Chapitre 3

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La matinée s'est déroulée sans encombres mis à part l'accrochage avec Caroline. Maintenant c'est l'heure du déjeuner et Adélaïde se dirige vers le self complètement perdue dans ses pensées. La musique à fond elle se laisse porter au gré de la mélodie, oubliant tout le reste, oubliant même d'entrer dans la salle à manger et passant devant comme si elle n'avait jamais existé. C'est ainsi qu'elle se retrouve à l'autre bout du bâtiment normalement désert à cette heure-ci.

Entre deux morceaux elle perçoit des cris stridents. Par curiosité elle enlève ses écouteurs et va en direction des voix qu'elle entend et qui se montrent de plus en plus violentes. Lorsqu'elle arrive sur les lieux des dizaines d'adolescents forment un cercle où à son centre se trouvent deux personnes.

Il y a trop de monde, il est impossible de voir de qui il s'agit alors Adélaïde se risque à demander à un des jeunes présents ce qu'il se passe. Une fille de première année lui explique qu'une des populaires a tenté de faire des avances à un garçon mais qu'elle s'est fait bâché. Ne tolérant pas son échec elle a réagit violemment et le garçon ne se laissant pas faire a répliqué à son tour. Cela fait maintenant dix bonnes minutes qu'ils sont là à se crier dessus ameutant toute l'université.

Tout le monde est euphorique, certains rient à plein poumons, d'autres se montrent complètement choqués par la scène et les propos tenus. Ces derniers sont surtout les sportifs et les gens populaires qui restent en meute et se rient des « petites gens ». Pour une fois que les rôles sont inversés il est normal qu'ils soient perturbés et paumés.

Les insultes fusent, des milliers de mots d'oiseaux volent dans tous les sens et résonnent dans les couloirs. La dispute est des plus enflammées si bien que quelques garçons tentent de retenir la fille prête à sauter au cou de l'autre.

⁃ Lâchez moi bande d'attardés ! De quel droit me touchez-vous avec vos sales pattes de rats d'égout ? Vous allez le payer de votre place dans cette université pourrie !

⁃ Ah, les menaces et les insultes ... seuls poisons qui peuvent sortir de ton immonde bouche de vipère.

⁃ Toi ne recommences pas ou je t'arrache les yeux !

⁃ Mais c'est qu'elle sort les griffes la chienne !

⁃ Tu te prends pour qui monsieur le petit nouveau ? Tu n'es personne ici c'est clair ? Personne tu m'entends ! Alors retourne avec ta petite pute, elle semblait bien te plaire toute à l'heure et si ça se trouve elle ne te fera pas payer qui sait ?

Une claque monumentale s'écrase contre la joue de la gueularde qui est projeté au sol par la force du coup. Plus un bruit ne se fait entendre si bien qu'on pourrait écouter les mouches voler. La foule est tout aussi choquée par ce geste que la victime étalée au sol l'est. Les spectateurs les plus proches jureraient que le garçon se tenant en face de la jeune fille tremble de tout son corps, de rage ou de peur aucun d'eux ne sauraient le dire.

En réponse à son geste le jeune homme recule de quelques pas et avant de partir en séparant l'amas humain les entourant, il se retourne pour regarder sa victime avec les yeux pleins de pitié et de colère.

⁃ Que ce soit bien clair ne lui manque plus jamais de respect en ma présence. Cette « pute » comme tu sais si bien dire, se respecte certainement beaucoup plus que toi. Elle au moins à des valeurs et ce même si personne ne les lui a enseigné. Comparé à toi elle a dû évoluer et trouver sa propre voie, seule, c'est à elle seule qu'elle doit sa réussite et ce qu'elle est aujourd'hui, et pour cette unique raison elle vaut plus que vous tous réunit.

« Tu n'arriveras jamais à sa cheville parce que quoi que tu fasses tu resteras une sombre merde tandis qu'elle, elle tentera toujours tout et se saignera pour devenir quelqu'un de meilleur, quelqu'un que tu ne seras jamais peu importe que tu y mettes toute ta volonté.

« Cette fille mérite mille fois ce que tu as, elle mérite que quelqu'un prenne enfin soin d'elle et lui montre à quel point elle est merveilleuse et forte. Toute sa vie elle a été rabaissé par des connards dans ton genre et aujourd'hui elle n'ose même plus parler à un étranger qui se montre gentil envers elle par peur de représailles. Ça fait longtemps que quelqu'un aurait dû te remettre à ta place, dommage que ça ai été par moi.

À ces mots il s'en va laissant la foule hagarde au milieu du couloir. Une même question est sur toutes les bouches, « qui est ce mec ? ».

On pourrait l'admirer pour avoir dit ses quatre vérités à une pétasse du groupe des populaires cependant un acte de violence n'est en aucun cas justifiable, peu importe combien elle le méritait.

Un professeur est à l'extrémité du couloir et se dirige rapidement vers le regroupement. Ne voulant pas être mêlée à ça, Adélaïde décide de filer discrètement et de se rendre au self, là où elle aurait dû être depuis longtemps.

Toutefois elle n'a pas put voir qui était la fille en question ne pouvant donc assouvir sa curiosité, mais il valait mieux cela que de se retrouver convoqué chez le président du campus pour « non assistance à personne en danger » suite à une agression.

Une fois dans le self et comme à son habitude, Adélaïde s'assoit au fond là où presque personne ne va et où elle est sure d'être tranquille. Elle entame son repas un livre de cours sous les yeux, s'avançant sur le prochain chapitre. Elle essaie d'enregistrer autant d'informations que possible, même sans les explications d'un professeur elle arrive à comprendre facilement.

Adélaïde a toujours eu des facilités à l'école, ce qui l'a beaucoup aidé surtout depuis qu'elle travaille en plus de ses journées à l'université qui sont déjà bien chargées. Ainsi, lire un cours lui suffit pour l'imprimer dans son esprit ce qui lui fait gagner un temps considérable par semaine.

Alors qu'elle est concentrée sur son manuel elle sent quelqu'un s'asseoir en face d'elle. Lorsqu'elle lève les yeux elle reconnaît instantanément l'Apollon du cours de neurologie. Elle pousse un long soupir, va-t-il continuer à la suivre partout ou va-t-il enfin comprendre qu'elle s'en fou de lui – enfin pas tout à fait, mais il vaut mieux pour elle ne pas s'attacher à ce genre de personnes. Elle décide alors de jouer la carte de l'ignorance et se replonge dans sa lecture.

La Fille des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant