Chapitre 7 - Février - Patchwork de sentiments

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Dès que Ben passa la porte de la maison de Guilia en sachant qu'elle était seule chez elle, il sentit la pression lui écraser les épaules. Dans sa tête, il avait répété ce qu'il lui dirait. Elle gardait ses lèvres pincées, comme toujours depuis deux ans quand il arrivait. Elle ne l'aimait plus. C'était impossible autrement. Et il venait de le comprendre à l'instant. Il prit place dans le fauteuil jouxtant la bibliothèque vieillotte des parents de Guilia. Cette dernière s'installa d'ailleurs juste en face de lui. Le téléphone de Ben vibra alors même que Guilia l'observait intensément. Il n'eut pas le temps de voir son message sur l'objet qu'il venait sortir de sa poche qu'elle s'en empara.

— Qui est Carole ? demanda-t-elle froidement. Et pourquoi elle te demande quand tu rentres sur Louvain ?

Ben su qu'il fallait se taire. Mais c'est bien ce qu'il faisait depuis deux ans. Se taire. La laisser lui dicter comment être. Lui mentir par omission.

Il avait merdé. D'abord en voyant Alice puis en voyant Carole. Mais peut-être était-ce le signe qu'il devait arrêter les frais avec Guilia. Elle ne lui plaisait plus autant. Il préférait la fragilité d'Alice et la sensibilité maladive de Carole à la jalousie névrosée de Guilia. Et par-dessus-tout, il avait besoin d'être libre. Il pensait s'être mis trop tôt avec Guilia qu'il considérait comme la femme de sa vie. Aller voir ailleurs fut la solution pour profiter un moment sans la perdre. Mais là, en face d'elle, il sut qu'il s'était autant menti à lui qu'à elle. C'était le bon moment pour arrêter tout. Elle allait pouvoir terminer ses études en s'amusant, peut-être se trouver un mec qui aimait être en laisse. Et pendant qu'elle hurlait sur lui, le téléphone toujours dans sa main, avec les grands gestes italiens qui la caractérisait, il se leva.

— Guilia, c'est fini. J'ai besoin de changer de vie. J'ai besoin de prendre du temps pour moi, d'être égoïste.

Il sortit même l'incontournable « c'est pas toi c'est moi ». Mais là, dans cette décoration vétuste qui sentait la poussière, il mit fin à cette histoire inutile et en décomposition. Pendant plusieurs longues minutes où elle laissa ses larmes couler et sa colère sortir, il essaya de la faire relativiser sur tous les bémols de leur relation. Quand il la quitta en pleurs dans son fauteuil, il se sentit soulagé. Pour lui comme pour elle. Il n'avait pas été un petit ami exemplaire ces derniers temps. Même s'il n'était pas rongé par la culpabilité, il n'avait pas envie de se mentir. Il l'avait trompée. Un homme honnête qui se respecte aurait mis fin à la relation avant même ce faux pas. Mais il avait été égoïste, désirant le beurre et l'argent du beurre. Arrivé à la gare, il répondit enfin au message de Carole qui commençait à insister comme toujours. Premièrement, il avait pensé faire le mort et prendre du temps pour lui. Mais il savait qu'elle était du genre à s'imposer chez lui s'il ne donnait pas de nouvelles. Elle l'avait à l'usure mais il aimait ça, même s'il ne voulait pas se l'avouer. Il avait l'impression qu'elle se battait pour l'avoir et c'était valorisant. Dans sa fierté de mec, ça lui mettait du baume au cœur. 



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Plusieurs jours passèrent. Les guindailles reprirent, les cours aussi. Au boulot, Alice se voyait de plus en plus félicitée. Pour ses articles, ses idées innovantes et ses conseils auprès des moins jeunes de la rédac'. Plus les jours passaient, plus elle se sentait enfin à l'aise dans son métier.

Tout l'inverse de Margaux qui avait appris son échec à l'un des examens de janvier et qui n'accrochait pas à ses nouveaux cours. Elle sortait beaucoup depuis la rentrée, préférant noyer ses soucis dans la bière. Parce qu'elle en avait des soucis. BMS était officiellement en couple avec Alexandra.

Embrassez qui vous voudrezOù les histoires vivent. Découvrez maintenant