Le carnet ouvert 32 (II).

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Mon amour, c'est Louis.

Si tu lis ces mots, c'est que tu es vivant. Et que j'ai lu ton carnet. Comme tu me l'as demandé, avant de sombrer dans le coma.

Je me permets d'écrire à l'intérieur, tu l'as laissé entre mes mains et j'ai trop pleuré pour avoir la force de te dire tout ça à voix-haute. Je ne sais pas si tu peux m'entendre, et j'ai besoin que ses mots te parviennent. Surtout, je pense que ça a toujours été notre manière de communiquer, non ?

Je t'écris depuis ton lit d'hôpital, je suis là, assis et j'attends que tu ouvres les yeux. Je n'ai pas quitté ton chevet, je ne partirais pas tant que tu es encore allongé ici. S'il te plaît, vis Harry. Trouve la porte du vrai monde, viens me rejoindre. Je t'attends, je t'attendrais toujours. Je serais là quand tu émergeras, de l'autre côté. Je tiendrais ta main jusqu'au bout.

Zayn m'a dit que tu lui avais demandé que je le lise. Je n'ai pas osé au début. Mais je me suis dit que ça devait être important à tes yeux. Et après avoir tourné et dévoré toutes les pages, comme un livre qu'on ne peut pas lâcher, j'ai compris. J'ai compris que tu avais peur de mourir, alors tu voulais me faire connaître ton histoire, tes peurs, tes angoisses, tes joies et tes sentiments à mon égard.

Mais je refuse que ce soit le seul souvenir que je garde toi, je refuse que ce soit ce que tu me laisses. Ça ne peut pas se passer comme ça.

J'ai tremblé, j'ai souris, j'ai pleuré, j'ai eu peur, j'ai eu envie d'hurler. Mais tu ne te réveille pas encore, et moi j'ai l'impression d'être mort.

Et Harry, mon Harry... je t'aime. Si tu savais comme je t'aime.

Je suis désolé de ne pas te l'avoir avoué avant. J'ai peur, en couchant ces mots sur le papier, que je n'aurais pas l'occasion de te le dire à voix-haute. J'aurais dû en avoir le courage bien avant. Il y a eu tellement d'occasions, mais j'étais effrayé. Que ce ne soit pas réciproque, que ça te fasse fuir. Et après t'avoir rencontré, avoir commencé à te connaître, je ne pouvais pas envisager une vie sans toi. Alors, comme un idiot, j'attendais que tu fasses le premier pas. Mais, c'était à moi de le faire. C'était à moi de prendre tes mains et te regardé droit dans les yeux et dire : je t'aime, Harry.

Je t'aime, je suis tombé amoureux de toi comme on tombe amoureux d'un livre qui nous retourne. Et c'est ce que tu es, l'histoire d'amour dont j'ai toujours rêvé. Elle n'est pas parfaite, elle est spéciale et unique. Elle a ses combats, ses faiblesses, mais tu me rends plus fort et tu fais ressortir le meilleur de moi-même. C'est une histoire que j'ai toujours voulu lire et vivre. Tu le sais, mes dernières histoires d'amour ont été un réel désastre, mais quand j'aime c'est sincère et puissant. Je crois en nous, je crois en ce que nous pouvons encore vivre. Notre histoire ne s'arrête pas là.

Et tu me l'as donné, cet amour que j'attendais, alors tu ne peux pas me la retirer comme ça Harry. Aussi brutalement. Je ne suis pas prêt à exister sans toi, je ne suis pas prêt à continuer sans ta présence à mes côtés...

J'ai besoin que tu me tiennes la main, que tu m'embrasses le matin et le soir et toute la journée ou pour me faire taire, que tu me dises que je suis beau sans raison et sans contexte, que tu me demandes de te lire un livre, que tu m'emmènes dans tes musées préférés, que tu me proposes une promenade le long de la plage, que tu me fixes plusieurs secondes jusqu'à me faire rougir, que tu fasse gémir, rire, sourire, vibrer le cœur, que tu me rendes heureux, que tu fasses partie de ma famille et de ma vie, que nos histoires se mêlent.

Tu vois, Harry, je suis tombé amoureux de toi sans pouvoir l'empêcher. Je n'ai pas cherché à le faire non plus. Parce que tout est si simple et naturel avec toi. Dès notre première rencontre, quand je t'ai redonné ton carnet, je l'ai su. Et je ne sais pas, cette lumière que tu avais en toi m'a frappé, attiré. Tu m'as toujours fasciné, ton intelligence, ta culture, ton calme, ta patience, ta passion, ta beauté, ta grâce... J'aimerais te le répéter à chaque lever de soleil, à quel point tu es exceptionnel. Tu as écris que j'ai bouleversé ta vie, mais toi aussi tu as totalement bousculé la mienne.

Je sais que tu as vécu des horreurs sans nom, des douleurs, des peines, des atrocités et je suis désolé... J'aurais dû être là quand c'est arrivé, j'aurais dû te tenir la main et être avec toi jusqu'à l'hôpital. Si tu savais à quel point je m'en veux, je ne me le pardonnerais jamais. Parce que j'aurais peut-être pu t'éviter tout ça, j'aurais peut-être pu te sauver. Je te promets de ne plus jamais faire la même erreur. Ils sont en détention provisoire, ton frère et son ami. La police attend ton réveil pour faire avancer le dossier, mais ils ne les relâcheront pas tant que tu ne seras pas en vie et si... Si tu venais à mourir, ils auraient deux ans de prison et une amende pour ce qu'ils t'ont fait.

J'ai été déposé une plainte, pour déjà leur parler de ce que je sais à propos de ton frère, ce que j'ai pu voir et entendre. J'ai passé presque trois heures là-bas. Apparemment, il vendait de la drogue aussi. Il risque gros.

Mais maintenant, tu peux ouvrir les yeux, Harry. Je t'en prie. On attend plus que toi. Je n'attends plus que toi. Tu as le droit de vivre. Je te jure que tu ne risques plus rien, tu es en sécurité. Je suis là, Gabriel ne viendra plus jamais te faire le moindre mal. Tu peux respirer. Réveille-toi mon amour, j'ai besoin que tu sois là. Tu comprends ?

Si tu m'entends, si tu me sens, reviens-moi. J'ai besoin de te dire que je t'aime, j'ai besoin de te serrer dans mes bras et sentir ton cœur battre.

Promets-moi que tu vas vivre Harry.

Toi aussi, tu es l'être unique de mon monde.

Moi aussi, j'ai trouvé mon étoile, alors brille maintenant.

Je n'attends plus que toi, parce qu'il n'y a jamais qu'une seule étoile qui scintille dans le ciel.

Tu ne peux pas écrire tout ça et t'éteindre ensuite. Tu sais, une étoile ne meurt jamais.


* * *


Ça fait dix jours que tu es allongé dans ce lit d'hôpital, dix jours que tu respires grâce à cette machine. C'est elle qui te raccroche à la vie. Qui me donne de l'espoir, aussi.

Malgré tout, le médecin est confiant. Il est certain que tu vas te réveiller. Plus les heures passent, plus j'ai peur que tu n'ouvres plus jamais les yeux.

Je crois que je n'ai jamais autant pleuré de ma vie. Je ne suis pas retourné en cours, je n'ai pas été travailler non plus. Je passe mes journées ici, à tes côtés. Je te tiens la main, je caresse ta joue froide, je te lis des histoires. Je t'ai lu Le Petit Prince trois fois déjà. Et j'ai versé des larmes jusqu'à ne plus pouvoir.

Je reste dans cette chambre lugubre du matin au soir, j'aimerais dormir ici avec toi. Mais je ne peux toujours pas, et ça me tue. J'ai peur que tu meurs sans moi. Que tu donnes ton dernier souffle sans que je ne sois là pour le partager avec toi.

La nuit, je ne dors presque pas. J'ai dû prendre des médicaments pour m'aider à trouver un minimum de sommeil, sinon je ne tiendrais pas debout.

Ma mère est là aussi, elle reste dormir à mon appartement. Zayn aussi, de temps en temps. Je ne suis jamais seul. Sans eux, je crois que je serais une épave. Sans toi, je cesse simplement de naviguer ou je me laisse balancer au milieu des flots déchaînés.

Dix jours que je suis là, que je viens te voir avec l'espoir que tu ais les yeux ouverts.

Dix jours et je t'attendrais encore une éternité.

Le carnet || Larry.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant