre. Il était lourd, lourd d'une énergie sombre, repoussante, dure. C'était le livre qui avait maudit son frère.

Le dieu le gardait toujours, au cas où. Tellement de magie, de formules, des choses si puissantes ne pouvaient pas rester sur une simple étagère à la vue de tous. Non, il devait être caché, utilisé et lu avec précaution. Au début, Orion avait cherché un remède, un sort, pour redonner à son frère sa grandeur et son corps passé ; quand il l'eut trouvé ? Il avait jeté la feuille, quelque part après l'avoir mis en boule, sur un élan de colère, de peur aussi.

Peur que cet abruti revienne et lui prenne ce qui lui revenait depuis leurs naissance, qu'il lui prenne son pouvoir, son rôle de dieu ; qu'il lui prenne sa place. Et le savait capable de faire ça.

On dit des jumeaux identiques qu'ils ont une personnalité contraire mais aussi un partage. En effet, les jumeaux partagerait plus que leurs physiques, mais aussi leurs ressentit et souvent, leurs pensées.

La personnalité contraire avait était un fait, là où le premier était doux, l'autre était violent, par exemple. Le ressentit aussi, d'une certaine manière. Du moins, du côté d'Orion, il savait ce que ressentait son frère, durant toute leur jeunesse quand les pouvoirs du dieu du temps se voyaient être plus puissants que ceux de Senbi. Ce dernier, lui, devait pensait qu'Orion était bien heureux d'avoir tout pour lui.

Ce qui était faux.

Orion referma le livre après avoir réécrit certaine ligne sur un papier et emportait celui-ci. Il retourna à sa chambre, s'enferma. Il prit une fiole, sur son bureau et laissa tomber une goutte de la substance rouge qui s'en séparait dans un bac d'eau pure.

L'eau se troubla, bougea aussi puis le visage d'Anubis apparu.

« J'ai fais des recherches. » Commença le dieu des morts sans même saluer son confrère. « Il mourra normalement dans un an.

— Et on ne peut pas l'éviter.

— Quand je réclame un mort, Orion, je le réclame, un point c'est tout. Je ne fais pas d'exception.

— Mais pourquoi ? Bon sang, nous sommes des dieux, nous pouvons tout faire !

— Arrête donc de te conduire comme un enfant égoïste. Tu es encore jeune, pour un dieu, tu as beaucoup à apprendre. Nos pouvoirs ne se contrôle pas toujours, les miens font partit de ceux là. Le fil que je tisse, celui de la mort, attrape des gens, c'est ainsi. Des millions d'âmes endeuillées m'ont priée comme toi de sauver leurs être chères et je ne l'ai pas fait, je ne vais pas non plus le faire pour toi.

— Ce n'est pas un être cher, j'ai simplement besoin de lui.

— Oh, tu joues la comédie ? Quel bel acteur, mon ami. Je ne m'y serais pas attendu, venant de toi, c'est plutôt du genre de ton frère.

— Senbi est mauvais, pas hypocrite.

— C'est toi qui le dis.

— Anubis, je ne te demande qu'une faveur.

— Pour quoi ? Pour avoir l'enfant ? Avec lui aussi, tu joueras la comédie, dis-moi ?

— Te voilà bien sentimental.

— Répond.

— Non je ne le ferai jamais, cet enfant sera mon fils.

— Tu n'en sais rien, tu l'as juste vu dans tes bras, qui te dit que ce ne sera pas celui de Senbi ?

— Tais-toi si c'est pour dire de telles idioties.

— Te voilà bien sentimental d'un coup ? Serais-tu jaloux ou en colère ? Oh attends comment tu dis déjà ? Ah oui c'est vrai : mon doux, mon tendre~ » Fit le dieu en partant dans un fou rire.

« Ce n'est pas étonnant que Râ te déteste, tu es mauvais, toi aussi.

— Ne me parle pas de ce narcissique et de son char luminescent à vous crever les yeux.

— Serais-tu jaloux ou en colère ?

— Je ne te le dirais qu'une fois, petit insolent. Prépare-toi mieux au deuil que ce que tu fais depuis que tu as vu la prophétie, dans quatorze mois et dix-huit jours, je viendrais le prendre. Et n'essaye pas de changer le destin, tu sais bien que ce n'est pas possible. »

L'eau se troubla de nouveau et l'image du dieu disparut. Orion tapa contre le socle en verre qui refermait le liquide translucide dans un élan de colère.

« Vieille enflure ! » Hurla-t-il.

De qui parlaient Anubis et Orion selon vous ?
-missananas🍍
Écrit le 8/04/2020.

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