Je fus de nouveau réveillée par la lumière du jour. Mais cette fois, aucun sentiment de quiétude ne m'envahit. Je me souvenais de tout sans effort. Comme si je m'habituais à ma présence ici, comme si tout cela devenait normal. Enfin... La première chose qui m'a traversé l'esprit en me réveillant était la cellule. Mais définitivement, le matelas où sur lequel j'étais était beaucoup trop confortable. Par cet aspect, et par celui-ci seulement, il me rappelait mon ancien lit. Sinon, tout me rappelait que je n'étais pas chez moi.
Ça et mon mal de crâne. Je ne savais pas ce qu'il y avait dans les drogues qu'elle me donnait, mais cela avait des effets secondaires. Dont la nausée, la bouche pâteuse et un fourmilière dans la tête. Je me sentais toujours fatiguée mais j'étais incapable de me rendormir. Sûrement l'appréhension de ce qui allait m'attendre quand je serais réveillée pour de bon.
En attendant, je gardais les yeux fermés et tentai de ne bouger aucun millimètre de mon corps pour que personne ne vienne me réveiller. Mais je compris que c'était peine perdue lorsque la voix d'Ayano retentie :
- Tu respire plus vite quand es réveillée...
Sa voix peinée me surpris. Je la sentie s'assoir tout près de moi et soupirer. Quelque chose clochait. Je voulu ouvrir un œil pour vérifier que c'était bien la même personne mais à peine la lumière passa que je dus me faire violence pour ne pas vomir. Je sentis une main se poser doucement et sans conviction sur mon épaule alors que me respiration haletante peinait à se calmer.
- Doucement... Là, ça va aller...
Ces mots, loin d'être réconfortant, sonnaient comme une comptine que l'on avait apprise par cœur, mais que l'on buttait à apprendre. Ma respiration finit par reprendre un rythme à peu près normal, mais la nausée ne me quitta pas.
- Les calmants étaient plutôt forts, tu devrais y aller doucement. Je suis même plutôt surprise que tu sois déjà réveillée, dit-elle sans émotion.
Sa voix me paraissait lointaine et pourtant, chaque mots me vrillait le crâne comme autant de petites piqûres mordantes.
- Je vais aller fermer les volets, dit-elle dans un éclair de lucidité.
Lorsque je sentis la lumière disparaitre, je rouvris doucement les yeux. Ma respiration recommença à s'accélérer mais la nausée, elle ne s'intensifia pas. Ayano revint avec un petit récipient d'eau et se plaça de nouveau près de moi. Je ne savais pas pourquoi elle restait ici. Elle avait sûrement d'autre chose à faire mais elle restait sans bouger, comme si elle attendait un signe ou un miracle.
Même dans le noir je pouvais voir ses yeux bleus glaçants. Ils semblaient transpercer l'obscurité comme une aiguille l'aurait fait pour du tissu. Et, étrangement, c'était la chose la plus rassurante dans cette pièce. Parce que son regard était vibrant de sincérité. On pouvait y lire une infinie peine mais également une franche détermination qui en aurait fait flancher plus d'un. Il faisait parti de ces regards qui auraient pu faire tomber une armée.
Son regard était magnifique.
Je ne pouvais pas le nier. Comme je ne pouvais pas nier que ses cheveux ressemblaient dangereusement à des fils d'or, soyeux et délicats, ou que sa peau de porcelaine semblait aussi douce qu'un nuage. Je ne savais pas vraiment s'il s'agissait des médicaments, mais à cet instant, je trouvais que son visage était l'une des plus belles merveilles qu'il m'est était donné de voir.
Je finis par détourner les yeux, gênée. J'avais le souffle court et je doutais fortement que ce soit l'un des effets du médicament. Mes joues s'empourprèrent et je me cachais comme une enfant sous la couette pour qu'elle ne découvre pas mon embarra. Sauf que, comme à chaque, ça ne marcha absolument pas.
- Qu'est-ce que tu as ? Tu es aussi rouge qu'une tomate... Tu dois avoir de la fièvre. Il faut vraiment que j'apprenne à doser...
J'avais l'impression qu'elle parlait à une animal de compagnie. J'aurais pu être un hamster, ça n'aurait pas changer grand-chose. Je sentis une boule se former dans mon estomac sans que j'en comprenne la provenance. Ayano finit par détourner les yeux doucement. Les effets secondaires commençaient doucement à se dissiper et je voulus attraper le verre posé près de moi, autant par soif que pour me sortir de cette situation.
Sauf que mes mains tremblotantes ne m'aidèrent pas dans cette tâche et le verre finit par me glisser entre les doigts sans que je ne puisse rien contrôler. Je fermais les yeux en attendant l'impact mais rien ne vint. Je rouvris les yeux et découvrait Ayano, le verre dans la main. L'eau continuait d'onduler à la surface mais rien ne semblait avoir été éclabousser.
Son regard de glace posé sur moi me fit frémir. Et je me rendis compte avec horreur que la peur n'avait rien à voir là-dedans. Elle me tendit doucement le verre et m'aida à boire. Je sentis l'eau glisser délicatement le long de ma gorge et se rependre dans tout mon corps avec avidité. J'eus fini bien plus vite que je ne l'aurais voulu et Ayano récupéra le verre pour le reposer. Ses doigts me frôlèrent.
Elle posa de nouveau son regard sur un je ne sais quoi qui semblait la fasciner sans rien dire. Depuis que j'avais atterri ici, je me rendais bien compte qu'elle était celle qui prenait le plus soin de moi. Le temps s'éternisa et quelque chose me poussa à prendre sa main, qui était restée posée sur le matelas.
Ce contact la fit sursauter autant qu'il me déboussola. Ses yeux se tintèrent d'une surprise sans fin alors que de léger tremblements secouaient son corps. Je fus étonnée par la douceur de ses mains. Elle finit par fermer les yeux et redresser la tête alors que de petites perles d'eau vinrent se caler au coin de ses yeux. Sa main se resserra autour de la mienne.
- Je suis désolée, dit-elle dans un souffle, tout cela n'aurait jamais dû t'arriver...
Et pour une fois, ses paroles exprimèrent autant de sincérité que ses beaux yeux.
____________________________
Voilà, un chapitre un peu plus court et un peu différent de d'habitude mais j'espère qu'il vous plaira quand même.
N'hésitez pas à me donner votre avis et à voter, ça fait toujours plaisir.
Bonne lecture à tous et à la semaine prochaine !
VOUS LISEZ
Little Angel
ActionLe monde a atteint un pic de pollution critique, tuant une grande partie de la population mondiale. Mon père est le sauveur de l'Humanité. Ou presque. A 17 ans, et je suis obligée de le suivre dans une mission diplomatique au Japon. Les Yakuzas ont...