Le carnet || Larry.

Le carnet ouvert 17.

Il est revenu.

Il est revenu et toutes les lumières se sont éteintes, toutes les couleurs sont fades.

Noir et blanc. Surtout du noir.

J'ai sombré dans la pénombre, encore.

Maman me disait souvent, ce n'est pas grave si tu pleures, tu as le droit de pleurer, les hommes aussi sont capables de verser des larmes.

Et lui, il fait tomber sur moi une pluie de coups et il hurle. Il hurle jusqu'à ce que je n'entende plus que ça.

Sois un homme Harry, arrête de faire l'enfant, arrête de te comporter comme tu le fais toujours. Tu veux être faible toute ta vie c'est ça ? Tu n'apprends donc jamais rien ? Tu ne retiens pas ce que je te dis ?

Je n'écoute plus. Je ne sais plus comprendre ses mots. Mes tympans sifflent. Mon cœur cogne trop fort dans ma poitrine, ça me déchire le corps. J'ai l'impression de ne plus rien ressentir, et pourtant tout me lance et me pique et je tremble jusqu'à perdre connaissance.

Je me suis réveillé sur le sol de ma chambre, du sang séché sur mon visage. Quelques gouttes sont tombées au sol et ont tâché le tapis gris.

Mais je ne bouge pas, je ne sais pas si j'en suis capable. J'ai à peine la force d'écrire dans mon carnet, le stylo me glisse entre les doigts. Je ne vais pas savoir me relire ensuite. Ce n'est rien, j'ai besoin de m'exprimer ici. Pour ne pas exploser intégralement.

Ma tête tourne. Chaque respiration fait naître une douleur quelque part dans mon corps. Les coups résonnent encore, à l'intérieur de moi. Sur et sous la peau. Je suis marqué à vie. Les bleus disparaîtront, mais pas les mots.

J'ai les souvenirs et ça, il ne peut pas me les enlever.

Il n'est pas là, il n'y a plus aucun bruit, je pleure en silence sur le sol froid de ma chambre. Les larmes lavent le sang et me rappellent que je suis encore vivant.