La télévision est éteinte, un silence reposant emplit la pièce depuis presque dix minutes. Je lis tranquillement un roman dans le canapé d'Harry, Hercule allongé en travers de mes genoux repliés. La voix d'Harry se fait entendre tandis que je termine de parcourir ma phrase tout en l'écoutant.
– Lou...
– Mh ? Je questionne en regardant toujours ma page.
– Tu ne m'as jamais dit pourquoi il n'y avait que ta mère qui s'occupait de vous... ?
Je relève finalement la tête, ferme mon livre après avoir marqué la page où je me suis arrêté. Je le pose sur la table basse et pose mes yeux sur Harry. Une de ses jambes est ramenée contre son torse, tourné face à moi, sa main posée sur son genou qu'il recouvre de vernis d'une jolie couleur rose corail. Il ne me regarde pas tout de suite, concentré sur le tout petit pinceau qui parcourt l'ongle de son index. Le bout de sa langue dépasse d'entre ses lèvres charnues, je l'observe un moment jusqu'à ce que ses yeux rencontrent les miens.
En silence, je réfléchis à une manière d'aborder le sujet de mon père. Je n'en ai plus parlé depuis que nous avons cessé d'entendre de ses nouvelles depuis plus de deux ans. Même au sein de notre famille, nous ne mentionnons plus son prénom ou nos anciens souvenirs avec lui. Comme s'il n'en avait jamais réellement fait partie. Nous ne nous en portons pas plus mal. Je dirais même que notre vie est meilleure depuis qu'il n'est plus dans le portrait. Au début, quand Félicité et Charlotte étaient petites, nous étions une famille heureuse. Mais ça a fini par changer.
Un soupir s'échappe de ma bouche, je passe une main dans mes cheveux et Harry me lance un regard compatissant. Il me fait comprendre que je ne suis pas obligé d'en parler, même si je le sais. Il lance le sujet, mais il est certain que je vais lui répondre. Parce que c'est ce que je fais toujours.
– Mes parents ont divorcé quand j'avais seize ans. Mon père avait maîtresse depuis un long moment déjà, et il n'a jamais voulu avoir d'autres enfants sur le dos. Ma mère venait à peine d'avoir les jumeaux. Ça a été... je soupire et hausse les épaules, extrêmement compliqué. Gérer et élever cinq enfants mineurs, je crois qu'elle peut recevoir le prix de la meilleure mère du siècle. Je veux dire... Regarde tout ce qu'elle fait pour nous, aucun de nous n'a mal tourné, elle a toujours eu du temps pour s'occuper de chacun de ses enfants, répondre aux besoins de tous. Mais, pendant toutes ses années, elle s'est mise de côté afin de faire passer sa famille avant.
Harry me regarde attentivement, un sourire se dessine au fil des secondes sur ses lèvres. Il se remet à vernir ses ongles et hoche la tête de temps en temps.
– Bien sûr, j'étais le plus grand et le seul homme de la maison. J'ai tout fais pour l'aider, lui apporter du soutient. Même si j'ai dû partir à mes dix-huit ans, après le lycée, pour mes études. C'est elle qui m'a poussé à le faire, sinon je serais resté là pour prendre soin d'elle et de mes sœurs et frères. Donc, depuis, on se débrouille tous les six.
– Tu regrettes... Enfin, tu aurais préféré qu'il soit encore là ?
Je n'ai pas besoin de réfléchir pour savoir la réponse, je secoue la tête lentement en argumentant que nous sommes bien mieux sans lui. Harry m'adresse un sourire et termine de peindre son dernier ongle. Il repose le pinceau dans le petit pot de vernis, je lui visse le bouchon correctement et il me plante un doux baiser sur les lèvres. J'ai à peine le temps de le savourer, mais le sourire qu'il me lance ensuite vaut tout l'or du monde.
– Tu es un merveilleux grand frère.
– Et toi, un merveilleux petit ami.
Après lui avoir rendu son baiser, il me sourit et laisse sécher ses ongles. Pendant ce temps, je termine mon roman, sa tête sur mon épaule. Je ne peux m'empêcher de penser qu'Harry aussi était un merveilleux petit frère. Il ne m'a pas encore tout raconté, mais je suis certain qu'il devait supporter les humeurs de son frère sans rechigner. L'altercation que nous avons vécu l'autre jour a été suffisant pour que je comprenne que son frère n'a jamais eu une bonne influence sur lui. Je crois qu'il ne l'a jamais aimé non plus, pas comme un membre d'une famille le doit.
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Le carnet || Larry.
Nezařaditelné"J'avais besoin de récupérer mon carnet. Je n'avais pas le choix, je devais le faire. Je devais prendre sur moi, affronter mes craintes. Sans lui, je ne suis plus rien. J'ai eu peur car il était entre les mains d'un inconnu. Car j'y écris ma douleu...