Chapitre vingt-huit :

3.4K 207 77
                                    

                 Ce réveil là n'est pas aussi agréable que celui de ce matin. Il est presque seize heures lorsqu'Harry émerge. Je ne me suis pas reposé, je n'y arrive pas. J'ai passé mon temps à l'observer dormir, caresser sa peau ou lire. Même si je ne parvenais pas à comprendre un seul mot de ce que je lisais.

Harry commence à bouger dans mes bras, sa tête posée sur mon épaule et son flan contre ma hanche. Il ouvre les paupières difficilement, je baisse les yeux vers lui et embrasse son front du bout des lèvres. Ses doigts glissent sur mon torse, au dessus de mon tee-shirt, et il les pose juste à l'emplacement de mon cœur. Je n'imagine pas à quel point le sien est brisé.

Je ne peux pas non plus lui dire que je peux le comprendre ou me mettre à sa place, parce que c'est faux. Notre perception de la famille est très différente. La sienne est déchirée, sa famille lui fait du mal. Et la mienne est aimante, unie. Au fond, je crois que c'est pour ça qu'il aime passer autant de temps avec mes frères ou sœurs, ou même ma mère. Il cherche à retrouver ce qu'on lui a enlevé, ce qu'il n'a peut-être jamais eu.

Le regard d'Harry est toujours aussi triste, la fatigue s'est ajoutée. Il reste contre moi, baisse ses yeux vers mon torse et ravale difficilement sa salive. Je lui laisse le temps pour parler, quand il se sentira prêt à le faire je serais là. Je lui ai promis. Il relève finalement la tête et murmure :

– Je suis désolé que tu ais dû assister à ça...

– Tu ne me dois aucune excuse Harry, tu ne pouvais pas prévoir.

– Si, je... Je savais qu'il allait revenir et...

Un soupir tremblant sort d'entre ses lèvres et les larmes lui montent aux yeux. Je n'hésite pas une seconde à caresser le haut de son dos et le lover encore plus dans mes bras. Il secoue la tête, reprend son souffle. Je lui laisse du temps, puis je sens un poids au bout du lit. Hercule vient nous rejoindre et s'étend à côté de moi. Je caresse de ma main libre son crâne, ses ronronnements se font entendre.

Harry regarde le chat, puis lève sa tête vers moi. En plus de la tristesse, je crois pouvoir lire une once de culpabilité sur son visage.

– Tu n'avais pas à te cacher... je n'aurais jamais dû te demander de le faire...

– Je comprends, mais j'avais juste énormément peur. J'ai vu ce qu'il t'a fait Harry, tu es venu me rejoindre chez ma famille dans un état qui m'a brisé le cœur et... Je ne veux plus jamais revivre ça, ni le revoir.

– Je ne pense pas qu'il va revenir de si tôt.

– Demain ou dans trois mois, je serais là pour l'accueillir.

Ses yeux brillent, mais ce ne sont plus des larmes. Nous restons silencieux pendant plusieurs secondes. Mais il a compris, que je ne compte pas m'en aller. Même si ça veut dire que je dois passer le reste de l'été chez lui, à ses côtés. A la reprise des cours, ce sera un peu plus délicat, mais je m'arrangerais pour ne jamais le laisser seul trop longtemps.

Lentement, Harry monte une main contre ma joue, il ne me lâche pas du regard. C'est presque intimidant. Je suis déstabilisé par l'intensité de ses prunelles, le vert de ses yeux est frappant, gorgé de larmes lointaines et d'une couleur pure.

– Tu... tu vas vraiment rester ?

– Bien sûr, où veux-tu que j'aille ?

Ma question le fait sourire. Il fixe mon visage, puis mes lèvres. Elles se retroussent, elles aussi, dans un léger sourire. Et il m'embrasse sans plus tarder. Ce baiser est différent, c'est comme s'il me demandait pardon sans le formuler à voix haute.

Le carnet || Larry.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant