6 - La bibliothèque

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C'est le lendemain matin que Leo ouvrit les yeux en les frottant un peu, encore endormi. Ses cheveux en bataille prenaient une forme bien étonnante qui pouvait faire rire plus d'un. On ne le voyait jamais ainsi quand il dormait dans le sable, ses mèches abimées restaient tirées en arrière dans une tresse.

Cette nuit pourtant, non seulement il avait dormi sur un vrai lit mais en plus, il avait les cheveux lâches, lavés et défaits de tout nœud. D'ailleurs, le soir après le repas, il s'était regardé dans l'eau du petit bassin et avait souri, heureux de son apparence surement pour la première fois de sa vie.

Le blond se redressa sur le matelas et s'assit en frottant sa tignasse, se leva finalement en regardant autour de lui.

Il se rappela enfin les évènements de la veille. Et se demanda encore si ce n'était qu'un rêve, bien heureusement, c'était toujours sa chambre, il y avait toujours le petit bassin, les fruits. Tout était là et il en sourit.

Râ avait peut être eu pitié de lui, au final, et avait fait par du fait que Leo était évanouit dans le désert d'Orion.

Orion... Un être bien étrange.

Le jeune homme s'approcha du petit bassin et plongea ses mains dedans avant d'éclabousser son visage avec l'eau. Cette action eut raison de le réveiller complètement et il s'étira ensuite, s'habillant d'un pagne et sortit de la pièce à moitié ouverte à la recherche d'un visage familier.

Il avait attrapé un fruit au passage en tant que petit déjeuner et s'aventurait dans les couloirs pour sortir de ce qu'on pouvait appeler un bâtiment principal.

Il regarda, comme la veille, le paysage changeant en fonction de ses pas et se stoppa dans un couloir en mangeant son fruit, ne sachant toujours pas son nom. C'était le couloir où Orion l'avait amené et un peu plus loin se trouvait sa représentation.

Le blond la regarda longuement avant de toucher son ventre plat et regarder les autres illustrations autour. Il y avait plusieurs autres tableaux dont un où on pouvait reconnaitre Orion et lui levant les bras en l'air. Au dessus d'eux deux se trouvait un bébé, un bébé aux cheveux blancs comme le dieu et à la peau caramel, plus claire que celle du dieu, grâce à la peau blanche de Leo.

« Selon la prophétie peinte sur ce mur, ce sera un enfant prodigieux. Aussi fort que son père et aussi bon que toi, il aura un grand cœur et des pouvoirs très forts. Un vrai bijou. »

Leo sursauta et se retourna vivement vers la voix. Il ne vit pourtant personne, en revanche, contre le mur, il vit simplement un scorpion.

Après avoir fixé l'animal sans rien dire, l'ancien esclave passa son chemin et avança plus loin que la dernière fois. Il suivit le couloir jusqu'à ce qu'une grande porte lui fasse face. Il l'a poussa et ne vit rien. Comme si la pièce avait disparue.

La porte fut refermée, il fit demi-tour et se rendit à la salle où le dîner s'était passé.

La porte de droite était ouverte laissant voir une petite terrasse sur laquelle on pouvait voir un dieu aux cheveux blancs en train de lire sur une chaise.

« Qu'est ce que c'est ? » Demanda le jeune blond en montrant l'ouvrage du doigt, faisant sursauter le dieu.

« Tu m'as fait peur, Leo. C'est un livre. C'est de là que viennent les contes que tu aimais écouter.
- Ah oui ? »

Tout d'un coup intéressé par cette chose bizarre en forme de carré, il s'approcha et regarda à l'intérieur.

« Mais... Y'a que des gribouillis.
- Non, c'est juste que tu ne sais pas lire. Tu veux que je t'apprenne ?
- Je veux bien. »

C'est ainsi que commença réellement la journée de Leo. Il apprit à lire en compagnie d'Orion toute la journée durant. A table, ils se mirent côte à côte et non face à face comme la veille. Orion lui apprit en premier les lettres pour les différentes prononciations.

Le petit blond ne comprenait pas tout mais faisait de son mieux. A la fin de la journée, alors qu'il récitait l'alphabet en avançant à côté du dieu dans ce couloir familier, Orion se stoppa vers la porte.

« Tu as essayé d'entrer, n'est-ce pas ?
- Je n'aurais pas dû ?
- Oh, il n'y aucun mal, ne t'en fais pas. Mais cette pièce m'est réservée, c'est pour ça que tu n'as rien trouvé, seules les personnes que j'accepte aussi peuvent voir ma bibliothèque.
- Bibliothèque ? »

Le dieu lui sourit simplement et poussa la porte. Derrière celle-ci se trouvait une immense bibliothèque. Ce que Leo pensait comme une pièce en construction ou détruite était en fait magique. Au final, tout l'était ici.

En voyant tous ces livres les uns à côtés des autres sur autant d'étagères, ses yeux en sortaient de leurs orbites. C'était si étonnant. Certains étaient immenses, d'autre petits.

Orion alla poser le livre qu'il lisait le matin même sur une table de travail où s'en empilaient d'autres et fit signe à son protégé d'approcher.

« Quand tu arriveras un peu à lire, je te donnerai des livres venant d'ici et tu pourras en prendre à ta guise quand tu sauras parfaitement lire et comprendre.
- Vous avez tout lu ? »

Un rire doux passa la barrière des lèvres du dieu qui secoua la tête.

« J'ai beau être très vieux, non, je n'ai toujours pas fini de lire tous ces romans et ces encyclopédie. Mais j'en ai lu bien assez pour savoir beaucoup de choses.
- Moi aussi je veux savoir beaucoup de choses...
- Et bien tu n'as plus qu'à t'entraîner et lire, mon tendre.
- Je ne peux pas vivre aussi longtemps que vous, comment voulez-vous que je puisse lire tout ça ?
- Non, non, non. Tu ne pouvais pas vivre aussi longtemps que moi. Je te l'ai dit, Leo, ici, nous sommes coupés du monde et du temps. Une semaine à l'intérieur de ce palais est presque un siècle à l'extérieur d'Onhar. Le temps avance bien plus vite au dehors. Nous, le soleil met beaucoup plus de temps à se coucher.

- Comment ?
- Nous sommes dans notre bulle en quelque sorte. Ce soleil que tu vois, c'est presque une illusion. Approche-toi, en pleine après-midi de la barrière et regarde attentivement. Au début, tu verras notre soleil. Mais si tu te concentres tu pourras voir la nuit de l'autre côté. Quand des voyageurs passent près de nous, ils sont très rapides. Le monde du dehors est plus rapide qu'ici. Dehors, dans dix jours de notre soleil, tu pourrais déjà avoir un an de plus. »

Leo regarda attentivement le dieu, puis l'une des ouvertures qui donnaient vue sur le dehors de la grande pièce.

« C'est complètement fou.

- Mais complètement vrai. »

-ananas🍍

Réécrit le 13/07/2019.

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