La soirée se déroulerait en deux temps. Le premier serait celui de l'arrivée. Ne pas attirer l'attention était le mot d'ordre de cette partie. C'était à cela qu'était censé avoir servir toutes les leçons que j'avais inculquées à R... au chef. Et il se débrouillait plutôt bien malgré le peu de temps dont nous avions disposé. De nouveau j'eus l'impression qu'il avait déjà appris toutes ces choses, qu'il les avait juste oubliées... Je secouais la tête pour me concentrer.
Quant à la deuxième partie de la soirée, ce serait la fuite. On m'avait simplement dit d'attendre le signal et de partir au bras de mon fiancé. Petit problème, je n'avais aucune idée de ce qu'était ce fichu signal. Et lorsque j'avais demandé plus de précisions, on m'avait simplement répondu que ce serait évident. A croire que même « le chef » ne savait pas ce qu'était ce signal si attendu.
Et ce qu'il se passait entre les deux, c'était un véritable mystère. Du moins, ça l'était pour moi. Chaque fois que quelqu'un passait donner une information au chef, tout se faisait par messe basse. Et la seule chose que cela m'avait permis d'apprendre, c'était que j'étais nulle pour lire sur les lèvres. Surtout lorsque tous le monde parle japonais.
Je me pris une tape sur la tête qui me fit gémir de douleur. Ayano avait le chic pour frapper exactement où il ne fallait pas. Je l'avais appris à mes dépend cette semaine. Même si elle me ménageait à cause de mes blessures, elle n'en restait pas moins douloureusement douée en combat. En revanche, elle était beaucoup plus exigeante en ce qui concernait l'apprentissage de la langue. Tous les jours, j'apprenais une liste de mot longue comme le bras.
En revanche, elle avait été formelle sur le fait que je ne devais parler à personne en japonais. Son but n'était absolument pas de m'intégrer mais de faire de moi une arme précieuse. Et cela me convenait très bien. Je ne comptais pas rester ici, mais au contraire, récolter assez d'information pour m'échapper d'ici au plus vite. Si j'en savais suffisamment, il leur serait impossible de me garder.
Mais ce n'était pas aussi simple que ça. Si Ayano me prenait pour une apprentie docile, ce n'était pas le cas de son frère qui ne supportait que très peu ma présence. Il avait tout fait pour limiter mes déplacements dans le bâtiment. Chaque fois que je devais aller quelque part, que ce soit dans les appartements d'Ayano ou dans sa salle d'entraînement, j'étais escorter d'au moins deux des hommes de Ren. Et si cela avait grandement irrité Ayano, elle n'avait rien pu faire pour l'empêcher.
Depuis que son frère nous avait attrapé, elle avait du mal à le faire plier. Et cela la blessait beaucoup. Si elle ne le montrait pas directement, son humeur massacrante s'en chargeait pour elle. D'ailleurs, je ne savais toujours pas pourquoi elle m'avait frappé l'arrière du crâne. Et cela me laissait d'autant plus perplexe quant à la raison qui les faisait me garder au sein de leur gang. Je n'étais pas un membre à part entière, leur chef voyait clairement une menace en moi et j'étais la principale cause de la dispute entre ce-dernier et sa sœur.
Et malgré tout ça, aucun d'eux n'avait émis l'hypothèse de me réenfermer ou de m'envoyer ailleurs. Et même si je ne m'en plaignais absolument pas, je trouvais cela horriblement étrange. Ils avaient tous les deux quelque chose derrière la tête et je commençais à trouver compliqué de ne pas m'attirer leur foudre. Et malheureusement, je n'arrivais pas non plus à oublier la menace de Keiko. Je ne savais pas où était passé son homme de main et je ne voulais pas le savoir mais son regard aussi tranchant qu'une lame d'acier avait du mal à me lâcher.
Comme d'habitude, lorsque mes deux gardes du corps arrivèrent, Ayano les accueilli avec toute la froideur dont elle pouvait faire preuve. Et comme d'habitude, ils n'en tinrent pas rigueur. J'avançais dans les couloirs sur un chemin que je connaissais désormais par cœur vers une salle que j'espérais ne plus jamais revoir et tout me sembla ridiculement calme comparé à la tempête qui faisait rage en moi.
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Little Angel
ActionLe monde a atteint un pic de pollution critique, tuant une grande partie de la population mondiale. Mon père est le sauveur de l'Humanité. Ou presque. A 17 ans, et je suis obligée de le suivre dans une mission diplomatique au Japon. Les Yakuzas ont...