Chapitre 13

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-Merde !

-Chut, laisse moi faire, dis Petra en me mettant de la biseptine sur mon arcade sourcilière.

Mes doigts pianotaient sur l'accoudoir du fauteuil de la rousse, qui penchait sur moi, essayait de me mettre un pansement.

-Tch.

Nous devions nous faire passer pour de potentiels clients, repérer le dealer, et communiquer les informations à la brigade chargé de ce secteur. Mais tout ne s'était pas déroulé exactement comme convenu.

Mon costume n'était pas adapté à la situation, et il s'est posé plusieurs questions. Heureusement pour moi, ma fausse identité de simple guide touristique tient toujours. Nous avons pu ralentir le dealer et ses trois acolytes en attendant la brigade, que nous avions prévenu dès notre entrée dans son appartement.

Malheureusement, le combat s'est déclenché. Ne jamais sous estimé un mâle en danger ! Je me suis retrouvé avec des hématomes sur les avant-bras, la lèvre fendue et le sourcil gauche ensanglanté.

-Tu vas être beau comme un sous neuf, se moqua Petra en s'éloignant et en posant la trousse à pharmacie sur la table basse.

-Merci, je marmonne déçu de moi-même.

Je m'enfonce plus confortablement dans son fauteuil, et regarde la télé éteinte en face de moi. La rousse vient s'assoir à côté de moi en soupirant. Elle passe le dos de sa paume de main sur sa tête, et ferme les yeux.

-Et dire que je vais devoir moi aussi, prendre une couverture pour continuer ce métier !

-Si ça ne te plaît plus, bosse en bureau comme Erwin. Ou fais-toi tuer dans ton sommeil.

-Tu exagères, ce n'est pas si dangereux que ça. Ce ne sont que des petits voyous qui croient que la ville leur appartienne.

-Jusqu'au jour où...

-Tu es trop pessimiste ! Me réprimande Petra en me frappant le bras.

-Aïe ! Je geins en retirant mon bras qu'elle avait frappé, regarde où tu frappes.

Ses yeux se posent sur mon bleu, et elle fait un sourire mauvais.

-Il en faut plus pour te faire mal, chochotte.

Je la pousse avec mes pieds et m'allonge sur le canapé, mes jambes reposant sur ses genoux. Elle me laisse faire sans broncher, et joue même avec mes lacets de chaussures. Si Hanji était à la place de Petra, mes chaussures se seraient retrouvées lacées les unes aux autres, et j'aurai été dans l'incapacité la plus total de marcher.

-Si tu devais exercer un métier normal, lequel choisirais-tu ?

Elle réfléchit un instant et finit par lâcher mes lacets.

-Professeur d'anglais. Mais si ta question vise à me donner une couverture, autant abandonner cette l'idée de suite. Tu me vois passer le concours de prof, et m'occuper de faire des cours à des gosses en parallèle à l'Organisation ?

-Ouais non, mauvaise idée. Autre chose alors ? Tu veux travailler avec moi ?

-Va crever.

J'aurai du m'en douter. Petra à un mal incontestable des transports. Des bateaux et des avions, pour être exact. La dernière fois qu'elle est montée dans un avion, elle a vomit pendant les deux heures de trajets. D'après elle, son voisin de siège menaçait de la jeter à travers le hublot.

Pour pouvoir monter à Paris, elle était restée des heures entières dans un train, plutôt que de prendre la voie aérienne.

-Quelque chose qui touche à l'anglais ? Traduire des textes ?

-Je ne veux pas passer mes journées à glander chez moi. Même si c'est pour un travail.

-Guide touristique dans Paris ?

-Je déteste Paris, si je suis là, c'est pour toi.

-T'as pensé à pôle emploi ?

-Tient, non.

Je soupire et me lève en regardant si mes chaussures sont toujours en bon état.

-Allons-y, alors.

-Quoi ? Maintenant ?

-Non, à la Saint Glinglin. Stand up, lui ordonnais-je avec un accent français bien prononcé.

-Mais Livaï, on est dimanche.

Mais bras ballant de chaque côté de mon corps, je gardais ma bouche grande ouverte. J'avais complètement oublié. Et évidemment, ils ne travaillaient pas les dimanche !

-Tu devrais rentrer chez toi. Je te raccompagne ?

-A condition que tu commences à rédiger un CV, exigeais-je en la pointant du doigt.

-C'est toi qui perd l'avantage si je ne t'accompagne pas, Livaï. Tu devras prendre le métro ! S'exclame Petra fière d'elle en croisant les bras.

C'est en rechignant que je constatais qu'elle avait raison. Quelle genre de patron se faisait dicter la loi par ses subordonnés ? Surement pas moi !

Me ressaisissant, je pris ses clés de voitures posées à l'entrée, alors que je la voyais se lever à ma suite.

-Ramène-moi chez moi ! Et ensuite, rédige ton CV. C'est ton patron qui te l'ordonne, Petra.

Faisant une moue boudeuse, elle m'arracha des mains les clés de sa voiture et prit également les clés de chez elle.

A sa suite, je la laissais m'accompagner à sa voiture, puis chez moi.

Au moment de monter à bord de ma péniche, je me tournais vers la rousse qui me faisait au revoir de la main.

-Tu m'enverras ton CV bouclé ce soir, à 21heure grand maximum. Je t'aiderai à modifier certains détails, si tu n'en a jamais réellement fait. Je m'occuperai avec toi, de te trouver une couverture.

Elle hocha la tête, vaincue.

Un Ackerman digne de ce nom, doit savoir ce faire respecter de tous !

En attendant, tu ne réussis pas à te faire respecter d'Eren, chuchota une voix désagréable dans ma tête. Comme si j'avais besoin qu'on me le rappelle.

Un semblant de colère me montant au nez, je lui souhaita une bonne fin de journée, et claquée la porte de ma péniche après mon passage.

Pourquoi tout revenait à lui, tout le temps ? Je ne pouvais pas passer une journée tranquillement, sans qu'il vienne hanter mes pensées ?

Je repensais malgré moi aux événements de la veille. Le gala, mon invitation à danser, le fait que j'ai encore une chance, notre complicité retrouvée. Puis chez lui, sa gentillesse, et moi qui venais tout foutre en l'air en l'embrassant ! J'avais vraiment des airs de crétin...

Pour me changer les idées, je pris mon ordinateur, et alla sur des sites de vente de voitures. Il était grand temps de retrouver mon indépendance !

Et quitte à avoir une voiture, autant en prendre belle. Comme celle que j'avais toujours voulu avoir, quand j'étais enfant. Mais ce n'était pas avec nos moyens qu'en entrant dans la vie active, je pourrais avoir une si belle voiture. J'ai récupéré la vieille Citroen de mon oncle.

Quand j'ai enfin reçu un salaire passable, la première chose que je me suis acheté est une vraie voiture. Que j'ai d'ailleurs gardé plutôt longtemps. Jusqu'à notre déménagement, en fait.

Avec un peu d'argent de la vente, j'avais fais le don à l'orphelinat la veille. Mais depuis la reprise du Castillo et les demandes de l'Etat, je commence à m'en m'être dans les poches.

J'ai pu avoir la péniche à un bon prix grâce à une petite aide financière d'un ami banquier. Ce qui fait qu'il me restait encore une somme assez importante, que ça soit pour me trouver si je le souhaitais, un logement spacieux dans Paris, ou dans mon cas, une voiture !

Et pas je ne voulais pas n'importe quelle voiture.

Je voulais la Jaguar dont j'avais tant envie.

10 Mois 「EreRi / RiRen」tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant