La première chose que j'appris fut à tomber avant de me prendre le coup. Ayano n'avait pas menti quand elle avait parlé de m'apprendre le combat. Sauf qu'avant, elle avait besoin d'évaluer mon niveau. Et visiblement elle avait besoin que je me prenne des coups pour ça. Je lui avais bien dit que je ne savais pas me battre, mais elle avait répliqué qu'elle devait savoir par où commencer mon entrainement. Résultat, j'avais arrêté de compter mes chutes au bout de la vingtième. Si son but était sincèrement de voir mon niveau, elle avait largement eu le temps de voir qu'il était inexistant.
Et effectivement, elle me tendit la main pour me relever, signant définitivement la fin de son « test ». Je me relevais sans son aide, estimant que mettre quelqu'un à terre pour finalement lui tendre la main relevait plus de l'hypocrisie qu'autre chose. Inutile de préciser que la seule envie que j'avais à ce moment était de quitter cet enfer au plus vite. Mais la seule chose qu'il m'était permis de faire était de lutter contre mes démons, douloureusement réveillés par la violence d'Ayano. La même personne qui m'avait sorti du cachot où les premiers coups m'avaient été donnés.
Mais c'était également celle qui allait m'aider à sortir de ce putain d'enfer, et j'étais prête à prendre tous les coups nécessaires pour ça.
- Tu ne devrais pas refuser l'aide qu'on te donne.
- La dernière fois que j'ai demandé de l'aide à quelqu'un, je l'ai payé très cher, répondis-je les dents serrées.
La dernière fois que j'avais demandé de l'aide, il en était mort. Et cela m'était étrangement resté en mémoire.
- Je ne t'ai pas dit d'en demander, seulement de ne pas la refuser.
Je relevais la tête vers Ayano. Elle avait l'air parfaitement apaisée alors qu'elle m'avait littéralement roué de coups. Elle gardait les yeux fermés alors même qu'elle me parlait. Elle étira ses bras dans un mouvement souple qui suffit à me donner le frisson. A moins que ce soit la froideur de la pièce. Ce qui était probable puisque la chaleur n'avait pas augmenté depuis que j'étais rentrée ici. Je frictionnais mes bras en attendant son autorisation pour sortir.
Car oui, elle m'avait fermement interdit de sortir de la pièce sans son autorisation explicite. Lorsqu'elle m'avait donné une tenue plus adaptée à la pratique du sport, elle m'avait expliqué qu'il existait trois règles que je ne devais en aucun cas transgresser. Ne pas sortir de la pièce sans son autorisation était la première, et elle n'avait pas jugé utile de me faire part des deux autres pour le moment.
- Tu sais où se trouve les points vitaux mais ton style est trop défensif. Sans parler du fait que tu ne sais absolument pas gérer ton souffle. Tu te protèges des attaques mais tu te laisses dévorer par ton monde intérieur. Tu ne devrais être tournée que vers l'extérieur quand tu te bats, vers l'adversaire qui tente de te tuer. Pas vers tes souvenirs.
Elle ouvrit les yeux mais continua d'ignorer ma présence alors même qu'elle me sermonnait. Lorsqu'elle se tourna finalement vers moi après de longues minutes, je n'eus pas le temps de voir la lame qu'elle avait déjà entaillé mon bras gauche. Elle finit sa course dans le mur derrière moi alors que tout mon corps se tendait, trop tard. Le regard d'Ayano était entièrement fixé sur moi ce qui me glaça le sang. Cette fille était terrifiante.
- Et lorsque tu refuses la main qu'on te tend, n'oublie jamais que cela peut être vu comme un affront des plus offensants.
Des frissons parcoururent mon échine, mais cette fois, j'étais certaine que si tout mon corps tremblait, ce n'était pas à cause du froid.
- Suis-moi, tu as l'autorisation de sortir.
Je hochais la tête en déglutissant. Elle m'emmena dans le débarras à vêtements et me détailla comme si j'étais une poupée intrigante. Je ne vis pas ce qu'elle sortit mais elle me lança un pull, que je m'empressais d'enfiler.
- Je t'avais promis un repas avant que Ren ne nous trouve n'est-ce pas ?
Je hochais la tête, absorbée par le sang frais qui commençait à tâcher le pull. Cela avait quelque chose d'hypnotisant.
- Ne t'occupe pas de ça, ils ont l'habitude de devoir enlever le sang. Ce seront tes prochaines tenues que tu devras faire attention à ne pas tâcher. Mais pour l'heure, allons chercher à manger.
Un nouveau hochement de tête lui répondit, je n'avais pas la force de lui expliquer que ce n'était pas la « tâche » qui m'intriguait. Elle m'emmena dans la cuisine et sortit quelques ingrédients. Elle me regarda d'un air amusé sans que je comprenne pourquoi. Puis je me rendis compte que j'avais la bouche grande ouverte. Je rougis et fermais la bouche tandis que mon ventre gargouillait férocement.
- Je vais apprendre à cuisiner, ça t'évitera de manger des pots pour bébé.
Je lui aurais bien répliqué que ça avait très bon goût mais le souvenir de ses poings s'abattant sur moi m'en empêcha. Je m'approchais et la laisser m'expliquer l'Omurice. Cela avait beau n'être qu'une omelette garnit de riz et d'autre petits condiments, cela ne m'empêcha de vouloir le dévorer alors même que le riz était cru. Cependant je dus attendre qu'il cuise, que chaque carotte, chaque champignon et chaque morceaux de viande soient minutieusement coupés et cuits pour pouvoir passer à table.
J'engloutis mon repas d'une traite sans pouvoir réellement en profiter. Je me rendis compte que cela faisait au moins trois jours que je n'avais pas mangé de véritables repas. Ayano avait veillé à ce que je prenne chacun de mes médicaments et avait finalement annoncé que nous allions pouvoir nous doucher. Ensemble.
Je sentis mon bas ventre fourmillait alors que le souvenir de son baisé me revenait en mémoire. Je ne pouvais pas nier que cela m'avait fait de l'effet. Comme je ne pouvais pas non plus nier que ça avait été le tout premier. Jamais au grand jamais mon père n'aurait laissé quelqu'un m'approcher. Et si une majorité de mon être trouvait cela repoussant que ce soit elle qui ma l'ai volé, une autre partie en réclamait davantage.
Et lorsqu'Ayano se rapprocha de moi, il me parut clair que je ne pouvais pas faire taire ces réclamations.
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Et voilà le nouveau chapitre ! Que pensez-vous de la tournure que prend l'histoire ?
J'espère que ce chapitre vous a plu et je vous dis à la semaine prochaine.
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Little Angel
ActionLe monde a atteint un pic de pollution critique, tuant une grande partie de la population mondiale. Mon père est le sauveur de l'Humanité. Ou presque. A 17 ans, et je suis obligée de le suivre dans une mission diplomatique au Japon. Les Yakuzas ont...