Cela faisait des jours que les deux amis cherchaient la Bête. Toujours sur sa trace, ils arrivaient pourtant toujours avec un temps de retard. Il leur était arrivé deux ou trois fois de trouver les corps ensanglantés de ses victimes, des enfants ou des jeunes femmes. Chaque fois, Suzzie ne pouvant supporter la vue de tout ce sang, préférait cacher son visage dans les plis de la cape de François. Les méthodes de cette Bête étaient les mêmes. Elle lacérait le crâne, prenait parfois une joues ou un bras, et – sans faillir – arrachait intestins, foie et cœur de la dépouille. Parfois même, à la plus grande stupeur – et la plus grande horreur – des habitants, celle-ci retirait un vêtement ou deux du corps, laissant la chaire à nue.
Le Gévaudan prenait peur. Si quelques temps plus tôt, la Bête n'était qu'un vague murmure, sa réputation atteignait désormais jusqu'aux villages reculés. La population tremblait, à l'image des deux jeunes parcourant la région à sa recherche, espérant pourtant au fin fond de leur âme ne pas la trouver. On désertait routes et marchés, ne sortant plus qu'en groupes bien armés. Le bétail ne se rendait plus que très rarement dans les pâturages. Hors, chaque fois qu'un courageux prenait les bêtes pour les faire paître, on finissait soit par croire à un miracle, soit par murmurer une autre attaque, un autre enterrement. L'économie du Gévaudan commençait peu à peu à couler.
De leur côté, les jeunes amis avaient pris la décision de changer d'identité. Ainsi, si le père Chastel passait dans les parages, il n'entendrait pas que deux jeunes portant les noms de Jean-François et Suzanne cherchaient la Bête. Il entendrait plutôt que Paul et Rose-Marie, deux frères et sœurs orphelins rôdaient, perdus, à la recherche d'un foyer pour la nuit. Hors, qui se soucierait, dans cette période de trouble, de deux pauvres orphelins ?
Ils continueraient ainsi leur route, espérant, désespérant trouver des réponses.
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La Bête du Gévaudan
Fiksi Remaja1764. Suzanne avait dix-sept ans lorsqu'elle vit revenir les hommes de son villages avec la dépouille lacérée de sa mère, disparue depuis la vieille. Éventrée, égorgée, la dépouille fut rapidement mise en terre, sans même que la jeune fille ne puiss...