Chapitre 21 : Famille

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Elle était introuvable. J'étais incapable de retrouver ma propre héritière ! Annabelle avait littéralement disparu. Plus aucune trace d'elle nulle part, que ce soit dans les quartiers protégés ou dans ceux bien moins fréquentable. J'avais bien commencé à chercher en dehors de la ville et même du pays mais mon influence ne faisait pas tout. La plupart de l'humanité la croyait morte ou internée et les seules témoignages que mes hommes réussissaient à récupérer parlaient de fantôme ou de folles vaguement ressemblante.

Mon poing s'abattit sur la table, faisant voler quelques papiers au passage.

La seule piste intéressante qui nous était parvenue venait des Jûsan Hiryuu. Les treize dragons. Qu'ils pouvaient m'agacer ceux-là ! Impossible de les avoir totalement sous mon contrôle. Et s'ils m'avaient donné un renseignement, ce n'était pas gratuitement. Ils avaient récupéré l'arme qu'ils voulaient depuis des semaines. Je l'avais à peine terminé qu'ils m'en avaient demandé l'exclusivité. Je n'avais même pas eu le temps de l'essayer.

Mais ça n'avait mené nul part. Ou plutôt, cela nous avait mené à une impasse. Mais ça avait toujours été mieux que rien, puisque cela avait permis à la moitié de mes agents de ne pas abandonner les recherches. Il fallait dire aussi que je leur faisais courir un risque pour leur vie puisque les gangs n'aimaient pas trop qu'on se mêlent de leurs histoires. Mais je ne leur laissais pas le choix.

Si je ne retrouvais pas Annabelle, j'allais perdre bien plus que ce qu'il n'y paraissait. Entre autres parce que je devais garder de l'emprise sur elle et ses décisions futures. Je savais qu'il n'y avait aucune chance qu'elle ne prenne ma suite sinon. Ceux qui l'avaient enlevé mettaient tous mon empire en danger. Et je ne pouvais pas le permettre.

Sans parler d'Hannah. Depuis qu'elle a perdu sa fille, elle est dévastée. Par mille et une raisons elle ne tient plus debout sans elle. Et dans ce pays, bien trop de souvenirs douloureux lui reviennent en mémoire. J'aimerais pouvoir l'aider à s'en sortir, mais pour ça, je ne suis pas l'homme qu'il lui faut. Je ne l'ai d'ailleurs jamais été. J'avais souvent échoué avec Hannah, et c'était pourquoi je ne pouvais pas la décevoir aujourd'hui.

J'aurais aimé mettre tous les moyens que j'avais à disposition pour retrouver Annabelle. Seulement, elle m'avait fait comprendre que c'était impossible. Et je ne pouvais pas risquer que quoi que ce soit arrive à mon héritière. Elle était trop précieuse pour l'entreprise et pour Hannah. Il était impensable que je ne la récupère pas. Je ne pouvais peut-être pas employer tous les moyens du monde pour la retrouver, mais ceux que j'avais à disposition devraient être amplement suffisants.

La majeur partie de la ville était sous la coupe des gangs. Même si le gouvernement ne cessait de répéter partout qu'il possédait cinquante pourcents de la ville, c'était faux. Sur le papier, cela pouvait encore tenir la route, après quelques accords, et beaucoup de force armée, le gouvernement avait réussi à garder la moitié des territoires du Japon sous leur autorité. Il ne restait plus alors qu'à gagner par la même force les territoires restants.

Sauf que dans la réalité des faits, les forces armées du gouvernement avait été complètement inutiles. Entre autres parce que les yakuzas dominaient les territoires par des moyens beaucoup plus discrets que les armes à feu. Même si la violence n'était pas leur dernier moyen de persuasions, il était très loin d'être le seul. Partout où le gouvernement posait des restrictions, les yakuzas s'arrangeaient pour les contourner.

Durant la grande pollution, ils avaient tellement étendu leur réseau que chaque famille japonaise comprenait au moins un membre affilié à un gang. Autant dire que les autorités n'avaient servi à rien. Quand elles en débusquaient un, une dizaine de personne suppliait pour le remplacer. Les yakuzas avaient le monopoles des masques anti-pollution, et leur membres les plus éminents c'étaient arrangé pour en distribuer un nombre assez important pour que la population les voit comme des sauveurs, mais pas suffisamment, pour que chacun est une raison de vouloir les servir.

Et ça avait très bien marché. Lorsque le gouvernement avait tenté de récupérer le territoire, il s'était retrouvé contre le pays tout entier. Alors si des accords avaient été signés, ils ne venaient certainement pas des yakuzas. Ces accords n'avaient pas d'autre fonction que de protéger l'image du Japon et de son gouvernement. Les yakuzas avaient le monopole de tous les marchés, de toutes les voies de communication et de toutes les marchandises du pays. Mais ça, c'étaient écrit en tout petit en bas de la page. Ce que le monde entier voyait, c'était ce qui était écrit en doré : « Le Japon libéré ».

L'avantage était évident pour tous ceux qui nageait dans le milieu, et le désavantage l'était d'autant plus pour ceux qui n'y avait pas accès. La mafia japonaise était plus organisée, rapide et influente que n'importe quel gouvernement qui voudrait prendre la tête du pays. Et surtout, elle était plus coriace que n'importe quel nuisible. Heureusement pour moi, je faisais complètement partit de ce monde officieux, presque autant que du monde officiel.

Je me levai du bureau et attrapai le verre qui y trônait. Ce wiski était excellent. Je sortis de la pièce dans laquelle je m'étais enfermé il y a deux jours et traversai le couloir d'un pas assuré. J'avais un rendez-vous et je n'avais pas envie de le rater. Quitte à essayer de la retrouver, autant être productif. Et ce n'était certainement pas en restant enfermé que j'allais y arriver. Je sentis mon cœur se serrer quand j'entrais dans le salon.

Hannah était dans un coin, le regard hagard, comme si elle découvrait tout juste ce qui l'entourait. Je savais que lui donner ces pilules était une mauvaise idée, mais je n'en avais pas encore trouvé de meilleur pour la garder sous contrôle. Lorsqu'elle avait appris que je lui cachais des informations sur sa fille, elle était devenue folle. Elle s'était écroulée de chagrin et c'était à peine si elle ressemblait à l'ombre d'elle-même.

Alors, même si pour l'instant elle ressemblait à une enfant perdue, je préférais cela à une mère dévastée. Ne pas avoir son enfant auprès d'elle avait rouvert de vieilles blessures et c'était le seul moyen que j'avais trouvé pour ne pas qu'elle s'effondre. Il fallait que je la protège d'elle-même bien plus que des autres. J'avais simplement dit aux médias qu'elle avait besoin de temps pour se remettre de la tragédie. Pour une fois, ils avaient été compréhensifs. Et assez intelligents pour ne pas s'en prendre à moi.

J'embrassais ma femme du bout des lèvres avant de m'éloigner. Elle réagit un peu et parut étonnée mais ne dit rien. J'aurais aimé qu'elle me chuchote des mots doux, mais je savais que c'était peine perdue. Je soupirais et m'éloignais d'un pas plus décidé encore. Je voulais retrouver ma femme même si je savais que ces mots ne m'étaient jamais vraiment adressés. Je préférais cent fois les mensonges. Ils étaient si doux et délicats, qui ne les préfèreraient pas ?

J'eus à peine le temps d'ouvrir la porte d'entrée que mon rendez-vous se présenta à moi. Trois hommes habillés d'élégants costumes. Ils faisaient très propres sur eux, et semblaient appartenir à la haute société depuis leur plus jeune âge. Leur posture, leur coupe de cheveux, leurs bijoux... tout laissait penser qu'ils étaient de merveilleux gendre. Enfin, presque tout.

Leur prestance, à la fois assez marquée pour en être intimidante, et assez effacée pour se fondre dans la masse, ne laissait pas la place au doute. Ils étaient autrement plus dangereux que de simple aristocrates en costume. Il ne laissait aucun doute que sous leurs costumes bien taillés se cachaient tout autant de tatouages aux significations différentes. Si ce n'est un, qu'ils avaient tous, et qui signait leur allégeance à leur gang. Tora no chi. Le sang du tigre.

Des tueurs. C'était tout ce qu'ils étaient. Des tueurs sanguinaires qui ne connaissaient rien d'autre que l'appel du sang et de leur chef. Ils ne discutaient ni les ordres ni la morale, ils exécutaient leur objectif discrètement et efficacement. Exactement ce dont j'avais besoin en ce moment. De la rigueur et de la discrétion. Il était hors de question que notre petite fête soit gâchée par des invités indésirables. Dans cinq jours, la réception devra se dérouler sans accrocs, et ils étaient les seuls à pouvoir me le garantir. Dans cinq jours, la première étape de leur extermination serait mise en place.

Et enfin, les têtes de ces dragons allaient tomber.

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Vote ?

Que pensez-vous de la prise de distance avec les protagonistes. L'intrigue commence à se placer ce qui promet quelques surprises pour la suite !

Sur ce, je vous dis à la semaine prochaine !


Little AngelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant