Elles sortirent de la salle de fête. Un combi de police embarquait les enfoirés qui les avaient attaquées. À peine avaient-t-elles fait un pas dehors qu'Hugo se retourna vers elles et franchit les quelques mètres qui les séparaient. Il attrapa Margaux et la prit dans ses bras en lui disant quelque chose qu'Alice n'entendit pas. Elle tourna son regard vers le bas de la rue où les calottés C.I. discutaient avec les policiers et s'avança vers eux. Rapidement, elles donnèrent leur déposition, Alice plus loquace que Margaux.
— Votre amie devrait aller à l'hôpital, informa l'un des policiers en pointant Margaux en état de choc avec son stylo bille.
— Je pense que ça va aller, monsieur. Je m'occupe d'elle ce soir. On verra demain.
Haussant les sourcils, le policier abandonna l'idée de les faire monter dans une ambulance.
Encore tremblante de stress, Alice croisa le regard de Ben qui l'esquiva rapidement. Alice fixa alors ses Converses de guindaille défoncées, les larmes aux yeux et plaqua une main à sa bouche avant de se retourner.
Elle avait eu si peur. Il l'avait sauvée mais donnait l'impression de s'en vouloir. Les larmes coulèrent toutes seules. Quand Hugo l'aperçu, il tendit un bras vers elle pour la serrer contre lui, elle aussi. Il voulut la rassurer pendant que le policier lui donnait rendez-vous au commissariat le lendemain mais Alice n'écoutait pas vraiment, tentant d'arrêter les larmes qui lui piquaient les yeux. Quand elle eut terminé de répondre aux lieutenants, ils s'éloignèrent. Elle vit encore Ben mais cette fois, elle le vit faire un geste de la tête pour lui dire de descendre la rue puis tourner les talons lui-même. Elle le suivit tandis que le groupe se dispersait. Arrivé en bas de la rue, Ben lui prit la main et l'emmena dans la rue perpendiculaire.
— Ça va ? Tu n'as pas trop mal ? J'ai dit qu'on allait porter plainte.
— J'ai mal à la tête...
— Tu m'étonnes, dit-il en rigolant doucement et en s'approchant pour mettre ses mains sur sa taille. Tu l'as déglingué avec ton coup de boule ! Il saignait du nez, le bâtard.
Il posa ses lèvres sur les siennes avant de l'observer.
— Tu crois que ça va aller pour Margaux ? J'ai vu qu'elle s'était bien fait frapper mais Hugo l'a interceptée avant que je n'aille près d'elle.
— Elle est entre de bonnes mains. Je pense que ça va aller.
Elle reçut un sms de Margaux au même moment où Ben allait l'embrasser à nouveau.
« C'est Hugo. Je la ramène. »
— Hugo ramène Margaux...
— Du coup, tu passes la soirée avec moi. Parce qu'il n'est pas question qu'il t'arrive encore quelque chose.
La princesse des guimauves qui vivait dans la tête d'Alice en frétilla de bonheur. Mais le calculateur qu'était le sombre Benjamin savait qu'il pouvait compter sur le fait que Carole était absente ce soir parce qu'elle aussi était malade. Et qu'il comptait bien profiter de la présence adorable d'Alice dont il n'avouera jamais être attaché. Il posa un baiser sur les épais cheveux de jais de sa maîtresse et la pressa vers le cercle avec un main dans son dos.
Pour s'excuser de ne pas avoir été assez rapide pour intervenir, un bleu du C.I. paya sa soirée à Alice et entreprit de lui changer les idées pendant que Ben faisait semblant de ne pas être proche d'elle. Il restait à un mètres de la jolie jeune femme tout en ne détachant jamais son regard d'elle. C'était de cette façon qu'il avait su intervenir si vite tout à l'heure. Elle était tellement plus belle que Carole. Mais tellement moins sûre d'elle que ça rendait la tâche compliquée. On aurait dit un animal blessé. Chaque fois que son bleu lui apportait une bière, il la voyait rougir et le remercier en balbutiant, gênée. Son sourire revint très vite, faisant fondre le cœur de Ben qui avait certainement trop bu. Oui, trop bu pour agir comme il agissait. Le bleu qui apportait une nouvelle bière à la jeune femme se vit coiffé au poteau par son parrain. Le vice pré vint demander à Alice si elle s'amusait bien et sans attendre la réponse, il la souleva sur sol. Elle rougit mais ria de son geste idiot, le visage juste au-dessus du sien. Comme il la redéposait, relevant un peu son pull à capuche, découvrant sa peau d'albâtre, il se pencha et l'embrassa doucement devant tout le comité. Elle lui rendit son baiser comme il adorait. Doucement, presque amoureusement. Rien à voir avec l'empressement et la violence de Carole. D'un geste protecteur, il remit en place son pull sans quitter ses lèvres. Les sifflements autour retentirent. Ben, un peu saoul de la bière, enivré de la douceur d'Alice, ne mit pas fin au baiser. Il n'avait rien à perdre. Il était droit dans ses bottes, pour la première fois depuis des mois. Enfin, si on oubliait Carole.
Comme la soirée se terminait, il donna ses clés à Alice et la fit monter dans le commu.
— Je range et je te rejoins, lui précise-t-il après lui avoir expliqué le chemin pour se rendre à sa chambre.
Définitivement ivre, Alice se dirigea dans une brume totale vers la chambre de Ben. Par chance, au détour d'un couloir, elle vit une porte couverte de post-it « Ben, t'es trop saoul », « Quand c'est qu'on boit ? » et de photos assez moches de Ben en guindaille. Elle y entra, se déshabilla et se coucha contre le mur dans le lit grinçant d'une place.
Quand une heure plus tard Ben pénétra dans sa chambre, il n'alluma pas la lampe du plafond mais aperçut le corps qu'il appréciait grandement allongé dans ses draps. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il se déshabilla et rejoint Alice qui se réveilla doucement. Il l'embrassa et sentit son sourire sous ses lèvres.
— T'es fatigué ? demanda-t-elle quand il l'embrassa dans le cou.
Mais il bougea et elle sentit que son corps n'était pas fatigué. Pas fatigué du tout. Alors elle osa faire la femme fatale comme elle aimait le faire avec lui et prit le dessus, le sourire aux lèvres.
Royal Blood – Tenne Tonne Skeleton
Hugo qui avait ramené Margaux chez elle ne l'avait jamais vue aussi vulnérable. Cette fille lui avait toujours donné l'impression d'être une guerrière. Il suffisait de l'habiller en viking pour qu'elle convainc tout le monde qu'elle était la réincarnation de Xéna la guerrière. Sauf que, pour une fois, un joint aux lèvres, assise sur son bureau, le regard tourné vers la fenêtre ouverte à côté d'elle, ses mains tremblaient. Il avait vu la terreur dans ses yeux et elle avait perdu tous ses artifices de fille que rien n'impressionnait. Elle avait mis de longues minutes à se calmer dans les bras d'Hugo, le repoussant en même temps qu'elle agrippait son pull pour se cacher contre son torse. Finalement, quand on brisait la carapace de Margaux, c'était cela qu'on trouvait. Un enchevêtrement de messages contradictoires, une fille un peu paumée qui essaye de correspondre à ce qu'on désire d'elle mais se battant pour garder sa liberté.
Assis sur le lit aux draps fleuris de Margaux, il l'observait. Elle avait retiré son pull mais avec le froid s'engouffrant par la fenêtre ouverte, elle avait enfilé une couverture polaire rose autour de ses épaules nues. Son débardeur bleu clair moulant laissait apparaître les bretelles de son soutien-gorge qui semblait être de la même nuance verte que ses yeux. Quand elle bougea, il mit quelques instants à comprendre qu'elle lui proposait de tirer sur le joint. Il accepta.
Après plusieurs bouffées, il se rendit compte qu'il avait été tendu en sentant son corps se décrisper. Il déposa le joint pas terminé dans le cendrier à côté d'elle, sur le bureau. Les yeux encore rouges d'avoir pleuré, elle le regarda faire. Et elle le regarda retirer son pull puis son T-shirt. Fermer la fenêtre et les tentures derrière elle, doucement. Elle l'observa se mettre debout face à elle, tirer ses jambes pour la rapprocher de lui. Toujours silencieuse, elle le vit lui retirer la couverture et se pencher vers elle pour déposer un baiser sur son épaule à présent nue. Ses yeux se fermèrent ensuite quand elle sentit ses lèvres glisser dans son cou, provoquant un frisson de désir le long de son échine.
Le lendemain matin, Alice se réveilla en premier. La fenêtre velux de Benjamin n'avait pas de tenture ni de volet et visiblement, le soleil avait trouvé romantique de la réveiller en la bombardant de rayons dorés en plein visage. Les bras de Benjamin l'enlaçaient alors qu'il dormait encore comme un bienheureux. Elle sourit devant son air de gamin de cinq ans et entreprit de le réveiller en douceur. Elle ne se reconnaissait pas dans ses bras. Elle pouvait agir comme elle le voulait, il semblait apprécier tout ce qu'elle faisait. Pour la première fois de sa vie, elle se sentait elle-même avec un mec. Dommage que ça ne soit pas le sien...
— Tu me regardes. Stop, grogna Ben.
— Comment tu sais ?
— J'ai des radars grâce à ma maladie.
— T'es con.
Il attira son visage contre son torse et se rendormit.
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Embrassez qui vous voudrez
Roman d'amour《- Du cul, du cul du cul! affirma Lucille, un sourire moqueur aux lèvres. - Pas du tout! Je ne dis pas que je suis comme ça! Mais je voudrais une histoire sans histoire, s'offusqua Margaux.Parce que j'ai trouvé le mot qui fait le plus peur aux homm...