Le carnet || Larry.

Le carnet ouvert 32 (I).

Toute histoire a un début et une fin. Je ne sais pas si ça se déroule de la même manière pour la mienne. Ce n'est pas vraiment une histoire non plus, c'est le récit d'une vie. Elle n'est pas terminée, pas encore et j'espère qu'elle n'aura pas le dénouement que j'imagine. On peut toujours avoir le contrôle de ce que l'on raconte, de ce que l'on écrit, mais pas de sa vie. Je n'ai pas le contrôle de mon existence. Ce n'est pas moi qui décide. Je pose simplement des mots sur ce que je ressens.

Certains les manient mieux que les autres, disent que ça fait du bien, moi c'est ce qui me permet de continuer. Je m'en fiche que ce soit de la jolie prose ou des phrases brouillons qui n'ont aucun sens. Mon existence n'en a jamais eu, de sens. Ou alors, je ne l'ai pas encore trouvé.

J'écris, j'en ai besoin, parce que maman m'a toujours dit que c'était mieux que de rester enfermé dans son silence. C'est vrai, le silence ça tue. Ça m'a presque détruit de ne plus parler. Je suis effrayé d'ouvrir la bouche, de prononcer des mots qu'il ne faut pas. Depuis la mort de maman, j'ai cessé de m'exprimer à voix-haute, j'évite de le faire dès que c'était possible. Tout le monde pense que je suis muet, sauf mon frère et mon père qui savent que je joue la comédie et en rient, et c'est tant mieux. Je suis muet pour le reste du monde, c'est suffisant.

Maman a raison, écrire répare. Certes, ça ne recoud pas toutes les blessures, mais ça panse. Les cicatrices resteront éternellement là, elles font partie intégrante de mon histoire.

Elle m'a aussi affirmé que si j'avais envie de m'exprimer, je pouvais écrire. Mais qu'un jour, je n'en aurais plus besoin, parce que quelqu'un saura m'écouter. Je ne sais pas si je dois y croire, mais j'attendrais cette personne toute ma vie s'il le faut.

Une personne qui sera capable de changer cette fin, d'en écrire une nouvelle.