Chapitre seize :

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                        Harry m'a donné rendez-vous pour quinze heures au parc à quelques pas du café. Je m'y suis installé un peu avant, sur un banc, avec un roman et je compte bien lui parler plus en détail du livre qu'il m'a acheté et que j'ai terminé hier. Je l'ai rapidement mentionné par message et il semblait heureux d'apprendre qu'il m'a plu autant qu'à lui. C'est donc tout en terminant ma cigarette que je lis les quelques lignes qui me séparent du chapitre suivant.

Je regarde autour de moi, vérifie si je n'ai pas de message sur mon portable. Il est quinze heures dix et Harry n'est pas encore là. D'habitude, il arrive toujours en avance et jamais en retard. Je range mon roman dans mon sac et allume une deuxième cigarette.

Et j'attends comme ça. Cinq minutes. Vingt minutes. Quand mon portable affiche quinze heures trente cinq, je vérifie dans notre conversation l'horaire convenu au cas où je me serais trompé. Mais je suis bien à l'heure. Contrairement à Harry. Et ça me paraît étrange. Déjà, il m'aurait prévenu par message, pour me dire qu'il serait en retard ou que notre rendez-vous est finalement reporté. Il ne serait pas du genre à me poser un lapin.

De Louis à Harry :

Je suis là... Tu as un empêchement ?

Je me suis décidé à lui envoyer un message, mais au bout de cinq minutes, je n'ai aucune réponse. Son silence commence réellement à m'inquiéter. Je sais qu'il ne m'a pas fait faux bond, il doit avoir une urgence de dernière minute ou un problème. Tout de même, pour en être certain, j'appuie sur l'icône pour l'appeler. Son téléphone sonne, plusieurs fois, et je tombe sur la messagerie. J'ai un mauvais pressentiment.

Ma cigarette à la main, je me lève du banc, met mon sac sur mon dos et me décide à me rendre chez lui. Peut-être qu'il a besoin d'aide, et que son téléphone n'est pas à portée de main, ou n'a plus de batterie. Je prends le bus, ma jambe tressaute nerveusement. Je préfère m'assurer de son état et ne pas passer le reste de la journée à me faire du soucis pour lui.

J'arrive devant son bâtiment au bout d'une dizaine de minutes, toujours aucune nouvelle sur mon téléphone. Mais je préfère tout de même le prévenir de mon arrivée.

De Louis à Harry :

Je suis en bas de chez toi.

Je descends, regarde autour de moi, remonte une ou deux rues. Mon regard tombe sur son immeuble, celui où je lui ai fait la lecture sur le toit. Ce souvenir dessine un sourire sur mes lèvres, je soupire et cherche son nom sur les étiquettes pour sonner. Quand je le trouve, j'appuie sur le bouton. Aucune réponse. J'essaie une deuxième fois, ça décroche mais ce n'est pas la voix d'Harry qui répond. Celle-ci est plus grave et coupante.

– Oui, qui est-ce ?

– Bonjour... Je, euh... je suis Louis, un ami d'Harry, je voulais juste...

– Harry n'est pas disponible.

– Oh, il a un soucis ?

– Il est malade, c'est tout.

– Malade.. ? Je fronce les sourcils. Mais qu'est-ce qu'il a ?

– Une grippe, ça passera.

– Vous... Vous pourriez lui dire que je suis venu et que je lui ai envoyé des messages ?

– Oui.

– Merci, bonne fin de journée.

– Vous aussi.

Et il raccroche. Je n'ai jamais entendu une voix aussi froide et dure. J'en suis encore perturbé. Un nouveau soupir s'échappe d'entre mes lèvres et je décide de passer au café. Tant que je suis dehors, je vais en profiter pour changer d'air. Et je crois que je serais mieux là dehors, qu'enfermer chez moi à ruminer sur ce qui vient de se passer.

Le carnet || Larry.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant