[Song: Just a little - Bantu & Shungudzo]
La chaleur était écrasante en cette fin de matinée. Les moustiquaires appliquées sur chaque fenêtre ne laissaient pas passer la minuscule brise qui pouvait rafraîchir la pièce. Une moitié de bagel tartiné d'avocat dans la main, une jeune fille au teint très bronzé alla ouvrir la porte de la villa au chien qui aboyait dehors comme si sa vie en dépendait.
- Mais calme-toi, enfin ! Ce n'est que le facteur ! Sérieux, Lechien ! Stop ! s'exclama-t-elle dans un anglais à l'accent américain indéniable.
Elle lui lança son bagel pour l'occuper pendant qu'elle le poussait du pied dans la maison. Se retournant, elle aperçut le vieux facteur à la peau brune burinée par le soleil et aux cheveux gris usés qui remontait l'allée entre les dunes remplies de végétations.
- Bonjour, Lucille !
Gênée d'être face à ce monsieur en pyjama court et rapiécé, elle tira devant elle ses longs cheveux blonds frisés devant sa poitrine puis le salua.
- Un colis pour toi, ma petite Lucille ! annonça le facteur, un carton de la taille d'une boîte à chaussure tendu à bout de bras.
- Merci ! Vous voulez un café ? Je viens d'en faire passer.
Il lui sourit mais refusa poliment avant de redescendre sa vieille carcasse comme il pouvait dans les escaliers brinquebalants de l'allée. Un de ces jours, quelqu'un finirait par se vautrer dedans. Malheureusement, son père travaillait beaucoup trop pour avoir le temps de s'en préoccuper, sa mère également. Et ce n'était pas la priorité de son frère. Quant à Lucille, dès que la saison des ouragans commençait, elle migrait. Son été était bien assez rempli en sortie avec ses amis de l'École Internationale.
Lucille n'avait pas besoin d'ouvrir la boîte pour savoir que le présent venait de ses camarades Belge. Un sourire s'étira sur ses lèvres pleines. Excitée, elle se dirigea vers la cuisine à la recherche d'un couteau. Alors qu'elle ouvrait le tiroir fourre-tout, son frère se débattait avec la moustiquaire de la porte de la cuisine.
- Je t'ai envoyé un message pour savoir si tu voulais m'accompagner à la place pour courir ce matin, râla-t-il. Tu n'as pas répondu.
- Et frapper à la porte était trop compliqué ? Je suis restée sur Skype tard avec Juliette hier à cause du décalage horaire. J'ai dormi jusque maintenant.
Il remarqua qu'elle s'affairait à défaire le scotch qui emballaient le carton.
- Hugo, tu sais me le tenir ?
Levant les yeux au ciel, le jeune quarteron se dirigea vers elle, laissant des traînées de sables à chaque pas. Il lui prit le cutter des mains pour éviter un malencontreux coup de la part de miss catastrophe.
- C'est quoi ?
- J'ai l'air de le savoir ? Ouvre-le vite ! supplia sa sœur.
Au bout de quelques secondes d'acharnement, il parvint à arracher une partie du carton et du papier collant. Elle termina en tranchant le restant de la boite sur toute la longueur de manière rustre.
- C'est trop mignon ! s'extasia la jeune femme en français.
- Ça vient de Juliette, c'est ça ? comprit Hugo.
- C'est mieux encore ! C'est de leur part à tous ! Regarde, il y a une photo !
Entre les différents paquets de Petit Prince, de Spéculoos et de chocolats Godiva, trônait un cliché qu'elle attrapa, heureuse. Ses cris de joie firent fuir Hugo qui s'empara de biscuits mais attira Lechien qui vint lui tourner autour.
- Ils sont trop choupi! déclara Lucille.
La photo montrait ses meilleurs copains qui subissaient la météo de Belgique pendant qu'elle se dorait la pilule à la maison familiale sur une île des Caraïbes. Ses parents médecins pour une grande compagnie aérienne avaient la chance de travailler au soleil et les enfants avaient donc toujours voyagés avec eux jusqu'à atterrir ici, dans ce Paradis.
Sur le papier glacé, ses amis étaient rassemblés sur le canapé dans la maison de Théoxane. Théoxane était la plus courageuse du groupe aux yeux de Lucille. Elle assumait seule la responsabilité de ses cousines et ses sœurs à la suite d'un accident d'avion survenu il y a peu.
Elle se tenait d'ailleurs souriante sur la partie gauche du divan en cuir. Sa bouche du moins était étirée. Ses yeux toutefois montrait la détresse qui devait certainement l'étouffer.
À ses côtés, Margaux, la blonde, un peu ronde et très folle du groupe, fidèle à elle-même grimaçait façon lapin crétin. Un rire échappa à Lucille à la vue de cette frimousse. Les conneries de Margaux, avec les mecs et puis en général, lui manquaient. Cette fille avait le chic pour se retrouver dans les pires situations. Et puis elle parlait tout le temps, ce qui avait tendance à mettre l'ambiance dans les conversations. Elle était un one women show à elle seule.
Appuyé sur l'accoudoir, Valentin souriait poliment à l'objectif. Valentin, le grand brun mystérieux qui sauvait toujours les filles du groupe avec sa gentillesse à toute épreuve. Il tenait même un ours en peluche dans ses bras. Certainement celui d'une des petites de Théoxane à qui il prêtait main forte souvent... Trop souvent ? Ce n'était pas les affaires de Lucille.
Elle secoua la tête avant de reporter son attention sur la petite Alice derrière le fauteuil. Pour la peine, elle levait les doigts en signe de victoire, ses traits timides rougissants. Elle n'était jamais très à l'aise avec les photos. D'ailleurs, un œil avisé pouvait remarquer qu'elle gardait sa mèche de cheveux bouclés noirs devant l'un de ses yeux bleus. Cette fille manquait cruellement de confiance en elle. Mais vu le copain qu'elle se trimballait ce n'était pas étonnant. En tout cas, Lucille le détestait. Elle n'aimait pas sa façon de s'adresser à sa petite amie. Toujours le mot pour la descendre, même si Alice ne s'en offusquait jamais. Chaque sortie avec lui était gênante. Il la critiquait avant de la prendre dans ses bras et s'excuser en disant que c'était une blague. Chaque fois.
À coté d'Alice, Juliette, la copine de Skype de Lucille souriait à l'objectif. Une jambe sur le dossier du divan, elle semblait prise d'un fou rire. Et cette vue fit plaisir à Lucille. Juliette n'avait pas toujours eu une vie facile. Certains de ses choix s'étaient révélé dangereux. Sa fierté l'avait poussée à se débrouiller à sa façon et à prendre les mauvaises décisions. Elle était à présent rarement souriante et toujours alerte. Lucille avait mal au cœur en repensant à cette fois où Juliette avait paniqué un jour à Bruxelles où elle avait cru reconnaître quelqu'un de son passé.
Heureuse de voir toutes ces figures familières, Lucille décida de ranger son précieux paquet dans sa chambre où son frère ne risquait pas de lui boulotter ses cadeaux. Se postant devant son ordinateur pour se remettre à son mémoire, elle ouvrit un paquet de Spéculoos et démarra sa journée.
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COUCOU CHERS TOUS <3
Puisque certains le demandait, voici un prologue!
Après 100 pages, il en fallait bien un.Voici un prologue qui présente les personnages de manière littéraire pour vous mettre un peu la situation en tête. J'espère qu'il est clair. Je reviendrai certainement dessus dans les prochains jours pour l'améliorer mais tout de suite je manque de temps.
J'espère qu'il vous donne envie d'en savoir plus sur ces personnages!
Merci d'être là.
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Embrassez qui vous voudrez
Romansa《- Du cul, du cul du cul! affirma Lucille, un sourire moqueur aux lèvres. - Pas du tout! Je ne dis pas que je suis comme ça! Mais je voudrais une histoire sans histoire, s'offusqua Margaux.Parce que j'ai trouvé le mot qui fait le plus peur aux homm...