Il avait fini par engager une maquilleuse. Elle était arrivée peu de temps après nous et semblait tout aussi à l'aise que moi. Même s'il n'avait plus rien tenté depuis quelques minutes, je n'arrivais pas à passer outre mon mal-être. Il m'avait assis sur un petit tabouret près de lui et avait attendu. Puis de petits coups s'étaient fait entendre contre la porte, il était parti ouvrir et la maquilleuse était apparue. Et depuis... Plus rien.
Il s'était éloigné de nous sans rien dire et nous nous contentions d'attendre comme deux pantins de bois. Le silence devenait pesant mais je ne trouvais absolument rien à dire. Et quand bien même un dialogue merveilleux me serait venu en tête, il aurait fallu que je le traduise en japonais. Et il se trouvait que j'en était parfaitement incapable. Ce n'était pas que mon père n'avait pas fait d'effort pour que j'apprenne cette fichue langue, simplement mon niveau était resté au palier... catastrophique.
Je décidai tout de même de sourire en secouant doucement la main. La maquilleuse, je le savais parce qu'elle portait trois boite de maquillage, se contenta de détourner la tête d'un air agacé. Je laissai retomber ma main et mon sourire dans la seconde. Visiblement engager un semblant de communication n'était pas l'idée la plus brillante que je puisse avoir. En même temps, je n'étais pas sûre d'avoir eu une seule idée brillante depuis que j'étais arrivée au Japon.
Ren posa une main sur mon épaule, me faisant sursauter. Un sourire ravi se dessina sur son visage alors que je tentais de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Quitter cet homme des yeux était une mauvaise idée. A croire qu'il pouvait se glisser dans ton ombre. Il s'adressa à la maquilleuse en lui désignant l'arrière de la salle et elle disparue. Et même si sa compagnie n'était pas des plus agréable, j'aurais préféré qu'elle reste.
Ren passa devant moi et attrapa mon menton avant de tourner ma tête dans tous les sens. Je le laissais faire malgré mon envie fulgurante de me retirer. Quand il eut fini, il se contenta de soupirer avant de me demander de me lever. Il attrapa une de mes main et me fit tourner sur moi-même. Je répondis à son invitation par habitude et me retrouvai à faire un pas de danse dans les bras du criminel. Je jurais silencieusement quand un sourire malicieux se dessina de nouveau sur ses lèvres.
Il me lâcha et s'éloigna d'un pas en mordillant sa lèvre inférieur, toujours fendu d'un sourire moqueur. Je sentis la brûlure de ses yeux passer sur tout mon corps, ne faisant qu'accroitre mon mal-être de manière exponentielle. J'avais l'impression d'être une de ces poupées gonflables laissées aux mains d'un pervers excité. Sauf que moi j'étais un pantin dans l'antre d'un psychopathe lunatique. Et les deux situations ne me réjouissaient pas spécialement.
- Bon à part ton visage ça ne devrait pas être trop dur. Et pour ton langage, il suffira de faire croire que tu es sourde et muette. J'ai vérifié, aucun des diplomates de la soirée ne sait parler la langue des signes. Et malheureusement ton interprète sera tombé malade durant le trajet, impossible pour lui de se présenter à la soirée.
Je fronçai les sourcils sans comprendre. C'était ça la couverture qu'il m'avait trouvée pour que je puisse venir avec lui ? Il n'avait pas trouvé plus crédible sérieusement ? Non pas que la maladie était impensable, mais beaucoup de machines leur permettaient actuellement de communiquer autrement. Comme s'il lisait dans mes pensées, il développa :
- Une élégante jeune fille de ton rang n'avait aucune utilité de se déplacer avec une machine disgracieuse auprès d'elle. Et les femmes sont capricieuses, il a été impossible de te faire changer d'avis. N'est-ce pas ma chère fiancée ?
Je m'étouffai à l'entente de ces mots. Fiancée ? Il n'avait pas trouvé autre chose que ça comme couverture, sa fiancée ? Et pourquoi pas sa sœur ? Ou n'importe quoi d'autre ! Il franchit de nouveau le pas qui nous séparait et caressa délicatement ma joue. Je déglutis sans pouvoir bouger. Car son autre main était venue se glisser dans mes cheveux pour faire pression sur ma plaie.
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Little Angel
ActionLe monde a atteint un pic de pollution critique, tuant une grande partie de la population mondiale. Mon père est le sauveur de l'Humanité. Ou presque. A 17 ans, et je suis obligée de le suivre dans une mission diplomatique au Japon. Les Yakuzas ont...