Chapitre 7 - Février - Échec total

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Le cercle du philo et lettres était remplit d'étudiants qui voulaient des bières plus que de raison. La nuit tombée, la sono installée, les verres se remplissaient et les corps dansaient. Margaux avait tenté la super technique de la fille pas intéressée. C'est-à-dire, la technique qui se casse la gueule à coup sûr : fuir le mec par lequel on est intéressée, lui répondre sans le regarder, style « Ouais, ce que tu es ne me passionne pas » tout en le gardant tout près.

Justine, en spectatrice muette, observait le Titanic Margaux chavirer dans les abîmes de la déception amoureuse. Elle dansait seule, près du logo du cercle peint sur le mur, ses cheveux encadrant son visage souriant, son œil ne décollant pas d'Hugo, tout en ne lui faisant pas face. Justine savait que le plan était très bancal. Elle l'aurait juré. Et si elle avait parié, elle en aurait eu pour son argent.

- C'est qui cette pouff ? la questionna Margaux tout à coup plus du tout souriante quand une petite blonde canon à lunettes s'approcha d'Hugo pour rigoler avec lui.

- Vu son polo, je dirais que c'est une fille du CESEG...

- Renverse-lui ta bière dessus ! Il faut pas qu'elle le drague ! Éloigne-la !

Suspicieuse, Justine jugea Margaux, les lèvres pincées.

- T'es devenue accro, toi. Tu me fais peur.

- Justine ! Lance-lui ta bière dessus ! ordonna Margaux.

- Et si on sortait, plutôt... Respirer, reprendre nos esprits...

Face à la mine intriguée de Justine, Margaux accepta. Dehors, Margaux alluma une cigarette qu'elle vola à son bleu. Plusieurs bouffées plus tard, elle se sentit ramollir. Ses jambes devinrent aussi légère que du coton et sa tête lui tournait.

- Pourquoi tu l'embrasses pas ? Juste comme ça ?

- J'ai pas envie que tout le monde ici comprenne que je me suis tapée le frère de ma pote. Et puis, je te dis, il m'intéresse pas.

- Laisse-moi rire.

Comme une vieille mégère, Margaux la fille pas intéressée, épiait la porte du cercle dans le but d'apercevoir l'objet de ses désirs.

- Tu sais quand même que je ne te crois pas ? Hein ? Tu le sais, dis-moi ?

- Justine... Je sais pas ce qu'il m'a fait..., pleurnicha Margaux, les bras croisés pour se réchauffer. C'est la merde, je sais pas penser à autre chose. J'avais pas ça avec BMS. Ni avec les autres. Ça me dégoûte, quand il parle j'ai l'impression d'avoir 15 ans. Je sais plus rien dire de cohérent et je parle comme s'il comprenait pas le français. Juste à voir son petit grain de beauté sous sa pommette, j'ai envie de l'embrasser.

- Mais oui, c'est vrai, t'es pas du tout amoureuse. Soit t'es amoureuse, soit il en a une grosse.

- Ju'. T'abuses toujours.

Le haussement d'épaule de Justine confirma qu'elle n'en pensait pas moins. Mais elle n'eut pas le temps d'approfondir le sujet car Hugo sortait justement, accompagné de la canon du CESEG.

- Quand on parle du loup..., commença Justine.

- Quoi, tu as vu sa queue ? pouffa Margaux.

- Putain, tu me fais peur, toi, informa son amie. C'est ta kryptonite où quoi ? Quand il s'agit de lui, tu dis tellement de la merde...

- Je sais... Lobotomise-moi, Justine...

- J'ai pas mon matériel...

- Vous parlez de quoi ? demanda BMS qui venait de s'incruster à côté d'elle.

- Ah, non, hein. Un pas deux, grogna Margaux.

- De quoi tu parles ? la questionna BMS, étonné.

- Rien, rien. Bon, pas question qu'elle fasse sa belle, celle-là, déclara Margaux avant de se lancer vers le petit frère de son amie.

- Elle est bizarre, ce soir, non ? demanda BMS. Et c'est qui, lui ? Elle veut se le faire ?

- Ben c'est déjà fait ! s'exclama Justine avant de plaquer sa main sur sa bouche, les yeux comme des soucoupes. Oh j'aurais pas dû dire ça !

Exaspéré par la révélation, BMS la planta sur le trottoir pour rentrer dans le cercle. Margaux, quant à elle, déboula près de l'objet de sa convoitise et écouta la conversation, un sourire crispé sur la figure.

- Margaux, je te présente Emmanuelle.

- Mmh, salua la jalouse de service.

- Elle étudie les sciences économiques, informa Hugo.

- Je vois que vous avez beaucoup parlé, s'emballa Margaux, de mauvaise foi. Bon, on retourne danser ?

- Tu peux y aller, si tu veux, moi je discute.

Une partie de Margaux voulait le planter là et lui montrer qu'elle s'en fichait totalement. Une autre, désirait l'entraîner sur la piste de danse de gré ou de force.

- Désolée, hein, s'excusa Margaux après de la fille. T'es canon mais il est pas disponible là.

La seconde partie l'emporta et elle saisit la maind'Hugo. La musique vrilla les oreilles des deux jeunes dès qu'ils entrèrentdans le cercle à nouveau. Les baffles battaient comme leurs cœurs, au son dudernier tube de Martin Solveig. Finalement, Margaux ne prit pas la peine dedanser. Elle plaça ses bras autour du cou d'Hugo et posa ses lèvres sur lessiennes. Ravi, Hugo glissa ses doigts dans le dos de la belle blonde etrépondit à son baiser de la meilleure des manières. Le cœur de Margaux semblaitprêt à exploser de bonheur même si elle ne savait pour quelle raison. Caressantla peau douce de sa nuque, elle frissonnait de plaisir dans ses bras musclés.     

Embrassez qui vous voudrezOù les histoires vivent. Découvrez maintenant